L’avenir de l’emploi à l’heure du digital

Sarah Bouillaud

Les changements du travail face à la croissance des outils digitaux sont au programme de la première édition de RESO, le 14 mai 2019 à Montpellier, lors de tables rondes et de conférences.

De prime accueil, l’apaisement. Le tout récent rapport de l’Organisation de collaboration et de développement économiques (OCDE) sur L’Avenir du travail, divulgué le 25 avril, estime à 14 % la part des emplois tourmentés de l’absence dans les prochains vingt ans pour cause de changement technologique. Le World Economic Forum de Davos estimait lui, en septembre 2018 dans The Future of Jobs, que l’automatisation, si elle allait effacer 75 millions d’emplois dans le monde, en créerait simultanément 133 millions, donnant raison aux tenants des thèses de Schumpeter sur la « destruction créatrice ».

Une nouvelle insouciance met en lumière des enjeux qui, à l’analyse, ne sont pas moins dévastateurs

Cet insouciance rompt avec plusieurs années de bouleversement enseigné – de précédentes études, émanant y compris d’instances universitaires renommées comme l’université d’Oxford, jaugeaient à 50 % ou plus la part des emplois directement alarmés par la transformation digitale. Mais il met en lumière des enjeux qui, à l’analyse, ne sont pas moins destructeurs. Davos comme l’OCDE pointent en effet une triple intimidation.

Pluseurs menace

La première porte sur la concentration du marché de l’emploi. La nouvelle économie est en effet forte consommatrice de profils compétents et laisse de moins en moins de place aux jobs dits intermédiaires. Quant aux emplois peu ou très peu qualifiés, s’ils poursuivent voire se développent, c’est au prix d’une fragilisation croissante et de revenus faibles.

La deuxième touche aussi la France plus que d’autres : la condition sine qua non pour embarquer les actifs dans la transmutation des emplois et des entreprises réside dans l’efficacité du système de formation continue. Or l’an passé, dans l’Hexagone, seul un actif sur trois s’est formé, et comme il est d’usage, ce sont les plus qualifiés qui ont encore le plus profité de ces mises à niveau.

Les primordiales victimes de cette « quatrième révolution industrielle » risquent d’être les classes populaires et les classes moyennes

La troisième fulmination découle des deux premières ; elle intéresse les effets sociaux de cette « quatrième révolution industrielle », dont les primordiales victimes risquent d’être les classes populaires – de l’emploi, certes, mais plus souvent précaire, à temps partiel et mal rétribué – et les classes moyennes – moins d’emplois conciliateurs. Facteur aggravant pour la France : les positions professionnelles y étant plus qu’ailleurs figées dès la fin des études, cette concentration risque d’accroître encore les effets sociaux des différences scolaires.

« Le libéralisme responsable, c’est le libéralisme qui a tout compris »

Emery Jacquillat, le patron de la Camif, à Paris, le 15 novembre 2016.
Emery Jacquillat, le patron de la Camif, à Paris, le 15 novembre 2016. OLIVIER LEJEUNE / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
Participant dans le cadre des Rencontres économiques et sociétales d’Occitanie, le 14 mai 2019, à Montpellier, le PDG de la Camif rend compte des privilégies du statut innovateur d’« entreprise à mission » comme la sienne.

La Camif, commerçante en ligne de meubles et de linge de maison, est des premières « entreprises à mission ». Déterminé par la loi Pacte, ce statut dédie la notion d’intérêt social et ouvre la voie à une récente vision de l’entreprise. Son PDG, Emery Jacquillat, a prévenu tout le monde en faisant transformer les statuts de son entreprise dès novembre 2017.

Le capitalisme tel qu’on l’a connu vit-il ses dernières heures ?

Je ne peux pas le découvrir, mais il est vrai qu’il y a un modèle qui doit naître, et vite : un modèle d’entreprise plus participative avec une économie plus locale, plus inclusive, plus circulaire. Le chantier est énorme, il faut tout réinventer : le management, le modèle d’affaire, le cœur de l’offre… Nous n’avons plus le choix, il faut rendre nos activités acceptables sur le plan social et environnemental.

