Le gouvernement et la majorité désirent définir le cadre juridique pour ces personnes dans le cadre du projet de loi d’administration des mobilités.
Établis dans un style de no man’s land juridique, les salariées des plates-formes numériques sont peut-être sur le point d’en sortir. Le gouvernement et des députés macronistes aboutissent, en effet, leur réflexion sur ce dossier crucial, puisqu’il touche notre modèle social, très amplement structuré autour du salariat. L’objectif est double : attendrir l’activité des entreprises et étoffer les droits des individus qu’elles embauchent. Des agencements devraient être pris dans le projet de loi d’orientation des mobilités, maintenant en cours d’examen au Parlement.
Depuis certaines années, on vie dans l’émergence d’une nouvelle catégorie d’actifs, payés à la tâche par des plates-formes numériques (comme Uber ou Deliveroo) en contrepartie d’un service soutenu à un consommateur. Qu’ils soient livreurs à vélo ou chauffeurs, fastueusement de ces travailleurs « ubérisés » relèvent du régime du microentrepreneur, pour lequel il existe une « présomption de non-salariat » : différemment dit, ils sont considérés comme des indépendants et ne bénéficient pas de la couverture sociale agréé à un travailleur « ordinaire ». De son côté, la plate-forme qui met en relation « son » salarié avec un client est soumise à des prélèvements moins lourds qu’une société dont la main-d’œuvre est salariée.
Ces changements encaissent l’inquiétude, surtout parmi les syndicats, qui y voient un détricotage insidieux du code du travail. Elles ouvrent aussi sur des contentieux, à l’initiative – en particulier – de ces « ubérisés » : ils sont, en effet, quelques-uns à avoir sollicité à la justice de requalifier en contrat de travail leur relation avec les plates-formes. La quasi-totalité d’entre eux ont d’abord été déboutés. Mais deux conclusions récentes, de la Cour de cassation et de la cour d’appel de Paris, leur ont donné gain de cause, ébranlant, du même coup, les grandes enseignes – Uber et consorts : celles-ci ont peur, dorénavant, que leur modèle économique soit déstabilisé.
Faire une charte
C’est donc dans cette disposition que le gouvernement et des élus LRM ont déclenché une entente sur le sujet. Une démarche similaire avait été engagée en 2018 : elle avait débouché sur l’adoption d’un amendement à la loi « avenir professionnel », soutenu par Aurélien Taché, député La République en marche (LRM) du Val-d’Oise. Invalidé par le Conseil constitutionnel, la modification en question a été réintroduite, sous une forme réécrite, dans le projet de loi d’orientation des mobilités. Il donne la possibilité aux plates-formes d’établir une « charte » sur leur « responsabilité sociale », dans laquelle sont définis leurs « droits et obligations » ainsi que ceux des « ubérisés » utilisés par elles.
Ex-cadre supérieur d’une grande société digital, Fabrice Haccoun défend, pour un accès augmenté des travailleurs au capital des sociétés et une politique de contribution aux conclusions plus généreuse, que l’Etat pourrait conduire d’encouragements fiscaux.
Notre économie est maintenant essentiellement tertiaire, c’est-à-dire concertée des sociétés de services. Même les grands groupes industriels désirent devenir des prestataires de services et offrent une palette d’apports associées à leurs produits. Parfois, le produit devient même un prétexte admettant de vendre des services.
Il y a plusieurs années déjà que certains fabricants automobiles sont devenus, via leurs banques captives, des sociétés de services et d’ingénierie financière. On n’achète plus un véhicule mais on achète une solution de mobilité saisissant le financement, l’entretien, l’assurance, le véhicule de changement, etc. Même Airbus Helicopters s’y met en vendant du temps de vol et de la haute disponibilité plutôt que des machines.
Et pourtant, nous poursuivons à apposer les modèles de répartition de la valeur hérités de la révolution industrielle. Pour une bonne compréhension, rappelons que, dans l’économie de marché dite capitaliste, la valeur générée par la société se répartit en quatre postes principaux : la rétribution du capital, celle du travail, l’investissement et les taxes. La viabilité de notre modèle économique tient sur le bon emplacement du curseur entre ces quatre postes.
