Cette décision est « la conséquence de la mise en œuvre » de mesures telles que le prélèvement à la source ou la suppression de petites taxes, a expliqué le ministère.
Le Monde avec AFPPublié hier à 21h55, mis à jour à 08h50
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Le ministère de l’action et des comptes publics devrait connaître une « baisse totale » de ses effectifs « d’environ 5 800 emplois sur les trois années entre 2020 et 2022 », a annoncé, mardi 3 septembre, le ministre Gérald Darmanin aux cinq organisations syndicales concernées. La décision est « la conséquence de la mise en œuvre » de « transformations d’ampleur visant à simplifier la vie des Français », telles que le prélèvement à la source ou la suppression de petites taxes, a expliqué le ministère dans un communiqué, après une réunion avec les cinq syndicats représentatifs du ministère, à savoir Solidaires, la CGT, Force ouvrière, la CFDT-CFTC et l’UNSA – CFE-CGC.
Ce ministère, autrefois connu sous le nom de ministère du budget, constitue le cœur de Bercy, avec autorité sur la Direction du budget mais aussi sur la Direction générale des finances publiques, celle des douanes et droits indirects, des achats de l’Etat, les services du contrôle budgétaire, la lutte contre la fraude, contre la fraude financière (Tracfin), l’Agence pour l’informatique financière de l’Etat ainsi que le Centre interministériel de services informatiques relatifs aux ressources humaines. « Au total, sur la durée du quinquennat, le ministère réalisera donc une baisse de 10 000 emplois environ », précise Bercy dans son communiqué.
Selon Philippe Grasset, représentant de Force ouvrière, 1 653 suppressions d’emplois sont prévues sur la seule année 2020 : « On nous a annoncé 5 775 suppressions sur trois ans, entre 2020 et 2022, au ministère de Gérald Darmanin, dont 1 653 en 2020 », a-t-il déclaré. « C’est encore trop et nous continuerons la mobilisation », a-t-il ajouté, évoquant la grève prévue le 16 septembre, à l’appel de son syndicat, de Solidaires, de la CGT, de la CFDT et de la CFTC à la Direction générale des finances publiques (DGFip).
Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe. ÉRIC NUNÈS / « Le Monde »
« Remarquable. » Tel est l’adjectif choisi par la Cour des comptes dans un rapport publié en février 2019 pour qualifier l’efficacité du service militaire adapté (SMA) dans sa mission d’insertion des jeunes ultramarins en difficulté. L’appréciation est plutôt rare sous la plume des magistrats de la Rue Cambon, alors même que les difficultés rencontrées par ce dispositif s’accentuent. Et que les objectifs chiffrés donnés aux régiments du service militaire adapté (RSMA) peuvent être un facteur de dégradation des services rendus.
Créé en 1961, le service militaire adapté encadre les jeunes de 18 à 25 ans les plus éloignés de l’emploi dans les départements et territoires d’outre-mer. Il compte également un régiment à Périgueux, en métropole. Le projet consiste à raccrocher les décrocheurs, les sans-diplôme, et ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi. Le SMA leur propose – et impose – un cadre militaire afin de les former aux règles du vivre ensemble, puis une formation professionnelle répondant aux besoins économiques locaux pour leur mettre le pied à l’étrier d’un emploi ou d’une formation diplômante.
En 2009, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, fixe pour objectif de doubler le nombre de volontaires grâce au plan « SMA 6 000 ». A l’époque, le taux d’insertion des jeunes ultramarins passés par le dispositif est de près de 80 %. Une prouesse au regard des profils difficiles des jeunes hommes et femmes qui font le choix de ce cursus. L’exigence présidentielle s’accompagne d’un budget en hausse. Les ressources de l’Etat affectées aux RSMA (qui est sous tutelle de ministère de l’outre-mer) passent de 114 millions à 200 millions en 2017, l’année ou l’objectif de 6 000 est réalisé.