Est-ce que le passage sera doux ? Je ne le crois pas. Il y a aura des sociétés, des territoires et des régions qui seront incapables de s’assembler. Seules les entreprises les plus agiles et qui sauront utiliser le digital seront encore là dans vingt-cinq ou cinquante ans. Les actionnaires visionnaires auront vite compris que pour continuer à faire du profit il faudra miser sur des entreprises à impact positif. Le capitalisme responsable, c’est le capitalisme qui a tout compris.

Est-ce que vous restez optimiste pour la suite ?

Oui. Il y a chez de nombreux chefs d’entreprise et les collaborateurs cette soif de donner du sens. La prise de conscience collective s’est opérée dans les deux dernières années avec l’arrivée de Trump au pouvoir et la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris, la reproduction des rapports scientifiques alarmistes et plus récemment la démission de Nicolas Hulot. Les politiques ne savent plus faire ; c’est à nous de faire. L’entreprise « à mission » arrive à ce moment de notre histoire, pour arriver à encourager les entreprises à prendre des promesses qui se traduisent par des objectifs concrets et mesurables sur les enjeux sociaux et environnementaux.

Comment le digital peut-il aider les entreprises à prendre ce tournant ?

Tous les deux ans, on double le nombre de publications, de consciences abordables partageables par l’humanité. La donnée et l’intelligence sont aussitôt accessibles à toutes les entreprises. Je prends l’exemple de l’application Yuka, qui admet de scanner les produits alimentaires et d’estimer leur impact sur la santé. L’application utilise la base de données Open Food Facts. Demain l’IA sera accessible de la même manière. Tout l’enjeu est de s’obtenir de cette richesse d’informations pour la traduire en valeur économique, sociale et environnementale pour adoucir les défis.

La Camif est l’une des deux premières entreprises françaises à s’être affectées dans leurs statuts d’un « objet social étendu », « au bénéfice de l’homme et de la planète ». Comment y parvenir quand on vend des meubles et des objets de décoration ?

Demain on attirera mieux mais moins. Nous devons octroyer de la valeur aux objets qui nous terminent. En 2017, quand nous avons défini nos objectifs, nous avons acceptés qu’on n’y arrive pas en posant clairement notre cahier des charges sur la table des fabricants. Nous avons organisé un « Camifathon » pour assembler designers, consommateurs, fabricants et experts en économie circulaire.

De ces trois jours d’ateliers participatifs sont nées des collaborations, parfois entre des entreprises compétitrices, pour créer notre propre marque d’objets fabriqués à partir de déchets (canapés en tissus recyclés, matelas en matières recyclées, etc.). Pour nous, c’est une modification complete de métier. Nous passons de dispensateur à éditeur de meubles. Les chefs de produit deviennent des chefs de projets. C’est passionnant pour les équipes.

« Ce qu’on est en train de faire, je pense qu’on peut le faire dans tous les métiers »

Le digital permet aussi une meilleure information du client. Sur chaque fiche produit nous donnons le pays de fabrication, la liste des composants, des informations sur le fabricant… Nos recherches montrent que les clients veulent en savoir plus. Est-ce que les salariés sont heureux ? Est-ce que l’entreprise paye ses impôts en France ?

Cette clarté de l’information et la traçabilité des produits sont essentiels pour restituer la confiance dans les marques et permettre aux consommateurs de faire un choix éclairé. Cette révolution, on la mène à notre petite échelle. Quand on contient de fermer notre site le jour du Black Friday, cela a un impact fort dans notre écosystème. Ce qu’on est en train de faire, je pense qu’on peut le faire dans tous les métiers.

« Le problème du sens au travail s’est constamment posée »

Le sociologue Patrice Flichy, spécialiste de notre rapport au travail, collaborera aux Rencontres économiques et sociétales d’Occitanie, le 14 mai à Montpellier.

 

Le sociologue Patrice Flichy, en 2017.
Le sociologue Patrice Flichy, en 2017. DR

Patrice Flichy est professeur expérimenté de sociologue à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Dernier livre paru : Les Nouvelles frontières du travail à l’ère numérique (Seuil, 2017).

Comment se définit le travail actuellement ?