Sur rémunération du capital par rapport au travail
Dans l’industrie gourmande en capital et utilisant surtout de la main-d’œuvre faiblement à moyennement qualifiée, il est commun que l’essentiel de la valeur créée aille à la rémunération du capital, donc du risque et à l’investissement. Il faut malgré cela revoir la manière dont on positionne le curseur de répartition entre capital, travail, investissement et taxes. Il y a, selon moi, surrémunération du capital par rapport au travail, alors que c’est une activité qui réclame peu d’investissement et emploie des ressources qualifiées. Si on ajoute à cela un poids croissant des taxes pour financer des services publics dont l’efficacité est perçue comme étant globalement en recul, on parachève de déséquilibrer l’équation aux yeux de ceux qui produisent.
Pour sortir de cette ornière, il faut que chacun joue son rôle. La société de demain sera donc « sociale », car le modèle de distribution de la valeur tiendra compte de ce récent exemple. Je prône un accès accru des travailleurs au capital des entreprises et une politique de participation aux résultats plus généreuse que l’Etat pourrait d’ailleurs conduire d’incitations fiscales. Outre les aspects liés à la rétribution, ces sociétés doivent investir beaucoup plus dans la formation continue, gage d’employabilité pour les salariés. C’est une contrepartie logique à la diminution du droit du travail entrepris dernièrement par le politique.
Une partie des acheteurs de Windows 7 avait été spécialement dépossédée lors de l’annonce de Windows 10 : le Media Center était abandonné.
Comme le rappelle Neowin, certains étaient malgré cela arrivé à le faire cheminer sur le nouveau système avec quelques bidouilles. Mais chez Microsoft, la direction saisie était claire : si les clients commandaient un centre multimédia, il fallait passer par la Xbox.
Certains s’enchantent continuellement au vieux composant. À tel point que Charlie Owen, ancien employé de Microsoft, a ouvert un dépôt GitHub pour y démettre le SDK du Media Center.
Nos confrères invoquent, comme on peut s’en deviner, que le SDK en tant que tel ne sert pas nécessairement. Il peut conserver une valeur « éducative » pour apercevoir comment marchait un composant qui fut estimé dans Windows en son temps.
Il est éventuel malgré cela que Microsoft n’estime rarement l’idée et fasse disparaître le dépôt.
Au premier trimestre 2019, les rétributions générées par le Cloud d’ Alphabet, la maison-mère de Google, sont en forte accroissement. Malgré cela, l’accroissement de rétributions générées par la pub est en diminution et la firme de Mountain View n’a pas atteint les attentes des analystes de Wall Street. Le début d’une nouvelle ère pour Alphabet et Google ?
Alphabet, la maison-mère de Google, vient d’enseigner ses rétributions pour le premier trimestre 2019. Le chiffre d’affaires atteint 36,3 milliards de dollars, ce qui indique une augmentation de 17% par rapport au T1 2018. Selon Ruth Porat, le CFO de Google et Alphabet, cette forte augmentation est particulièrement liée aux recherches mobiles, à YouTube, et surtout au Cloud.
Alphabet ne dévoile pas exactement le montant des revenus générés par son Cloud, qui est intégré à la catégorie » autres » aux côtés des produits Google Hardware tels que les smartphones Pixel ou l’enceinte connectée Gogle Home. Malgré cela, on sait que cette catégorie a généré 5,4 milliards de dollars soit 25% de plus que l’année antérieure à la même période.
À titre de comparaison, Microsoft a noté une augmentation des revenus de 76% pour son Cloud Azure, et Amazon une croissance de 41% pour Amazon Web Services. Autant dire que le Cloud a le vent en poupe en ce début de cette année. Rappelons qu’Amazon Web Services est le dirigeant du marché, suivi par Microsoft et loin derrière par Google et IBM.
Alphabet désappointe les analystes de Wall Street : échec ou commencement d’une ère nouvelle ?
Inopportunément, en dépit de cette croissance non dérisoire, Alphabet n’a pas été en mesure de répondre aux attaques des analystes de Wall Street. Ces derniers espéraient un chiffre d’affaires nettement plus élevé de 37,34 milliards de dollars. Par la suite, en fin de journée le lundi 29 avril 2019, l’action Alphabet était en baisse de 7% avec une valeur unitaire de 1 203,20 dollars.
