le projet de loi « pour une école de la confiance »

« Le projet, en envisageant le recours massif à des étudiants non qualifiés pour enseigner devant des élèves, est un dévoiement du principe même de la formation professionnelle. »
« Le projet, en envisageant le recours massif à des étudiants non qualifiés pour enseigner devant des élèves, est un dévoiement du principe même de la formation professionnelle. » Fotosearch / Photononstop

La réforme de la formation des enseignants est un sujet pas trop connu de la loi « pour l’école de la confiance », administrée par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Choisie en Février, cette loi doit être vérifier en séance publique par le Sénat à partir du 14 mai.

Ce texte envisage surtout des dispositifs de « préprofessionnalisation » des étudiants se dirigeant à l’enseignement, la création d’instituts nationaux du professorat et de l’éducation (INSPÉ) venant se substituer aux actuelles écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ÉSPÉ) et le déplacement du concours, en ce moment en fin de master 1, vers la fin du master 2. Cet ensemble de mesures, dont les conditions de mise en œuvre sont encore dans un grand flou, inquiète les formateurs d’enseignants que nous sommes.

Il représente à nos yeux un danger, pour les élèves comme pour les futurs enseignants, et pourrait déclarer une profonde dévalorisation du métier. Dans sa forme actuelle, le projet, en envisageant le recours massif à des étudiants non qualifiés pour enseigner devant des élèves, est un dévoiement du principe même de la formation professionnelle. Jamais cet expédient n’avait été érigé en principe organisateur de la formation des enseignants et de l’entrée dans le métier.

De réelles compétences d’enseignant

Suivant le projet, l’emploi de milliers d’étudiants non qualifiés pour faire la classe aura lieu par deux voies : la « préprofessionnalisation », et plus encore la formation dans les INSPÉ, avant le concours d’embauche. La première concernera chaque année 3 000 étudiants, « assistants d’éducation » qui pendant trois ans à partir de la deuxième année de licence « pourront se voir confier des charges d’éducation, de pédagogie et d’enseignement », selon l’article 14 de la loi.

Dans les dispositifs d’initiation au métier d’enseignant qui existent aujourd’hui, les responsabilités données aux étudiants doivent rester en adéquation avec leurs aptitudes. Dans le projet actuel, certaines charges demanderont de réelles compétences d’enseignant sans que la responsabilité exacte des étudiants soit clairement définie : ce sont les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) et les activités pédagogiques complémentaires (APC), qui contribuent à l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture.

Procès France Télécom 

Le mur devant lequel un salarié de France Télécom s’est immolé par le feu, le 26 avril 2011, à Mérignac (Gironde).
Le mur devant lequel un salarié de France Télécom s’est immolé par le feu, le 26 avril 2011, à Mérignac (Gironde). PATRICK BERNARD / AFP

Sept avertis, dont d’anciens directeurs de l’entreprise, se présentent à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris à la suite de la vague de suicides de salariés entre 2007 et 2010.

Au siège de France Télécom, dans le 15e arrondissement à Paris, le comité exécutif est rassemblé. Les derniers chiffres du trafic des lignes téléphoniques fixes viennent de lui être octroyés. Autour de la table, on veut croire à une erreur. Une dégringolade pareille, c’est impossible. On vérifie. « Les chiffres étaient malheureusement justes », déclare Louis-Pierre Wenes, alors président d’Orange France et numéro 2 de France Télécom.

C’était durant l’automne 2006. Durant l’été, le trafic de la voix sur Internet avait commencé. Sur le marché des télécommunications, ouvert à la compétition depuis la fin des années 1990, de nouveaux opérateurs désorganisaient la vieille maison. Le « dégroupage » imposé en 2002 par la règle européenne leur avait donné accès à la boucle locale – les bandes de fréquence du cuivre. Sur tout le territoire, la guerre s’aggravait  à coups d’innovations technologiques et de diminution des tarifs. La dette de France Télécom s’était augmenter, son chiffre d’affaires et ses marges avaient immergé.

Cette situation économique est le cœur de la défense des sept annoncés qui exposent à compter du lundi 6 mai devant le tribunal correctionnel de Paris pour riposter de « harcèlement moral » ou d’entente de ce délit, en leur qualité d’anciens membres de la direction de France Télécom.