C’est bien plus que le salariat. La séparation du capitalisme a été de diviser un travail professionnel salarié de ce que j’appelle l’« autre travail », qui enduit loisirs, passions, bricolage, jardinage, cuisine… Avec le digital on retrouve cette idée de continuum entre les tâches professionnelles et l’« autre travail ». Sur les plates-formes, chaque personne peut nouer des contacts avec des pairs inconnus et distants, appeler de nouvelles compétences acquises par autodidaxie. Autant d’expériences et de compétences que l’on peut réutiliser dans son activité salariée. Les frontières deviennent plus poreuses. Plutôt que de nous libérer du travail, nous essayons de libérer le travail.

Quelques entreprises ont du mal à recruter des jeunes diplômés, en quête de sens dans leur travail. Le digital y est-il pour quelque chose.

La question du sens au travail s’est continuellement posée. Dans la culture ouvrière, il y avait un sentiment d’interdépendance très fort, une culture de l’accomplissement de l’objet technique. Présentement, on est dans une société où les emplois de service dominent. Les emplois industriels font face à la robotisation. Là où l’ouvrier avait un rapport direct à la matière, actuellement il est face à des systèmes qu’il doit surveiller.

L’exigence de produire de plus en plus vite et l’intensification de la rivalité ont sacrifié le travail bien fait

Au lieu de parler de sens, je préfère évoquer d’investissement ou de promesse dans le travail. Dans de nombreux champs de l’économie, l’exigence de produire de plus en plus vite et l’augmentation de la compétition ont sacrifié le travail bien fait. C’est l’un des grands reproches qui sont faits actuellement par les salariés, et c’est la source de nombreuses insatisfactions : on n’a plus le temps de bien faire les choses. Or on sait que c’est un grandeur essentielle de l’investissement dans le travail.

Ce qui a changé aussi c’est que le compromis salarial n’est plus le même. On admettait un travail modérément satisfaisant contre la promesse d’une sécurité et d’une rémunération stable. Actuellement, lorsque les jeunes entrent sur le marché du travail, ils savent qu’ils vont enchaîner les CDD avant d’espérer décrocher un CDI. Face à cet itinéraire très précaire, beaucoup font le choix de l’indépendance, tout aussi précaire, mais source d’une sensation d’autonomie.

Dans votre livre vous parlez d’un grand envie d’accomplissement et d’affirmation de soi de la part des travailleurs…

Oui, cette demande d’autonomie est immense. Elle est liée à l’absence de démocratie dans l’entreprise. Les laborieux sont peu consultés, peu associés à l’organisation du travail, et souhaitent une modification majeure des règles du jeu dans l’entreprise. Dans une enquête réalisée par la CFDT, un quart des salariés apprécient qu’ils travaillent mieux « sans chef », et près des deux tiers que la hiérarchie ne leur apporte rien. Aussi, les trois quarts d’entre eux convoiteraient avoir plus d’autonomie.

Dans ces formalités, il n’est pas surprenant que le travail indépendant suscite un tel engouement. Le digital apporte les moyens de mettre en place cette revendication. On voit ainsi apparaître de nouvelles formes de travail extérieures au salariat qui permettent à des outsiders, à des amateurs en voie de professionnalisation de court-circuiter amplement l’organisation des professions : chauffeur VTC, livreur à vélo, plombier ou jardinier amateur, logeur Airbnb, etc.

Sommes-nous tous égaux devant ces nouvelles formes de travail ?

Non, pour les développeurs Web ou les professions intellectuelles, le statut de free-lance est très positif. Mais pour les ouvriers et les employés, les occasions du travail ouvert sont beaucoup plus restreintes. Les chauffeurs d’Uber sont un bon exemple des ambivalences du digital. Ils apprécient cette autonomie, de travailler ensemble pour plusieurs employeurs. Il y a chez eux une non-inclination à l’employeur.

Mais il est urgent que ces laborieux aient les mêmes droits sociaux que les salariés, surtout pour être couverts en cas d’accident du travail ou de chômage. Il est indispensable que ces travailleurs puissent s’organiser. C’est seulement via les organisations de travailleurs et la prise en compte des conflits sociaux que les droits augmentent.