Cet échec en demi-teinte est notamment lié à la baisse de l’accroissement des revenus publicitaires d’Alphabet. Cette activité reste la principale source de revenus de l’entreprise, et a généré à elle seule 30,7 milliards de dollars. Ceci symbolise une hausse de 15% sur un an par rapport au premier trimestre 2018. Bien que, l’an dernier à la même période, le taux de croissance s’élevait à 24% en un an.
Dans ce bilan trimestriel, on peut voir le début d’une nouvelle ère pour Alphabet. Bien que la baisse de l’augmentation de son activité publicitaire, la firme de Mountain View affirme avoir confiance en l’avenir grâce au Cloud. Bin qu’elle soit encore en troisième position sur le marché, la société américaine est résolue à rattraper son retard et à égaler voire dépasser Amazon dans un avenir proche. Par ailleurs, rappelons que Google a dernièrement annoncé son service de Cloud Gaming intitulé » Stadia « qui pourrait rencontrer un succès colossal auprès du grand public.
C’est le jeu de tous les records, le fait culturel de cette fin de décennie : Fortnite Battle Royale, le jeu vidéo qui distrait des centaines de millions de personnes… et « tue à petit feu » ses développeurs, avec ses longues périodes de crunch (comme sont nommés ces moments de surcharge de travail pour des développeurs avant la sortie d’un jeu vidéo).
C’est du moins ce qu’il ressort des déclarations reçus par le site spécialisé Polygon auprès d’une douzaine d’utilisés et d’ex-employés du studio américain Epic Games, qui mobilise environ mille personnes et a sorti Fortnite à la fin de 2017. Si des observateurs vantent les avantages à travailler dans ce studio, et que l’un d’entre eux parle même d’un « employeur idéal », d’autres au contraire lèvent un tableau beaucoup moins idyllique.
« Les gens meurent à petit feu »
Des développeurs, mais aussi des garants de l’assurance qualité ou du service client ont décrit à Polygon le récit d’employés en larmes et de semaines à rallonge. « Nous travaillons de cinquante à soixante heures par semaine, parfois soixante-dix, déclare ainsi un ancien employé au site spécialisé. Si, au bout de huit heures de travail, je me tournais vers mon supérieur pour lui demander si je pouvais partir, il me regardait comme si j’étais stupide. »
« Un jour, des collègues se sont levés, sont sortis, et on ne les a jamais revus. Personne n’en parlait »
Un autre expose avoir connu des cas de personnes œuvrant cent heures certaines semaines. Plusieurs employés et anciens employés assurent également que « prendre un week-end est une grande victoire », et avouent se sentir « coupables » de ne pas aller travailler le samedi. Une autre source de Polygon développe connaître « des gens qui n’ont pas tenu leurs objectifs parce qu’ils ont refusé de travailler le week-end : ils ont été virés ».
D’autres expliquent qu’ils ne sont pas prêts à pareil sacrifice. Un ex-employé témoigne : « J’ai vu des collègues, d’abord patients, s’énerver progressivement à force de travailler autant. Un jour, ils se sont levés, sont sortis, et on ne les a jamais revus. Personne n’en parlait. Si je demandais, “hey, est-ce qu’untel travaille encore ici ?”, on me jetait des regards bizarres. »
« On ne peut pas continuer une année de plus comme ça, il faut que ça change, les gens meurent à petit feu », ajoute un dernier employé.
« Fortnite ». EPIC GAMES
Un succès surprise
Epic Games n’a pas convoité commenter ces affirmations, et répondre à nos questions sur le sujet. Interrogé par Polygon, un représentant de l’entreprise a cependant mesuré ces accusations. S’il ne nie pas que les périodes de surcharge de travail existent, il développe qu’elles demeurent « extrêmement rares » et qu’Epic Games « évite systématiquement qu’elles ne se reproduisent ».
Epic Games explique aussi avoir répandu par deux le nombre d’employés à temps plein sur Fortnite Battle Royale depuis son lancement, tout en confessant que « trouver et embaucher des employés hautement qualifiés » prend du temps. Il n’en reste pas moins que les conditions de travail telles qu’elles sont révoquées font mauvais genre au sein d’un des studios les plus en vue du moment, son fondateur et patron, Tim Sweeney, étant même regardé comme la première fortune de l’industrie du jeu vidéo.