Mais pour financer cette croissance, la durée des stages a été réduite – une réduction comprise entre six mois et une année, selon les formations. Ainsi en 2016, sur le total de 4 685 volontaires stagiaires, 1 022 ont suivi un cursus court. « Or, le taux d’insertion dans l’emploi de ces derniers, six mois après la fin de leur cursus, est en moyenne plus faible », souligne la Cour des comptes. Ce fait est également noté par la société Edater, spécialiste du développement territorial et de l’évaluation des politiques publiques, qui dans une étude remise en janvier 2019, que Le Monde s’est procuré, constate que « certains acteurs ou volontaires rencontrés expriment un sentiment de dégradation de la qualité des accompagnements, qu’ils associent à l’augmentation de jeunes accueillis ».
Les régiments sont également soumis à « des objectifs de recrutement » qui mobilisent des moyens et de l’énergie qui pourraient être affectés à de la formation, mission initiale des RSMA. « Nombre de jeunes se présentent avec un cumul de freins et un projet professionnel faible, voire absent, l’accompagnement des volontaires devient plus important, plus technique et plus complexe que par le passé », soulignent les auteurs du rapport Edater.
Enfin, le vivier de volontaires est le même que celui d’autres organismes locaux, ce qui complique le recrutement. A titre d’exemple, en Guadeloupe, cinq opérateurs proposent aux jeunes un accompagnement du même type ou assez proche : le RSMA, les missions locales, les écoles de la deuxième chance, la région et Pôle emploi. L’ensemble des dispositifs ne se coordonnent pas, « les partenariats de fond et les réunions de travail qui permettaient de partager les diagnostics ont disparu au bénéfice de la course au chiffre », note Edater. « Il y a un défaut de compétence aux Antilles », relève un officier supérieur en direction des collectivités territoriales locales.
Pour que les RSMA puissent continuer à accomplir leur mission – raccrocher les jeunes les plus fragiles –, Edater conseille de maintenir les effectifs, de revenir sur la politique comptable lancée en 2009 et de rationaliser la politique d’insertion au niveau local avec l’ensemble des partenaires, comme l’a également fait la Cour des comptes dans les recommandations de son rapport de février 2019.
Dimanche 31 octobre 2010, un avion de la compagnie française Aigle Azur à l’aéroport international de Bagdad. AFP/AHMAD AL-RUBAYE
La compagnie aérienne française Aigle Azur, spécialiste des liaisons vers l’Algérie, s’est déclarée en cessation de paiement, lundi 2 septembre, et a été placée en redressement judiciaire ; elle espère trouver des repreneurs.
« La compagnie Aigle Azur a été placée ce jour en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Evry », indique un communiqué de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) transmis lundi soir, soulignant « les difficultés de trésorerie rencontrées par la compagnie depuis plusieurs mois ». « L’État est mobilisé pour accompagner la recherche de la meilleure solution possible pour préserver l’emploi et assurer la continuité de l’activité économique », assure la DGAC.
Plus tôt dans la journée, les membres du comité d’entreprise qui s’étaient réunis au siège, près de l’aéroport d’Orly, avaient indiqué qu’Aigle Azur était « en cessation de paiement suite à plusieurs années d’errance liées à de nombreuses décisions stratégiques inadaptées ». « Il est probable que la date limite de dépôt des offres soit fixée autour du 15 septembre 2019 », avaient-ils ajouté, déplorant que « ce dépôt de bilan arrive tardivement […] et [qu’il allait] limiter la recherche de repreneurs ». « Plusieurs repreneurs potentiels » ont cependant exprimé un intérêt, selon eux. Parmi ceux-ci se trouvent l’un des actionnaires, Gérard Houa, Air France, ou encore Lionel Guérin, ancien directeur général délégué d’Air France, selon des sources syndicales.
« Nouveau management »
La crise actuelle au sein de l’entreprise de 1 150 salariés a éclaté au grand jour le 26 août, quand Gérard Houa a évincé le patron Frantz Yvelin en disant sa volonté de mettre fin aux « errements stratégiques des deux dernières années ». Deux jours plus tard, nouveau coup de théâtre : une administratrice provisoire, Hélène Bourbouloux, a été désignée à la tête de l’entreprise et installée en présence des forces de l’ordre, tandis que M. Yvelin était rétabli dans ses fonctions.