 

La formule gagnante 

Quentin Hugon 
Bien que les risques de appesantisse de travail ou de distance avec la hiérarchie, près d’un tiers des actifs français l’ont choisi. Le futur de l’emploi à l’heure de la transformation digitale sera le sujet des Rencontres économiques et sociétales d’Occitanie (RESO), le mardi 14 mai 2019, à Montpellier.Un air de musique classique changement dans la salle à manger. « L’Andante du trio en sol mineur opus 17 de Clara Schumann », déclare une voix féminine dans l’enceinte. Assis à sa table de travail, entre la bibliothèque et la cage des cochons d’Inde, Gérard reste rivé sur son écran. Comme tous les vendredis, ce fonctionnaire de 61 ans, expert qualité à l’Insee, fait du télétravail. Une forme d’organisation dans laquelle « un travail qui aurait aussi pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication », indique le Code du travail. « J’ai une heure et demie de transport par jour, déclare Gérard. Alors quand l’Insee a ouvert la brèche, j’ai sauté sur l’occasion. »

Un mécanisme intergénérationnel

Comme lui, 29 % des actifs formant dans un bureau pratiquent le télétravail, soit une augmentation de quatre points par rapport à 2017, selon le dernier baromètre de l’observatoire Actineo. La disposition devrait se réaffirmer : d’après une étude Opinionway pour Horoquartz, 49 % des salariés souhaiteraient bénéficier de ce dispositif. « Le télétravail suscite de l’intérêt dans toutes les générations : les jeunes, qui maîtrisent précisément les outils digitaux et ont une relation au travail très moderne, les salariés en milieu de carrière avec des enfants, les seniors qui veulent avoir plus de souplesse d’organisation et plus de temps libre », note Maximilien Fleury, responsable des relations sociales chez Renault France. Pour coller davantage à leurs attentes, le groupe automobile, qui a été l’un des premiers à expérimenter le travail à distance, vient de réviser son accord signé en 2007. « Nous avions des retours très positifs de la part de nos 3 200 télétravailleurs », assure M. Fleury. Mais le système perdait de souplesse. « Désormais on peut choisir une formule fixe ou variable, à raison de deux jours maximum par semaine, pris en journées pleines ou en demi-journées. »

« L’équilibre des temps de vie est le troisième critère pris en compte par les candidats dans le choix de leur employeur »

Les sociétés s’y retrouvent aussi. « Dans le conseil, on est sur un marché pénurique », déclare Eric Perrier, PDG de Viseo, une entreprise de services digitale qui compte 2 200 assistants, dont 1 300 en France. « Le télétravail, qui n’est pas très développé dans nos métiers, est une manière d’attirer les talents et de les soutenir, en leur permettant de vivre une expérience professionnelle plus satisfaisante. » Le résultat est net : le chef d’entreprise enregistre un taux de fidélité deux fois plus fort chez les télétravailleurs que dans le reste des effectifs. Sabrina Salvatore, responsable RSE et transformation RH au sein du groupe Randstad, dresse le même fait. « L’équilibre des temps de vie est le troisième critère pris en compte par les candidats dans le choix de leur employeur, rappelle-t-elle. Procurer du télétravail est donc un vrai plus en termes d’attractivité. » Un moyen aussi de renforcer aussi. « Un salarié à qui on accorde le télétravail le prend comme une chance. Il aura donc à cœur de montrer qu’on a eu raison de lui faire confiance. » D’après le ministère de l’économie, des finances, de l’action et des comptes publics, le télétravail accepterait aussi de diminuer l’absentéisme de 20 %. Cadre chez PSA à Paris, Stéphanie Ousset, 41 ans, pointe du doigt un autre gain non injurieux pour les entreprises : « Faire des économies de mètres carrés. Cela a été le cas chez PSA. On a minimisé les bureaux attitrés, ce qui nous a autorisés de prendre des locaux abondamment plus petits à Rueil-Malmaison. »

Une solution gagnant-gagnant ?