« Un jour, nous n’étions que quelques employés. Le lendemain, on nous a dit : “En fait, vous allez travailler avec une cinquantaine de recrues qui n’ont aucune formation.” »
Cette situation peut pourtant se développer par le succès très soudain de Fortnite, qui a explosé en quelques mois. Des employés développent que le projet est né lui-même dans la précipitation et grâce à de nombreuses heures supplémentaires : développé en urgence en 2017 pour surfer sur le succès de PlayerUnknown’s Battlegrounds, Fornite Battle Royale a su éblouir (et garder) les joueurs grâce à des mises à jour très régulières. Côté développeurs, on se souvient notamment qu’« avant que Fortnite ne devienne populaire, nous avions des mois pour préparer [une mise à jour]. Maintenant, nous n’avons parfois qu’une journée », suivant les témoignages repris par Polygon.
Un employé du service client y développe être « passé de vingt à quarante tickets [plaintes de joueurs] quotidiens à 3 000 ». « C’est arrivé si vite. Un jour, nous n’étions que quelques employés. Le lendemain, on nous a dit : “En fait, sur ce créneau, vous allez travailler avec une cinquantaine de recrues qui n’ont certainement aucune formation” », poursuit-il.
L’entreprise reconnaît aussi n’avoir pas « anticipé le succès de Fortnite », ce qui l’a poussé à mobiliser tous ses employés pour capitaliser sur ce succès surprise. A quel prix ?
« Je n’avais pas de vie »
Une pratique, le crunch, qui est loin d’être l’exception dans l’industrie du jeu vidéo. Dans le sillage des témoignages des employés d’Epic Games, des développeurs des jeux de la série Mortal Kombat (dont le dernier épisode, Mortal Kombat 11, est disponible depuis le 23 avril) sont sortis de leur réserve pour révoquer les conditions de travail au sein du studio NetherRealm.
« Mortal Kombat 9 », sorti en 2011, a aussi abandonné certains de ses développeurs exsangues. NetherRealm
« La période de crunch de Mortal Kombat 9 [sorti en avril 2011] a débuté après le jour de l’An, en 2011, relate James Longstreet, un ex-employé de NetherRealm, sur Twitter. C’était écrit sur les plannings. Ce n’était pas un clin d’œil, genre “on est passionnés, on travaille dur” : c’était explicitement exigé » par l’administration.
« J’ai “crunché” pendant quatre mois d’affilée, à raison de 90 à 100 heures par semaine »
Il traque : « J’ai pris un seul jour de repos entre le 1er janvier et le jour où le premier patch a été approuvé. C’était un dimanche, et c’était mon anniversaire, alors on m’a laissé rester chez moi, à condition de rester joignable. J’ai aussi pu aller au mariage d’un ami un samedi soir, après une journée de huit heures de travail, à condition bien sûr de rester joignable. » D’autres anciens agents et prestataires, comme Rebecca Rothschild ou Becca Hallstedt, ont entre-temps confirmé ses dires sur Twitter. Contacté par Le Monde, Warner Bros, l’éditeur de NetherRealm, n’a pour le moment pas donné suite à nos questions.
« J’ai “crunché” pendant quatre mois d’affilée, à raison de 90 à 100 heures par semaine », a certifié un autre ancien employé de NetherRealm au site spécialisé PC Gamer. Il explique qu’il arrivait tout de même à rentrer chez lui, contrairement à certains collègues qui dormaient sur place. « Je n’avais pas de vie. »
Un débat structurel
En octobre 2018, le directeur créatif du imposant Red Dead Redemption II avait créé un tollé dans l’industrie en s’approuvant dans une interview donnée à Vulture que ses équipes et lui aient « travaillé plusieurs fois cent heures par semaine en 2018 ». Le surlendemain, il faisait machine arrière, développant que ce rythme de travail ne concernait que lui et de son cercle proche de coscénaristes. Les conditions de travail des salariés des studios Riot Games ou Telltale Games ont ausi fait l’objet de vives critiques ces derniers mois.
Take This, une association charitable américaine de sensibilisation à la souffrance psychologique, avait déjà diffusé en 2016 un Livre blanc sur les souffrances liées au crunch. Un thème pareillement abordé par le journaliste américain Jason Schreier dans son livre dans Du sang, des larmes et des pixels, ou encore Mediapart et Canard PC dans une enquête commune sur l’exploitation des employés du secteur. Depuis, un projet de syndicat international des laborieux du jeu vidéo, Game Workers Unite, est né en mars 2018.