Commencer les 673 pages de l’ordonnance de renvoi, c’est choir une liste de prénoms et de noms comme on en voit manifestés sur les monuments aux morts des villages

Entre eux, l’ancien PDG, Didier Lombard, son directeur exécutif, Louis-Pierre Wenes, et le directeur groupe des ressources humaines, Olivier Barberot, pourchassai en tant qu’auteurs primordiaux d’une stratégie d’entreprise « visant à affaiblir les salariés et agents, à créer un climat professionnel anxiogène » et ayant eu « pour objet et pour effet un abaissement des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits et à la dignité » des salariés, un délit fouetté d’un an d’incarcération et de 15 000 euros d’amende. L’entreprise France Télécom, personne morale, est elle aussi révoquée devant le tribunal.

Trente-neuf personnes ont été tenues en qualité de cibles dans ce dossier. Parmi elles, dix-neuf se sont donné la mort entre 2007 et 2010. Ouvrir les 673 pages de l’ordonnance de renvoi scellée de la juge d’instruction Brigitte Jolivet, c’est d’abord effondrer sur une litanie de prénoms et de noms comme on en voit marqués sur les compositions aux morts des villages.

« mobilisation générale pour le travail, l’emploi et ses grandes transitions »

Réunies lundi 6 mai par le premier ministre, plusieurs distributions se présentent sceptiques sur la conduite d’un tel rendez-vous.

Opération récupération. Lors de sa conférence de presse du 25 avril, le Président de la République a accompli la « mobilisation générale pour le travail, l’emploi et ses grandes transitions ». Le chef de l’Etat a convoité y associer les corps intermédiaires qui, depuis le début de la législature, ont la sensation d’être traités comme quantité négligeable. A charge pour le premier ministre d’orchestrer la complicité avec les partenaires sociaux, les associations d’élus et les organisations environnementales. Une première réunion doit avoir lieu lundi 6 mai, dans la matinée à Matignon, sous l’égide d’Edouard Philippe. Objectif fixé par le président de la République : que l’ensemble des protagonistes puissent « proposer d’ici à septembre des solutions concrètes » aux problèmes mis en exergue par le mouvement des « gilets jaunes ».

Le 29 avril, M. Philippe a précisé l’esprit dans lequel se déroulera cette rencontre. Pas question de parler de « conférence sociale » : le terme rappellerait trop les conclaves de l’ère Hollande, durant lesquels « tout le monde s’emmerd[ait] », suivant la formule lancée à l’époque par Jean-Claude Mailly, alors numéro un de FO. L’idée, a souligné M. Philippe, est de travailler « collectivement », de « faire confiance » aux acteurs de la société civile et de se projeter dans l’avenir – quitte à aller un peu au-delà du quinquennat. Il s’agit, selon le premier ministre, de reproduire « à la façon dont nous voulons produire en 2025, à la façon dont nous voulons vivre, dont nous voulons arriver au plein-emploi », a-t-il détaillé, s’inscrivant dans le prolongement de l’intervention de M. Macron, quatre jours en avant.

« Grand gloubi-boulga »

« Personne ne sait ce qu’il y a dedans », présentait néanmoins, vendredi, l’un des participants. A cette date, la liste des thèmes qui seront approchés n’était pas encore connue des organisations d’employeurs et de salariés. « C’est un peu le grand bazar, personne n’a les mêmes éléments », s’étonne également Marylise Léon, la numéro deux de la CFDT. Sur la forme donnée à ce « sommet », plusieurs personnalités invitées se montrent critiques. « Qu’on ait des grand-messes nationales pour lancer le processus, pourquoi pas ? Mais ce type de fonctionnement est complètement dépassé, juge le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. L’important est ce que l’on va pouvoir faire en régions. » Président de la CFE-CGC, François Hommeril confie être peu enthousiaste à l’idée de participer à « un grand gloubi-boulga de la société civile ». « Ça devient un peu usant d’être considéré sans aucun autre égard, dit-il. La démocratie française, ce n’est tout de même pas sophistiqué : si le pouvoir en place engage une réforme qui touche le monde du travail, les partenaires sociaux doivent être associés. Notre organisation n’a aucune envie de servir de faire-valoir, nous voulons un mandat clair. » Ça risque de être un « cauchemar », se déplore un participant : « J’y vais avec mon iPad. Les gens sont nombreux, ils sont très longs et ils sont très chiants. »

Université : une hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers

Les universités choisissent des politiques de retranchement variées à vers des étudiants extra-européens, soumis à des « frais différenciés » à partir de la rentrée prochaine.