Malgré cela, beaucoup de sociétés en France traînent encore des pieds. « J’ai beau être soucieuse du bien-être de mon équipe, je ne vois pas comment je pourrais le mettre en place chez moi, assure Brigitte Delmas, présidente de la Papeterie financière, entreprise familiale de 10 salariés spécialisée dans l’édition de registres légaux à Paris. Ce serait ingérable. On a des expéditions tous les jours, des clients à accueillir dans nos bureaux. Quand un assistant n’est pas là, les autres doivent prendre le relais, ce qui est très lourd à porter. »

« Si le salarié n’a pas de bonnes relations avec son manager, la distance risque de créer encore plus de tension »

Le télétravail n’est pas toujours le remède non plus pour le bénéficiaire. « Si le salarié n’a pas de bonnes relations avec son manageur, la distance risque de créer encore plus de tension », précède Daniel Ollivier, créateur et directeur associé du cabinet Thera Conseil, spécialisé dans l’efficience du management. D’où l’importance de bien cadrer le dispositif. Ce que s’essaie par exemple de faire Orange. « On limite le télétravail à trois jours par semaine, avec obligation de passer au moins deux jours dans son unité de rattachement pour garantir le collectif », déclare Martine Bordonné, directrice de projet digital et nouveaux modes de travail. Le jeu en vaut vraiment la chandelle, assure également Baptiste Broughton, cofondateur et directeur général de la plate-forme Neo-nomade. « Quand le télétravail est bien pensé, c’est un vrai résultat gagnant-gagnant, et un progrès pour la société : moins de gens sur les routes, donc moins de pollution et moins de risques d’accident. »

Le programme RESO 2019

Les 1resRencontres économiques et sociétales d’Occitanie (RESO) se soutiendront mardi 14 mai 2019, de 9 heures à 17 h 30, au Corum de Montpellier, place Charles-de-Gaulle, 34000 Montpellier.

L’agriculture connectée

le premier capteur sur les feuilles est un capteur de chrolophylle et de flavonol des feuilles. Il mesure la quantité de chrorophylle dans les feuilles et permet de détecter des stress (hydrique ou carence azoté de la vigne). Le capteur intègre une puce GPS pour pouvoir faire des mesures en parcelles.
le premier capteur sur les feuilles est un capteur de chrolophylle et de flavonol des feuilles. Il mesure la quantité de chrorophylle dans les feuilles et permet de détecter des stress (hydrique ou carence azoté de la vigne). Le capteur intègre une puce GPS pour pouvoir faire des mesures en parcelles. Mas Numérique
Rubrique au Mas numérique, laboratoire vivant de la viticulture 4.0 à l’Hérault, à la circonstance des Rencontres économiques et sociétales d’Occitanie (RESO) sur le futur de l’emploi à l’heure de la transformation numérique, le mardi 14 mai 2019, à Montpellier.

« Bonjour, risque mildiou sur la parcelle A. Mardi 23 avril. » Il est 8 heures et le responsable du Mas digital de SupAgro Montpellier vient d’acquérir un texto d’alerte. Établi sur le domaine du Chapitre, à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), le Mas numérique est un laboratoire vivant de la viticulture 4.0, soutenu par une quinzaine d’entreprises partenaires. Ici il n’y a pas encore de robot ramasseur ou de tracteur autonome, mais des outils numériques déjà exploités et mis à l’épreuve de la réalité du terrain. « Il ne faut pas croire que le numérique va régler tous les problèmes de l’agriculture, pose d’emblée Thomas Crestey, garant du site, mais le potentiel est important. Notre cheval de bataille, c’est d’être rationalistes et de trouver des solutions accessibles et simples pour aider les agriculteurs et les former. »

La station météo, enfoncée en plein milieu du domaine, fait partie des outils branchés symboliques de l’agriculture digitale, de plus en plus adoptée par les agriculteurs. Elle calcule en constance la température, l’hygrométrie, la pluviométrie, l’humectation des feuilles… Des données précieuses qui admettent de nourrir un algorithme de calcul de risque de développement des maladies de la vigne. Mais aussi de mesurer précisément la vitesse du vent et d’honorer la codification qui impose de ne pas traiter au-dessus de 19 km/h.