Alors que le sud de l’Italie arrive péniblement à créer des emplois, l’Europe de l’Est est appréciée à une carence de main-d’œuvre.
Délicatement, mais certainement, les conséquences de la crise s’abolissent sur le Vieux Continent. En février, le taux de chômage est ainsi chuté à 6,5 % dans l’Union européenne, soit le plus faible taux noté depuis janvier 2000, selon l’office statistique européen. Cette moyenne prometteuse masque cependant de grandes variations entre les Etats membres, et plus encore au sein même des Etats.
Selon Eurostat, le taux de chômage s’espaçait en 2018 de 1,3 % dans la région de Prague à 35,1 % à Mayotte, le record
Les chiffres diffusés lundi 29 avril par Eurostat admettent d’en mesurer l’abondance. En 2018, le taux de chômage a descendu dans huit régions européennes sur dix. Mais, dans le détail, il s’échelonnait encore de 1,3 % dans la région de Prague et 1,5 % dans le sud-ouest de la République tchèque, où il est historiquement bas, à 29 % dans la ville autonome espagnole de Ceuta, et 35,1 % à Mayotte, le record. L’écart est presque aussi montré pour le taux de chômage des moins de 25 ans, qui varie de 4 % dans la Haute-Bavière allemande à 66,1 % à Melilla, en Espagne.
Sans surprise, ces différences sont en partie l’héritage de la crise de 2008. Ainsi, les régions les plus frappées sont surtout situées dans le sud de l’Espagne et de l’Italie, et en Grèce, pays spécialement affectés par le recul. A l’inverse, les taux de chômage les plus faibles sont enregistrés dans les territoires où la reprise a été la plus solide, surtout en Allemagne, au Royaume-Uni, en Autriche et en Europe de l’Est.
« Ces écarts sont aussi le fruit des politiques économiques nationales et de l’inégale répartition des activités sur le continent, déclare Laurent Chalard, docteur en géographie à Paris-IV-Sorbonne. Ainsi, les richesses productives raidissent à se accumuler sur la dorsale européenne allant des Pays-Bas au nord de l’Italie, en suivant l’axe rhénan. »
S’adjoint à cela ce que les économistes nomment « les phénomènes d’agglomération », à savoir une disposition à la concentration des activités autour des villes dynamiques. A l’opposé, certaines régions périphériques, à l’exemple du sud de l’Italie, réunissent les retards et les handicaps : institutions publiques de moindre qualité, faible propriété des travailleurs, forte présence de l’économie souterraine.
Le sociologue Dominique Turcq nous appel, dans « Travailler à l’ère post-digitale », à « imaginer des futurs visionnaires et progressistes ».
Avez-vous déjà dernièrement fréquenté un salon sur l’électricité ? Ou collaboré à une conférence sur le thème « Comment l’électricité va modifier notre économie et notre société ? » Possiblement pas. Et pourtant, les transmutations qu’apporte actuellement l’électricité sont immenses, du vélo électrique à la batterie Tesla, en passant par l’éclairage des villes par LED.
Dans Travailler à l’ère post-digitale (Dunod), Dominique Turcq nous appel à ne pas laisser l’arbre du digital cacher la forêt des « disruptions » : « A force de tout mettre sur le dos du mot-valise “numérique”, on oublie qu’il y a d’autres révolutions tout aussi importantes et on finit par conclure qu’en apprenant à chacun à coder on réglera tous les problèmes de croissance, d’éducation et de savoir-faire de la population au travail. Oui, le digital est important, mais il n’est que l’une des multiples facettes des révolutions du XXIe siècle. »
Ainsi de l’imprimante 3D, qui n’est pas suffisamment plus digitale qu’une machine-outil, et bouleverse malgré cela l’industrie grâce à des nouveaux emplois de laser, de matériaux et de design de produits. Ainsi de Uber, qui est loin d’être uniquement une innovation numérique. C’est la combinaison d’une imperfection de régulation et de marché, de technologies comme la géolocalisation ; de la possibilité d’utiliser des chauffeurs indépendants, du « yield management » pour réinventer la tarification ; des systèmes de paiement automatisés, des applications, etc. ; et aussi d’une sociologie où le collaboratif et le collectif sont devenus des valeurs économiques. Ainsi du big data et de l’IA : sans algorithmes, donc sans mathématiques, le big data ne serait qu’un paquet informe, et l’IA n’aurait aucun avenir.