Dans un entretien au Journal du dimanche, M. Houa, qui contrôle 19 % d’Aigle Azur par l’intermédiaire de sa société Lu Azur, est revenu à la charge et a assuré qu’il était soutenu dans sa démarche par les deux autres actionnaires, le groupe chinois HNA et l’homme d’affaires américain David Neeleman. Réitérant sa proposition d’investir 15 millions d’euros pour renflouer l’entreprise, il l’a assortie de la condition de mettre en place « un nouveau management ».
Pourtant, dans un courrier électronique, M. Neeleman s’était désolidarisé de l’initiative et avait affirmé que HNA « n’avait pas connaissance au préalable de l’action de Gérard [Houa] et désapprouve ce qu’il a tenté de faire ».
« L’ensemble des actionnaires a toujours dit, depuis des mois, qu’ils soutiendront celui ou celle qui pourra apporter de l’argent. J’ai moi-même toujours affirmé que je signerais ma démission sans la moindre condition si je suis un problème », a répondu Frantz Yvelin.
« L’entreprise a enchaîné les mauvaises décisions »
« Les syndicats réclamaient également ce changement, car ils redoutaient que l’ancien président ne place l’entreprise en redressement judiciaire. Le CE et les salariés me soutiennent à 100 % », selon M. Houa. « Si j’injecte ces 15 millions sous forme d’augmentation de capital, j’achèterai dans la foulée les actions de David Neeleman, et les actions de HNA ne représenteront plus qu’une petite part de l’ensemble », a-t-il expliqué au JDD. Pour lui, depuis deux ans que M. Yvelin est à sa tête, « l’entreprise a enchaîné les mauvaises décisions », avec notamment le lancement de lignes européennes, qui « représentent à elles seules une perte de 27 millions d’euros ».
« Aucune décision stratégique, ouverture de ligne ou achat d’avion, ne peut se faire chez Aigle Azur sans l’aval du comité exécutif, dont M. Houa est membre. Il a été, en tant qu’actionnaire, au cœur de la stratégie de la compagnie », s’est défendu pour sa part M. Yvelin, invitant M. Houa à « montrer l’argent et son plan ».
Vive inquiétude des salariés
Du côté des salariés, l’inquiétude grandit. Dans deux communiqués distincts, le SNPNC-FO et l’UNSA les ont appelés à se réunir à 9 heures lundi devant le siège de la compagnie. Selon FO, « 1 150 emplois » seraient « menacés » en cas d’ouverture d’une telle procédure. Cela « impliquera nécessairement une restructuration drastique », s’inquiète de son côté l’UNSA.
Le redressement judiciaire, qui doit être accepté par la justice, gèle le passif existant à l’ouverture de la procédure, pendant une période d’observation qui peut durer jusqu’à dix-huit mois. Elle doit permettre à l’entreprise de présenter un plan de continuation de ses activités avec un réaménagement de son endettement.
Aigle Azur, fondée en 1946 et dont les liaisons avec l’Algérie représentent 50 % à 60 % de l’activité, emploie 350 de ses salariés en Algérie. Elle dispose d’une flotte de 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2018, mais « perd de l’argent depuis 2012 », selon M. Yvelin, qui avait annoncé à l’Agence France-Presse à la mi-août vouloir céder ses dessertes au Portugal pour assurer la survie de l’entreprise à moyen terme.
A Angers, le Casino de La Roseraie fonctionne le dimanche après-midi avec trois « animatrices », employées par un prestataire, chargées de « fluidifier » le passage aux caisses automatiques.
Devant le magasin Casino de La Roseraie, à Angers, dimanche 1er septembre. Y T D / Le Monde
« Attention, Madame, à partir de 12 h 30, l’alcool ne passe plus à la caisse. » L’agent de sécurité déroule le cordon rouge devant le rayon, qui restera inaccessible tout l’après-midi. Dolorès (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), sexagénaire, presse son mari qui hésite devant les bouteilles d’apéritif. Pour éviter les débordements du premier dimanche d’ouverture de l’hypermarché Casino d’Angers, le 25 août, la direction du magasin a recruté un bataillon de 25 vigiles. A l’extérieur, la police a déployé autant de fonctionnaires pour décourager les fauteurs de troubles. Ce dimanche 1er septembre, ils ne sont qu’une vingtaine à s’être donné rendez-vous devant les portes du magasin. Des « gilets jaunes », essentiellement. Contrairement au dimanche précédent, les syndicats ont déserté la place.