Détermination et tâtonnement

Dans « la réserve phyto », un boîtier admet de scanner tous les produits utilisés chaque jour. Un gain de temps immense pour les agriculteurs qui doivent faire une déclaration pour chaque traitement. Du fait des multiples codifications et engagements, plus de la moitié dédient entre 5 et 10 heures par semaine aux démarches administratives, selon un baromètre Terre-net Bva réalisé en 2015. « Le boîtier est ultérieurement embarqué dans le tracteur avec une balise GPS, ce qui permet de suivre précisément si les traitements ont bien été effectués et les zones traitées, détaille Thomas Crestey. Ce type d’outil est très précieux pour alléger la charge de travail des agriculteurs tout en garant aux attentes de traçabilité. »

« Le numérique va nous admettre d’accélérer la transition, mais ça n’est pas une baguette magique »

Gagner en détermination, la grande valeur ajoutée du numérique. Avec les objectifs du plan Ecophyto 2 de diminuer de 50 % l’utilisation de pesticides d’ici 2025, les exploitations sont contraintes de réaliser des dosages continuellement plus minutieux. Pour appeler l’équivalent de la surface d’un terrain de foot, l’équipe du Mas numérique appose une quantité de produits phytosanitaires qui tiendrait dans une canette de soda. Les tracteurs doivent ensuite rouler à 5 km/h sans excès de vitesse pour apposer la même quantité partout. « L’opinion publique est vent debout contre les pesticides, mais il faut comprendre la réalité de l’agriculteur, ajoute Thomas Crestey. Le passage ne peut pas se mener en deux ans. Nous procédons par tâtonnements et surtout nous travaillons avec le vivant. En agriculture nous n’avons qu’un seul essai par an. Le numérique va nous admettre d’accélérer la transition, mais ça n’est pas une baguette magique. »

 

Ici, comme dans plusieurs exploitations viticoles, les tracteurs ont plus de 20 ans. Dans ces conditions, comment répondre à ces objectifs de détermination sans de lourds investissements dans des machines dernier cri ? L’équipe de Thomas Crestey mise sur de petits objets connectés. Sur le tracteur un débitmètre et un GPS ont été établis. Le conducteur peut suivre sur son smartphone si le flux d’épandage est constant et la vitesse de 5 km/h respectée. Des capteurs ont été additionnés sur les tracteurs pour alerter le chef d’exploitation toutes les 200 heures d’utilisation afin de procéder à sa révision. Un moyen simple de prévoir les casses machines.

Des solutions multiples

Mais pour voir tout le potentiel de l’agriculture digital, il faut se tourner vers les autres filières. « Dans les grandes cultures et surtout l’élevage bovin, [ces outils] sont plus communs dans les usages, juge Guillaume Vigneron, ingénieur innovation chez Smag, un éditeur de logiciels pour l’agriculture collaborateur du Mas numérique. La filière viticole est la dernière à [les] intégrer. » Selon les chiffres de l’Observatoire des usages de l’agriculture numérique, 77 % des éleveurs de vaches laitières utilisent des outils numériques pour la gestion de la reproduction.

« Agriculteur, c’est un métier de terrain, humain, cyclique, varié, en pleine mutation »

Devant cette explosion de solutions numériques, les agriculteurs contrôlent le manque de communication entre les outils. « Ils sont parfois obligés de réintégrer plusieurs fois les données dans différents outils, ce qui est une perte de temps infini, pointe Guillaume Vigneron. L’objectif est de faire transmettre les solutions ensemble. On voit aussi apparaître le métier de designer UX et UI dans notre secteur pour abréger les interfaces, les rendre plus ergonomiques. » Côté conscription, tous les professionnels espèrent que le développement des nouvelles technologies va éveiller des vocations. « Il y a un décalage important entre la reproduction du métier d’agriculteur et la réalité, regrette Thomas Crestey. C’est un métier de terrain, humain, cyclique, varié, en pleine mutation. Là où les produits phytosanitaires acceptaient de ne pas trop comprendre ce qui se passe aux champs, il va falloir des têtes pensantes pour analyser les données et prendre les bonnes décisions. »

 

Les perspectives économiques de la Commission européenne

Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes, à Bruxelles, le 7 mai.
Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes, à Bruxelles, le 7 mai. ERIC VIDAL / AFP
Les gouvernants européens qui doivent se rassembler, jeudi 9 mai à Sibiu (Roumanie), pour exprimer de l’avenir de l’Union européenne (UE), posséderaient sans doute préféré partir avec des prévisions économiques de meilleur augure. Celles que la Commission européenne a montrées, mardi 7 mai, n’ont rien de tranquillisant.