Constat complaisant
Jules Verne vivait dans une époque semblable à la nôtre : machine à vapeur, électricité, gaz domestique, pétrole, chemin de fer et transport maritime transformaient le monde et allaient bouleverser toutes les industries, tous les métiers, toutes les qualifications dans une Europe encore largement agricole et peu mécanisée. « Notre époque pourrait susciter de nombreux Jules Verne tant le déploiement rapide des technologies et les avancées nous permettent d’imaginer des futurs visionnaires et progressistes : maisons imprimées en 3D, bâtiments positifs en énergie, traitements médicaux préventifs, automobiles volantes, formations admettant d’acquérir des savoir-faire de façon plus rapide », déclare le sociologue.
La ministre du travail, Muriel Pénicaud, désire « responsabiliser les employeurs face au recours excessif aux contrats courts » par un règlement cet été.
Le gouvernement établira cet été un bonus-malus sur les contrats courts par un décret qui s’agressera aussi à la « permittence » et aux cadres à « hauts revenus », dans le cadre de la réforme de l’assurance-chômage, a déclaré, lundi 29 avril, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, dans une conversation aux Echos.
Depuis l’échec des discussions entre associés sociaux fin février, l’exécutif a repris la main sur la modification de l’assurance-chômage, avec un cycle de « consultations » avec patronat et syndicats. « Il nous reste plus d’un mois et demi pour mener les réunions bilatérales et faire les arbitrages. Tout cela aboutira à un décret à l’été », a annoncé Mme Pénicaud.
Sans espérer cette échéance, la ministre du travail garantit qu’« il y aura bien un bonus-malus pour responsabiliser les employeurs face au recours excessif aux contrats très courts, en privilégiant une approche par secteur ».
Le décret va également « traiter de la permittence », cette « succession de contrats courts entrecoupés de périodes d’indemnisation » dont les mesures « n’incitent pas au retour à l’emploi », selon elle.
Le texte changera identiquement la situation des cadres, dont « tous les indicateurs confirment la situation de plein-emploi, seniors exceptés ». « Il y aura donc une mesure pour les hauts revenus qui tiendra compte de l’âge », afin que leur durée de chômage « soit la plus courte possible », déclare Mme Pénicaud.
Un changement qui « commence à porter ses fruits »
La ministre se complimente en outre des effets de son changement par ordonnances du code du travail, qui « commence à porter ses fruits », surtout la mise en place des conseils sociaux et économiques (CSE). Ces nouvelles attentions de reproduction du personnel remplacent les délégués du personnel dans les entreprises de 11 à 49 salariés, et pour celles de 50 salariés et plus, elles joignent les anciennes instances (comité d’entreprise, DP et comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).
« Au 31 décembre 2018, 12 000 conseils sociaux et économiques avaient déjà été mis en place. Nous en attendons 20 000 autres cette année », déclare-elle.
Pour ce qui concerne les ruptures conventionnelles communes, 96 avaient été escomptées au 31 décembre, dont 60 sont « déjà » agréées, selon la ministre.
« Un peu plus de la moitié des RCC a concerné des grands groupes et 80 % ont été signées avec des délégués syndicaux. La plupart des accords prévoient un accompagnement, une aide à la formation, à la mobilité… 94 % ont des mesures ciblées sur la création d’entreprise », mentionne-t-elle.
La psychologue Sylvaine Perragin revient dans un livre sorti au Seuil sur l’origine de la dangereuse ascension des raideurs dans l’univers secret des bureaux.
Dans leur camion rempli de nitroglycérine, Yves Montand et Charles Vanel en déficit dans un village d’Amérique centrale vivent durant 500 kilomètres le stress d’une mission qui leur sera fatale dans Le Salaire de la peur, effectué par Henri-Georges Clouzot en 1953. Le Salaire de la peine, le livre de Sylvaine Perragin, nous transpose dans un contexte abondamment plus lisse que les routes guatémaltèques et en apparence bien plus serein : celui du monde du travail du XXIe siècle. Mais c’est bien de stress qu’il s’agit et plus amplement de souffrance au travail.