« C’est assez angoissant, déclare Dolorès, en passant devant deux colosses en costume noir. Je trouve super bien que cela soit ouvert le dimanche après-midi, moi je suis pour. Après tout, c’est le choix de chacun. C’est ça, le nouveau monde. »
Depuis le 25 août, Géant Casino a élargi la brèche ouverte dans 83 de ses supermarchés en janvier. Avec ses 5 200 m2, l’hyper de la Roseraie, à Angers, est à peine plus grand. On peut désormais y faire ses courses sept jours sur sept, dimanche après-midi compris, jusqu’à 21 heures.
La loi interdit pourtant aux grandes surfaces d’employer du personnel après 13 heures le dimanche, excepté en zone touristique. Pour en arriver là, la direction a dû la contourner. A 12 h 30, les caissières stoppent leur tapis et rentrent chez elles. Elles sont remplacées par trois « animatrices », employées par une société prestataire, qui sont chargées de « fluidifier » le passage des clients aux caisses automatiques.
Malgré le chahut constaté le 25 août, avec des consommateurs conspués par les manifestants, des paniers remplis et abandonnés dans les allées, des marchandises jetées à terre, la direction de Casino ne baisse pas les bras, bien au contraire. Dans un contexte difficile pour la grande distribution, l’ouverture du dimanche après-midi est stratégique. Le 25 août, environ 500 clients ont été comptabilisés l’après-midi, contre 1 100 entre 9 heures et 12 h 30. L’ouverture du dimanche matin, décrétée en avril 2018, représente déjà 5 % du chiffre d’affaires hebdomadaire.
Deux experts des questions de dépendance, Thierry Calvat et Edouard de Hennezel, appellent dans une tribune au « Monde » à considérer les personnes chargées d’un proche dépendant comme des acteurs d’un nouveau type de lien social plutôt que comme des victimes.
Publié aujourd’hui à 06h00Temps de Lecture 4 min.
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« 8,3 millions de nos concitoyens accompagnent au quotidien un proche fragilisé par l’âge, la maladie ou le handicap. » Odilon Dimier/PhotoAlto / Photononstop
Tribune. A l’approche de la réforme sur la dépendance, le gouvernement se penche sur la situation des aidants familiaux, ces 8,3 millions de nos concitoyens qui accompagnent au quotidien un proche fragilisé par l’âge, la maladie ou le handicap. Attention toutefois à ce que les approches publiques et les revendications exprimées ici et là – statut, droits nouveaux… – ne concourent pas à les envisager comme des corps exclusivement souffrants ou victimisés.
En effet, outre la mise en place de solutions possiblement inadaptées, cela empêcherait de tirer parti du formidable potentiel d’inspiration et de modernité qu’ils représentent au moment où notre société connaît des bouleversements profonds.
Les aidants constituent une famille structurée autour d’une communauté de gestes – soutenir, accompagner… – mais non de destin. Selon que l’on est aidant principal ou secondaire, enfant, conjoint ou parent, aidant permanent ou ponctuel, la singularité de la relation amène à des perceptions et des vécus différents qui rendent caduque l’idée de les rassembler en une seule main.
Choix et non situation subie
En France, les aidants principaux ou esseulés représentent ainsi une petite moitié de la population totale concernée, selon les statistiques du ministère des affaires sociales. Quand on sait que la situation est vécue comme toxique par seulement un tiers d’entre eux (Panel national des aidants BVA Novartis, 2010), alors qu’elle est porteuse d’opportunités nouvelles pour une fraction équivalente, on mesure toute l’illusion de ne pas vouloir établir de différenciation.
A l’heure où chacun, dans notre société, aspire à être davantage reconnu, considérer tous les aidants de façon uniforme ne sert ni les uns – fragilisés – ni les autres – possiblement culpabilisés – et surtout, pourrait conduire à des politiques publiques insatisfaisantes pour tous.