Le gouvernement n’a pas lâché, bien que la forte altercation des syndicats étudiants et enseignants. Et aussi celle de la conférence des présidents d’université (CPU), qui sollicitait la suspension de la mesure.

Les « frais différenciés » pour les étudiants étrangers extracommunautaires (hors UE) ont bien été gravés dans un arrêté, présenté au Journal officiel le 21 avril, pour une abstraction dès la rentrée 2019. Leurs droits d’inscription passent à 2 770 euros par an en licence et 3 770 euros en master, contre 170 euros et 243 euros jusqu’alors.

La mesure, qui ne s’appose pas à ceux qui étaient inscrits à l’université avant cette rentrée couperet, concernera en revanche tous les derniers arrivants, à partir de cette date, année après année. Les doctorants ne sont, eux, pas intéressés par la mesure, a avisé la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en février.

Sur le terrain cependant, c’est une grille tarifaire très diverse qui est en train de se dessiner dans les facs, au gré des votes des conseils d’administration. Car, si le ministère de l’enseignement supérieur a soutenu l’augmentation générale contestée, il a dans le même temps précisé, dans un décret, les modalités d’exonération permises aux établissements. Chaque université peut en effet dispenser de droits d’inscription 10 % de ses étudiants. Un dispositif disponible comme chacun l’entend, et donc, si les établissements le décident, en faveur des étudiants extracommunautaires.

« Universités à plusieurs vitesses »

Les universités doivent actuellement faire dans l’urgence leur choix de régime de diminution. Car le temps presse pour donner cet éclaircissement aux candidats, alors que certaines des procédures d’inscription se terminent le 10 mai.

Mise en pratique bienvenue de « l’autonomie » des universités ? « Hypocrisie » d’un gouvernement qui révoque la « patate chaude » aux différents établissements ? Les analyses différentes. « On se dirige vers des universités à plusieurs vitesses », dénonce pour sa part Hervé Christofol, à la tête du Snesup-FSU, l’un des syndicats de personnels de l’enseignement supérieur qui s’élève contre ce « dilemme » face auquel le gouvernement place les établissements de l’enseignement supérieur, avec cette nouvelle ressource potentielle, à l’heure des nécessités budgétaires.

Prochainement les premières punitions pour l’égalité profesionnelle

« Les critères devant figurer dans l’index sont : les écarts de rémunérations, d’augmentations et de promotions entre les hommes et les femmes de l’entreprise, ainsi que le pourcentage de salariées ayant bénéficié d’une augmentation au retour d’un congé maternité et le nombre de femmes parmi les dix plus hautes rémunérations dans l’entreprise. »
« Les critères devant figurer dans l’index sont : les écarts de rémunérations, d’augmentations et de promotions entre les hommes et les femmes de l’entreprise, ainsi que le pourcentage de salariées ayant bénéficié d’une augmentation au retour d’un congé maternité et le nombre de femmes parmi les dix plus hautes rémunérations dans l’entreprise. » Ingram / Photononstop

Une sanction financière guette aussitôt les sociétés qui n’ont pas encore édité leur index sur l’égalité femmes-hommes.

C’est désormais officiel : le décret posant à l’amende les sociétés qui n’ont encore pas fait acte de clarté en diffusant leur index sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est paru le 30 avril au Journal officiel, remettant effectives les punitions promises par le gouvernement. Établi par la loi « avenir professionnel » de septembre 2018, cet index consiste en une série d’indicateurs admettant à l’entreprise de savoir où elle en est en matière de promotion et d’égalité salariale entre ses assistants des deux sexes, afin de mettre en place des mesures correctives si besoin.

Le décret envisage donc une sanction financière afin de sanctionner les employeurs n’ayant encore pas publié cet index. Seules les entreprises de plus de 50 salariés sont concernées par cette obligation. En premier lieu celles de plus de 1 000 salariés. En effet, celles-ci avaient uniquement jusqu’au 1er mars pour diffuser ces données.

Fin avril, sur les quelque 1 300 entreprises intéressées, plus de 80 % avaient publié leur index, selon les données du ministère du travail. Les entreprises ayant au moins 250 salariés jouir de d’un répit supplémentaire, allant jusqu’au 1er septembre. De même concernées, les petites entreprises aux effectifs compris entre 50 et 250 salariés auront jusqu’au 1er mars 2020 pour se mettre en conformité.