Dans son livre, la psychologue du travail revient sur l’origine de l’imprudente ascension des tensions dans l’univers feutré des bureaux alors que « 90 % des actifs pensent que la souffrance au travail a augmenté depuis dix ans ». Elle en donne, en quelques chiffres, une photographie angoissante : « En 2017, 400 000 personnes souffraient de troubles psychiques liés au travail ; 500 sont parvenus à les faire reconnaître comme maladies professionnelles. »
Exigées par la loi
Malgré cela, les sociétés sont forcées par la loi d’estimer les risques professionnels, y compris les risques psychosociaux depuis 1991. Alors pour quelles raisons, malgré la prise de conscience des employeurs et la multiplication des audits, l’environnement de travail des travailleurs ne s’améliore-t-il pas ? Pourquoi, en 2018, la France comptait-elle encore « 3,2 millions de personnes (…) “en danger” d’épuisement » ?, questionne l’auteure, qui déclare « plus de 4 000 infarctus directement dus au stress professionnel ».
La pénitence au travail est transformée « un véritable marché », au point d’augmenter le chiffre d’affaires du conseil en France de 10,5 % en 2017 ! Mais les recommandations des consultants ne sont pas ou peu suivies par les sociétés, déclare-t-elle.
Sylvaine Perragin démonte, exemples à l’appui, les pratiques managériales coupables, qui finissent soit à l’enterrement des appuis des cabinets RH, soit à la mise en place de purs produits du business de la peine au travail, des fausses solutions disposées « bien-être au travail » ou « bonheur au travail ». Le problème est que le succès économique des cabinets de conseil découle d’un processus d’évitement : le stress des salariés est fréquenté dans une approche centrée sur l’individu qui écarte « les causalités relatives à l’organisation du travail ». Les sociétés passent ainsi à côté du sujet.
Professeur de science politique, université de Bourgogne-Franche-Comté
Dominique Labbé
Chercheur associé au Pacte-CNRS, université de Grenoble-Alpes
Abandonnant de la carence de clarté aux élections professionnelles, les deux experts Dominique Andolfatto et Dominique Labbé pointent, les lacunes et les énigmes de la démocratie sociale en France.
Depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », on parle abondamment des corps intermédiaires. Parmi ceux-ci, les syndicats français offrent un cas captivant. En effet, en une quinzaine d’années, une série de réformes a voulu « rénover la démocratie sociale ». Si celle-ci n’est jamais nettement définie, il y a au moins une ligne directrice : les résultats des élections professionnelles conditionnent à la fois la découverte des organisations au niveau de la société, des branches d’activité ou au niveau national interprofessionnel, et leur capacité à exprimer avec les employeurs et les gouvernements, à terminer des accords, à fabriquer des réformes, à collaborer à la gestion de nombreuses institutions paritaires.
Les élections étant la base de cette démocratie sociale, on s’attendrait à accommoder de résultats exhaustifs et détaillés. Or tel n’est pas le cas.
On ne dispose publiquement que d’une « mesure d’audience de la représentativité » éditée tous les quatre ans par le ministère du travail (voir lien PDF). La dernière mesure date de mars 2017. Elle procure des chiffres globaux portant sur 13,2 millions d’électeurs inscrits dans les sociétés privées et à statut. Or ce secteur emploie plus de 19 millions de salariés, ce qui signifie qu’un tiers des salariés concernés fuient à cette mesure. De plus, il n’y a eu que 5,2 millions de suffrages valablement exprimés en faveur d’un syndicat, soit quatre électeurs sur dix et moins d’un sur trois si l’on tient compte de tout le salariat concerné.
Les organisations marginales éteignent
Mais c’est le détail qui étonne le plus. Cette « mesure » associe les résultats de trois types de visites différentes :
D’une part, un scrutin unique intéresse toutes les entreprises de moins de dix salariés. Il a été un véritable fiasco puisque uniquement 7 % des électeurs ont voté.
D’autre part, pour les élections aux chambres d’agriculture (collège des salariés) – la dernière édition a eu lieu en février –, seuls les résultats en rapport des suffrages exprimés sont publiés sans indication concernant le nombre d’électeurs, la collaboration, le nombre absolu de suffrages concentrés par chaque organisation.