Traditionnellement, on représente l’aide comme une situation subie, alors que pour plus de 90 % des aidants, il s’agit d’un choix, voire d’une fragilité consentie (Panel national des aidants BVA Novartis 2010). Aider procède ainsi d’une démarche éthique échappant à la morale. Les chemins que l’aide emprunte sont variés et parfois inattendus, mais tous placent la liberté avant le devoir.
Médiation de proximité
En cela, les aidants sont révélateurs d’une profonde mutation de l’opinion, qui trouve, entre autres, sa traduction dans de nouvelles formes d’engagement citoyen souvent éloignées du classique bénévolat. Dans ce contexte, légiférer – et donc rigidifier – est sans doute une fausse bonne idée. La formalisation d’un statut encadré – voire rémunéré – ferait par exemple courir aux femmes – généralement au premier rang de l’aide – un risque d’assignation à résidence.
Les formalités de paiement ont été facilitées pour les particuliers qui emploient un salarié pour se faire aider. Un service opportun avant la mise en œuvre du prélèvement à la source le 1er janvier 2020.
Par Pauline JanicotPublié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 08h19
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A la rentrée scolaire, de nombreux parents recherchent la perle rare pour récupérer leurs enfants à l’école ou les aider à faire leurs devoirs. Environ 3,4 millions de particuliers emploient en direct un salarié à domicile pour se faire aider. Tyler D. Rickenbach/Aurora / Photononstop
A la rentrée scolaire, de nombreux parents recherchent la perle rare pour récupérer leurs enfants à l’école ou les aider à faire leurs devoirs. Environ 3,4 millions de particuliers emploient en direct un salarié à domicile pour se faire aider. Parmi eux, 2 millions ont recours au chèque emploi-service universel (Cesu).
Ce dispositif permet de déclarer les heures effectuées par le salarié dans le cadre de certaines activités comme le ménage, le soutien scolaire, la garde d’enfant ou d’une personne âgée, les petits travaux ou le jardinage.
Depuis fin juin, les formalités de paiement ont encore été simplifiées pour les particuliers. Le service Cesu + calcule les cotisations et, c’est nouveau, prélève le salaire sur le compte bancaire de l’employeur pour le verser directement au salarié dans les trois jours. Plus besoin donc de faire un chèque ou un virement, il suffit de communiquer les heures réalisées par le salarié, et le Cesu se charge du reste.
Il faut néanmoins être rigoureux : l’employeur doit faire sa déclaration entre le 25 et le 5 du mois suivant pour que le salarié puisse être rémunéré en temps et en heure. « Cet outil est gratuit et facultatif. Il permet de simplifier la tâche du particulier employeur et de payer le salarié dans des délais raccourcis », précise Adrien Gauthier, responsable communication du Cesu. Pour l’activer, salarié et employeur doivent donner leur accord (attestation en ligne à signer) et fournir leurs coordonnées bancaires.
Mise en place du prélèvement à la source dès janvier prochain
Un service identique est proposé depuis mai dans le cadre de Pajemploi, qui concerne cette fois-ci les parents employant une assistante maternelle ou une garde à domicile pour leur enfant de moins de 6 ans. Le complément du libre choix de mode de garde (CMG), qui couvre une partie du salaire, est désormais versé par Pajemploi et non plus par les Caisses d’allocations familiales (CAF).
Cette aide mensuelle, oscillant entre 82 et 468 euros, est attribuée sous condition de ressources et du nombre d’enfant(s) dans le foyer. Son versement est réalisé deux jours après la déclaration (contre quinze jours auparavant), en même temps que le prélèvement des charges. « En tant qu’employeur, il faut déclarer les heures effectuées, puis l’administration prélève sur votre compte ce que vous devez au salarié, déduction faite de l’aide à laquelle vous avez droit », précise Adrien Gauthier.