Elles témoignent une diminution très nettement perceptible, surtout en Allemagne, et l’ascension des périls. Pour la deuxième fois successive, l’institution communautaire abaisse ses perspectives d’accroissement du produit intérieur brut (PIB) pour 2019 à 1,4 % désormais pour l’ensemble de l’UE, et à 1,2 % pour la zone euro. En février, elle prédisait encore 1,5 % de croissance pour l’UE et 1,3 % pour la zone euro.

Distensions entre Pékin et Washington

En cause, principalement, le retard de la croissance chinoise et les anxiétés liées au commerce mondial, à débuter par les risques d’escalade protectionniste entre la Chine et les Etats-Unis. Le Brexit, qui n’a continuellement pas eu lieu faute de majorité politique au Royaume-Uni sur un traité de séparation, n’arrange rien. « Les risques qui entourent [nos] perspectives restent élevés », précède Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission pour l’euro et le dialogue social.

« Sur le plan externe, ils ont trait à une augmentation des conflits commerciaux ainsi qu’à la faiblesse des marchés émergents, surtout la Chine. En Europe, nous devrions demeurer attentifs à l’éventualité d’un “Brexit sans accord”, aux anxiétés politiques et à un possible retour du cercle vicieux entre emprunteurs souverains et banques », déclare le politique letton.

Depuis Washington, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a elle aussi tranché « impératif » mardi que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis s’adoucissent : « Elles représentent une menace sur l’économie mondiale », a-t-elle évalué.

La situation allemande effraye notamment à Bruxelles. Le modèle de la première économie européenne est sous pression : tournée vers l’exportation, et encore très dépendante de son industrie automobile en pleine mutation, elle n’a cessé de ralentir ces derniers mois. Mardi, la Commission a réaffirmé qu’outre-Rhin, le PIB ne pourrait croître que d’un tout petit 0,5 % en 2019. Berlin découvrait encore le double en janvier, presque quatre fois plus en octobre 2018 (1,8 %).

L’Italie, le « maillon faible »

L’Italie reste examinée comme le « maillon faible » de la zone euro, avec une croissance atone (+ 0,1 % en 2019), un défaut public bien au-delà des recommandations liées au Pacte de stabilité et de croissance (- 2,5 % du PIB en 2019 et même – 3,5 % en 2020) et, principalement, une dette publique continuellement étendu (133,7 % du PIB), la plus forte de la zone euro après celle de la Grèce (174,9 % du PIB). Bruxelles avait réussi à apaiser le jeu avec le gouvernement populiste (du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, d’extrême droite) à l’automne 2018, mais les tensions domineraient reprendre juste après les élections européennes, début juin, quand la Commission éditera ses « recommandations » pays par pays.

Lundi 6 mai, Sebastian Kurz, le chancelier autrichien, n’a pas délibéré à présenter du doigt la situation transalpine, dans un entretien à la Stampa : « L’Italie risque de menacer l’ensemble de la zone euro si l’Union européenne ne durcit pas ses règles en matière d’endettement public excessif. »

Est-ce un moyen, pour le jeune dirigeant, qui gouverne en alliance avec le parti d’extrême droite FPÖ, de mettre en garde contre une coalition des populistes (italiens, autrichiens, hongrois….), à droite de sa famille politique européenne, les conservateurs du PPE ? Des sanctions pour les pays européens surendettés « empêcheront l’Italie, par exemple, de finir comme une deuxième Grèce à cause de politiques d’endettement irresponsables », a fait valoir le chancelier au quotidien italien. C’est le seul moyen « d’éviter que l’Italie ne mette toute la zone euro en danger », a-t-il dclaré.