Sanction jusqu’à 1 % de la masse salariale

Les sociétés en dehors des clous sont donc méfiants de renvoyer une pénalité, calculée en fonction de leur situation particulière et qui pourra atteindre au maximum 1 % de la masse salariale. « Mais la sanction ne doit être que l’ultime recours une fois que tous les autres moyens ont été épuisés », a prévu Muriel Pénicaud dans Les Echos du 29 avril.

Les employeurs insoumis risquent d’abord de se voir rappelés à l’ordre par l’inspection du travail. Ils devront alors « se mettre en conformité dans un délai d’exécution fixé en fonction de la nature du manquement et de la situation relevée dans l’entreprise et qui ne peut être inférieur à un mois », mentionne le décret. Le délai de six mois maximum pour se poser en conformité, qui figurait dans la version antérieure de l’article R. 2242-3 du code du travail, est rompu – possiblement afin de laisser plus de temps aux entreprises espacées des objectifs fixés.

« Il faut penser à une autres organisation du travail »

pixels téléphone smartphone deconnexion
pixels téléphone smartphone deconnexion QUENTIN HUGON 

Depuis l’application de ce dispositif en 2017, les pratiques digitales des salariés n’ont pas réellement changé regrettent les consultants Vincent Baud et Caroline Sauvajol-Rialland .

Le nouvel article L2242-8 du code du travail appliqué depuis le 1er janvier 2017 dans le cadre de la loi travail envisage que chaque entreprise de plus de 50 salariés du secteur privé négocie par an avec ses partenaires sociaux la mise en place de dispositifs de régulation de leurs usages numériques, mais aussi d’actions de formation. A défaut d’accord, une charte simple suffit à contenter le législateur.

Qu’en est-il quinze mois plus tard ? Quelques sociétés parmi les plus grandes ont signé des accords dont l’application semble suivre la même logique que celle des 35 heures en son temps : les mesures ne s’appliquent qu’aux travailleurs qui se sentent concernés ! Pour les autres, les chefs ou ceux qui aspirent à le devenir, pas de transformation. Au même temps, les fins de justice accordant aux salariés le paiement d’heures travaillées non rémunérées et-ou la reconnaissance du préjudice de harcèlement « numérique » se réunissent.

La digitalisation du travail est une révolution du contenu, mais aussi du vécu au travail

Traiter ce sujet de façon défensive revient à passer à côté d’une occasion de premier plan : regarder en face l’activité numérique de ses assistants pour en maîtriser les excès quantitatifs et qualitatifs, n’en conserver que le meilleur au profit de la société comme des salariés ! C’est donc sur la culture digitale des sociétés qu’il faut agir.

En 2013, plus de 71 % des travailleurs avaient un usage professionnel des outils digitaux, pour une moyenne d’utilisation de 4,3 heures par jour. Cette proportion est passé en 15 ans de 40 % ; l’augmentation se poursuit au point que plus d’un salarié sur deux dispose actuellement d’une adresse mail professionnelle, qu’un quart d’entre eux travaille avec un ordinateur portable et 45 % avec un téléphone portable.

Conflit de valeurs

Les outils ne font que se varier : téléphones, mails, messageries instantanées, réseaux sociaux d’entreprise, applications de travail en mode projet… La digitalisation du travail est une révolution du contenu mais aussi du vécu au travail comparable à ce qu’ont été préalablement sa mécanisation, son automatisation, son informatisation et sa robotisation. A deux grandes différences près.

Tout d’abord, ce changement technologique est en prise directe avec la vie privée des salariés, alors que toutes les autres apercevaient leur effet direct s’interpréter au temps et au lieu de travail. Le digital bouleverse les équilibres personnels en plaçant les salariés face à un conflit de valeurs : dois-je répondre à mon manageur alors que je suis en train de dîner un samedi soir ? Dois-je examiner mes mails pendant mes congés ? Ultérieurement, les salariés n’ont pas été préparés à bien utiliser les outils numériques. Une faiblesse d’autant plus grave qu’ils sont passés du statut d’outils de travail à celui d’un vrai mode de travail.