Mais ce service « tout en un », sera encore plus optimal dès le 1er janvier 2020, lorsque le prélèvement à la source entrera en vigueur pour les salariés des particuliers. Ce dernier a, en effet, été décalé d’un an pour éviter des calculs compliqués aux particuliers. « L’Urssaf se chargera de récupérer l’impôt à prélever sur la rémunération du salarié pour le reverser au Trésor public », précise Adrien Gauthier. Ceux qui n’adhèrent pas à ce service devront verser à leur salarié le montant net après retenue à la source communiqué par l’Urssaf.
Les entreprises de 250 à 1 000 salariés doivent avoir publié leur index d’égalité femmes-hommes le 1er septembre au plus tard. Environ 6 000 de ces entreprises de taille intermédiaires sont concernées. Un outil salué unanimement par les DRH interrogés, malgré quelques blocages.
« Pour favoriser la parité professionnelle impulsée par le ministère du travail, cet outil [l’index égalité femmes-hommes] doit permettre aux entreprises de mesurer les écarts de rémunérations, d’augmentations et de promotions entre les salariés des deux sexes à travers un système de points. » Eva Bee/Ikon Images / Photononstop
« J’ai reçu un e-mail à ce sujet hier : on ne savait pas où le publier sur le site Internet ! », déclare en riant Laurence Dubois, la directrice des ressources humaines de Prodware France. Cette Entreprise de taille intermédiaire (ETI) spécialisée dans les solutions logicielles, qui compte un peu plus de 500 salariés sur le sol français – dont un tiers de femmes – fait partie des entreprises tenues de publier leur index de l’égalité professionnelle au plus tard le 1er septembre.
Au cœur du dispositif pour favoriser la parité professionnelle impulsée par le ministère du travail, cet outil doit permettre aux entreprises de mesurer les écarts de rémunérations, d’augmentations et de promotions entre les salariés des deux sexes à travers un système de points. Les employeurs doivent communiquer le résultat à l’inspection du travail et publier le score global sur le site Internet de l’entreprise.
Après les entreprises de plus de 1 000 salariés, qui avaient jusqu’au 1er mars pour publier ces données, c’est au tour des entreprises de 250 à 1 000 salariés d’être concernées par cette obligation. Si les grandes entreprises ont eu quelques mauvaises surprises au vu de leurs résultats, en mars, notamment dans la fonction publique, pour Prodware, ce n’est pas vraiment une source d’inquiétude : « après calcul, on obtient le score de 88 points sur 100 », revendique fièrement sa DRH.
Un « bon outil » pour mesurer les inégalités entre hommes et femmes
Trois jours avant l’échéance, le service de presse du ministère du travail a déclaré ne pas avoir encore de chiffres à communiquer. Le Mouvement des ETI, le principal syndicat d’entreprises de taille intermédiaire, n’en dit guère plus. « Les entreprises sont en train de mettre en œuvre cet index », nous affirme-t-on, sans plus de précisions.
En nous basant sur un échantillon aléatoire de 25 ETI aux effectifs compris entre 250 et 1 000 salariés, nous avons constaté que seules six avaient publié leur index sur le site le 28 août – toutes avec de bons scores. En mars, pour les grandes entreprises, ce sont également les meilleurs scores qui avaient été publiés en premier. Les prochains jours diront si les retours de vacances sont à incriminer au retard de publication, ou bien s’il s’agit d’une réelle méconnaissance de la loi par les entreprises concernées.
En attendant, le Mouvement des ETI salue la mise en place de cet index, comme un « bon outil » pour mesurer les inégalités professionnelles entre hommes et femmes. Un qualificatif souvent utilisé par les DRH interrogés, même ceux qui ont du mal à respecter tous les critères. Le Mouvement des ETI souligne toutefois que la mise en place de l’index constitue une « charge supplémentaire » pour les entreprises.
L’année dernière, un patient ivre a attrapé à la gorge Florian Brunet. « Ça a duré deux secondes, mais ça fait un choc », raconte l’infirmier de 24 ans, devenu représentant du collectif Inter-Urgences dans le Grand-Est pour pouvoir « agir sur les conditions de travail de son service ». Depuis deux ans, ce jeune délégué Force ouvrière (FO) travaille aux urgences de l’hôpital de Hautepierre, qui compte plus de 800 lits, à Strasbourg.
Aux abords de l’immense bâtiment, ni banderole ni affiche ne rappellent le mouvement massif de grève qui touche les services d’accueil des urgences en France depuis le mois de mars. Les syndicats ont en effet signé avec la direction le 10 juillet un protocole d’accord prévoyant notamment « le recrutement de 150 soignants sur l’ensemble de l’établissement » et la « poursuite de l’ouverture de 40 lits de médecine ».
Mais une partie du personnel s’inquiète pour sa sécurité et un nouveaupréavis de grève a été déposé par Force ouvrière, à la suite d’un grave incident provoqué par un jeune aux urgences de Hautepierre, le 23 août. Amené par les pompiers, il mord « deux médecins », « crache du sang au visage d’une infirmière » et s’en prend à plusieurs autres soignants, raconte Christian Prudhomme. Secrétaire général de FO aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), il précise que plusieurs plaintes ont été déposées. Le cas est « lié à la prise en charge d’un patient présentant une pathologie », souligne néanmoins Christophe Gautier, le directeur général des CHU de Strasbourg.
Plusieurs mesures ont été annoncées depuis, dont l’extension des horaires des vigiles qui veillaient jusqu’alors de 20 heures à minuit sur les urgences. Ils devraient désormais être présents en permanence pour « un coût de 600 000 euros sur un an », précise M. Gautier – les dépenses des HUS ayant représenté un peu plus d’1 milliard d’euros en 2018.
Prime de feu, lutte contre la « sursollicitation » et les violences, les revendications des pompiers n’ont pas changé depuis le début du mouvement le 26 juin.
La grève des sapeurs-pompiers entamée le 26 juin devait s’achever samedi 31 août, elle se poursuivra jusqu’au 31 octobre. Les sept syndicats (sur neuf) à l’origine du mouvement ont fait savoir, par un courrier adressé le 20 août au ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, et publié mercredi 28 août, qu’il était reconduit pour au moins deux mois, regrettant un « déni de dialogue » de la part du ministre de l’intérieur. Une manifestation nationale pourrait avoir lieu à l’automne, mais aucune date n’a encore été fixée.
Les pompiers étant tenus d’assurer un service minimum, la contestation s’est jusqu’à présent matérialisée par des inscriptions sur les casernes et les véhicules ou le port de brassards lors des interventions, et n’a pas affecté les opérations de secours. Le mouvement a été suivi par 90 services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) sur 100, selon les syndicats. Christophe Castaner, lui, a évoqué le chiffre de « 5 % » de grévistes parmi les 40 500 pompiers professionnels de France.
Les revendications n’ont pas changé au cours de l’été : elles concernent essentiellement le plan opérationnel – la lutte contre la « sursollicitation » –, le plan salarial – une revalorisation de la prime de feu à hauteur des autres métiers à risques (28 %, contre 19 % aujourd’hui) – et le plan sécuritaire, alors que 120 faits de violences contre les pompiers sont recensés chaque mois, selon Beauvau.
Sur ce dernier point, Christophe Castaner a annoncé, le 23 juillet, devant l’Assemblée nationale, que les pompiers pourraient, dès le mois de septembre, être équipés de caméras-piétons, comme c’est déjà parfois le cas au sein de la police. L’initiative divise : « Ça vaut le coup de faire un test », selon Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des SDIS, et représentant de l’Assemblée des départements de France (ADF), lesquels paient les salaires des pompiers.
« Cette histoire de caméras, c’est un leurre, s’agace pour sa part André Goretti, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels (FA/SPP), premier syndicat du métier. On n’est pas là pour fliquer. Dans certains endroits, la caméra risque d’être plus contraignante qu’autre chose et d’énerver les citoyens. » Pour Sébastien Delavoux (CGT), « c’est un vrai thème, mais ce n’est pas le thème central ».