 

 

Des universités connectées pour les jeunes dans les zones ruraux

Douze lieux  vont ouvrir à la rentrée prochaine, pour maintenir le parcours d’études dans les villes isolées des grands centres universitaires.

La mesure commence à petite échelle mais elle est promise à monter en puissance. Treize « campus connectés » recevront des étudiants dans des villes éloignées des grandes métropoles universitaires, à la rentrée prochaine. La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, devait l’enseigner vendredi 3 mai, à l’occasion d’un déplacement à la Digitale académie à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), où une quarantaine d’étudiants font déjà une formation à distance, dans un espace de travail commun.

Le lieu va être labellisé « campus connecté » à cette occasion, tandis que douze autres s’y augmenteront : à Saint-Brieuc et Redon (Bretagne), Bar-le-Duc et Chaumont (Grand-Est), Nevers, Autun et Lons-le-Saunier (Bourgogne-Franche-Comté), Privas (Auvergne-Rhône-Alpes), Cahors, Le Vigan et Carcassonne (Occitanie) et Saint-Raphaël (Provence-Alpes-Côte d’Azur). L’objectif, d’ici 2022, étant d’établir une centaine de structures de ce type.

Le Président de la république l’a annoncé lors de son discours du 25 avril, à la sortie du grand débat : sa volonté de créer des « campus connectés » s’inscrit dans l’optique « réconcilier la métropole, la ville moyenne et le rural ». Dans ces territoires ruraux, ces petites et moyennes villes, dont les gênes ont été fortement mises en lumière par le mouvement des « gilets jaunes », l’offre d’enseignement supérieur est le plus souvent limitée. Tandis que les pénuries sont multiples, face à la mobilité géographique que nécessiterait une poursuite d’études, allant du manque de moyens financiers aux barrières psychologiques et à l’autocensure.

Les taux de parcours après le bac y sont souvent plus faibles qu’ailleurs, déclare le ministère, citant l’exemple de l’Ardèche, ou seulement 50 % des bacheliers poursuivent des études supérieures – contre 78 % à l’échelle nationale – tandis que la quasi-totalité des lycéens du Lot sont obligés de quitter leur département pour faire une formation postbac.

« Lutter contre l’exode rural »

Ces futures universités dans des locaux mis à disposition par les collectivités territoriales (villes, départements, régions), avec un « coach » (non enseignant) pour dix étudiants, doivent permettre à ceux qui le veuillent de suivre une formation à distance avec un « accompagnement de proximité ». Ils nécessiteraient réunir une trentaine d’étudiants par site, à la prochaine rentrée.

Un tutorat sera aussi exercé par les enseignants de l’université qui dispensent ces formations à distance. Une soixantaine de cursus devrait être proposée aux étudiants, particulièrement des licences universitaires et des BTS. Pour débuter, l’Etat apporte une enveloppe de 50 000 euros par campus, ainsi que 1 000 euros par étudiant qui débuteront leur formation en ligne.

« C’est une très bonne chose d’apporter dans nos territoires cet enseignement supérieur dans de bonnes conditions », ajoute Vincent Chauvet, maire (MoDem) d’Autun.

« C’est une très bonne chose d’apporter dans nos territoires cet enseignement supérieur dans de bonnes conditions », déclare Vincent Chauvet, maire (MoDem) d’Autun, qui y voit une forme de décentralisation du service public. Sa ville de 14 000 habitants compte recevoir une vingtaine d’étudiants à la rentrée 2019, dans un espace consacré. Cela admettra, espère-t-il, à des bacheliers qui auraient abandonné aux études supérieures, « pour des raisons monétaires, mais aussi parce que certains ont la sensation que la “grande ville”, ce n’est pas pour eux », de changer d’avis. Il a déjà reçu une trentaine de candidatures, alors que le projet débute tout juste à être connu. « C’est aussi une manière de lutter contre l’exode rural, de garder nos jeunes sur le territoire, ils vont étudier à Lyon ou à Dijon, et ne reviennent pas », défend-il.

Dans le groupe de l’enseignement supérieur, les réactions peuvent être cependant plus nuancées. « C’est une solution captivante, mais de manière provisoire, estime un universitaire, qui ne manque pas de convoquer les taux élevés d’échec dans les formations à distance. Pour lutter contre l’autocensure et l’assignation à résidence, il faut principalement assister ces jeunes à bouger et leur donner la possibilité d’aller apprendre dans de bonnes conditions à l’université. »