« Ne plus sortir pour n’importe quoi »
Sur les autres points, Christophe Castaner renvoie les pompiers vers les départements et les communes, au motif que ce sont eux qui les financent. « S’il n’y avait que la question salariale, c’est effectivement nous qui serions à la manœuvre, mais il ne s’agit pas que de ça, rappelle Olivier Richefou. L’une des clés pour sortir de la situation, c’est de faire en sorte que les pompiers interviennent pour de justes motifs, et non pour des motifs étrangers à ce pour quoi ils se sont engagés. La demande principale, c’est de ne plus sortir pour n’importe quoi. »
« On a perdu en effectifs et on a gagné en nombre d’interventions, résume Sébastien Delavoux. On manque de bras. » Les pompiers plaident pour une meilleure articulation avec le SAMU, les ambulanciers, les policiers et les gendarmes, afin de réduire le nombre d’interventions. « La désorganisation actuelle est préjudiciable au bon fonctionnement des secours en France », regrette Olivier Richefou, qui appelle les ministères de l’intérieur et de la santé à travailler sur la mise en place d’un numéro unique, le 112 : « Nous sommes l’un des seuls pays d’Europe à ne pas l’avoir. Il est temps que ces décisions soient prises. »
En attendant, « les sapeurs-pompiers sont très remontés par l’absence de dialogue avec le ministère de l’intérieur, déplore André Goretti. Il n’y a eu aucune rencontre malgré nos demandes. » Même sentiment chez Sébastien Delavoux : « Castaner traite cette grève comme un non-événement. » Le ministre sera très attendu lors du congrès annuel des sapeurs-pompiers de France, à Vannes, du 18 au 21 septembre.
Le nombre de services en grève a doublé au cours de l’été. Le collectif Inter-Urgences estime que le seuil de 240 services mobilisés pourrait être atteint lundi.
Par François BéguinPublié aujourd’hui à 01h41, mis à jour à 11h48
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Manifestation d’urgentistes devant la mairie de Lille, le 27 août. PHILIPPE HUGUEN / AFP
Si la ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait misé sur un étiolement du mouvement de grève dans les services d’accueil des urgences (SAU) au cours de l’été, le pari est perdu. Ni la nouvelle « prime forfaitaire de risque » mensuelle de 100 euros net accordée en juin ni les aides exceptionnelles pour les établissements les plus en difficulté n’auront suffi à mettre un terme à l’un des plus importants conflits sociaux à l’hôpital public depuis des années.
Des sorties de crise ont certes été enregistrées dans quelques établissements ces dernières semaines, 28 selon le ministère, dont sept de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), où la protestation a démarré en mars. Mais ces situations ne reflètent pas la tendance générale. Le collectif Inter-Urgences estime ainsi que le seuil de 240 services en grève pourrait être atteint lundi 2 septembre, puis celui de 250 à la fin de semaine, ce qui représenterait plus de la moitié des 474 urgences publiques. « La traversée de l’été, c’était la traversée du désert, on risquait d’y laisser des plumes, mais on se retrouve fin août deux fois plus nombreux qu’en juin », se félicite Hugo Huon, infirmier aux urgences parisiennes de Lariboisière et président du collectif.
Au ministère de la santé, on affiche depuis mi-août le chiffre de 195 SAU en grève et on promet un nouveau chiffrage dans les prochains jours. « C’est un mouvement relativement stable, sans aggravation ni décélération majeure », estime-t-on avenue de Ségur, en relevant qu’il n’y a pas eu pendant l’été de « situation inextricable où un service se serait trouvé vraiment bloqué ».
« En sous-effectif permanent avec mise en danger du patient »
Parmi les principales motivations des infirmiers et aides-soignants qui ont rejoint la protestation au cours de l’été, le manque d’effectifs et le manque de lits d’hospitalisation en nombre suffisant pour faire face à une hausse régulière du nombre de passages. Après un premier mouvement en janvier-février, interrompu pour cause d’« épuisement général », l’équipe de nuit des urgences de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) s’est ainsi remise en grève en juillet. « On ne nous laisse pas le choix », estime Katell Dubois, 46 ans, infirmière de nuit depuis vingt ans. « Cet été a été catastrophique, on a eu jusqu’à trente patients sur des brancards dans le couloir à 5 heures du matin, je n’avais jamais vu ça », dit-elle, déplorant « un nombre de personnels qui ne correspond plus à l’activité… »