« Nouvelles réformes propices à la croissance »

En rapprochement, la situation française paraît clairement plus désirable, avec une croissance dans la moyenne haute cette année (1,3 % du PIB). Une prévision pratiquement équivalente à celle de la Banque de France, qui table sur une hausse de 1,4 % en 2019. En revanche, l’Hexagone reste en queue de peloton européen pour son déficit public (encore 3,1 % du PIB prévu en 2019), ce qui laisse peu de marges de manœuvre au gouvernement Philippe pour accomplir la promesse du président Macron de réduire l’impôt sur le revenu des Français. Quant à la dette publique, elle devrait poursuivre à se rapprocher gravement des 100 % du PIB, à 99 % cette année.

Ce tableau général absorbant donnera-t-il des références aux tenants des réformes en zone euro ?

« L’économie européenne tient bon face à une conjoncture mondiale moins convenable et à des anxiétés persistantes. Nous devrions toutefois nous tenir prêts à porter plus de soutien à l’économie si nécessaire, en parallèle avec de nouvelles réformes propices à la croissance », a prévenu le commissaire à l’économie Pierre Moscovici.

Le Conseil européen de fin juin aurait à cet égard aménagé un rendez-vous important : les dirigeants de l’Union devraient enfin y décider des modalités adoptes pour l’embryon de budget de la zone euro homologué fin 2018. A condition que les Pays-Bas et la dizaine de petits pays qu’ils allient ne poursuivent pas à torpiller ce projet porté par la Commission Juncker et le président Macron.

Les futurs médecins ne veulent plus donner plus de sacrifice

ANNA WANDA GOGUSEY

Les nouveaux internes aspirent à plus de stabilité, au grand préjudice de certains de leurs aînés pour qui la médecine est un sacerdoce.

« On observe encore le médecin comme une personne à part, qui doit s’accorder totalement à son métier et éponger tous les problèmes de la société. On nous en demande beaucoup… » Trop ? Amina – dont le prénom a été changé – n’est pas loin de le penser. Chaque semaine, elle dédie entre soixante et quatre-vingts heures à l’hôpital. Depuis trois ans, cette étudiante de 28 ans est interne en psychiatrie en Champagne-Ardenne.

Passage obligatoire pour, chaque année, 8 000 étudiants en médecine, l’internat se compose de stages continus dans des centres hospitaliers, sur trois à cinq ans selon les branches. Lourdes journées d’examens, gardes de nuit, week-ends d’astreinte, tâches officielles et cours à l’université en parallèle… Cette période très intense ne permet pas toujours aux futurs médecins de dégager un temps de repos suffisant à leurs yeux.

Avant-goût d’un métier très captivant, l’internat sonne comme une alarme pour une nouvelle génération d’internes avide d’équilibrer vie professionnelle et vie personnelle. Amina a fréquemment le sentiment de devoir renoncer à des parts importantes d’elle-même. Femme engagée depuis toujours, elle a été contrainte de délaisser les associations antiracistes et féministes dans lesquelles elle est compromise. L’interne en psychiatrie aimerait aussi avoir le temps, chez elle, de cultiver son potager, et ainsi recouvrer le goût des aliments faits maison. « La médecine est mon travail, pas mon identité globale », veut-elle rappeler.

Soixante heures de travail chaque semaine

Son cas n’est pas le seul. Sur les réseaux sociaux, des internes relaient les respirations de cette nouvelle génération qui ne perçoit plus tout sacrifier à la médecine. Aviscene (son pseudo sur les réseaux) est l’un d’eux : il comptabilise 60 000 fans sur Facebook et enregistre en moyenne 30 000 vues sur ses vidéos YouTube, dans lesquelles il raconte son quotidien à l’hôpital. « Oui, les jeunes médecins ordonnent débuter à 8 heures et finir à 18 h 30 : et alors ? », lance-t-il sans détour. L’interne de 25 ans, en quatrième semestre de médecine générale dans la région lilloise, avoue ne pas vouloir « faire partie de ces professionnels qui arrivent à l’hôpital à 7 heures, partent à 21 heures, et n’ont jamais le temps de voir leurs enfants ».

Il faut terminer avec la séparation verticale et horizontale de la fonction publique

Le spécialiste en science des organisations offre des chemins de réflexion pour que la réforme de l’ENA bénéficie à l’ensemble de la fonction publique

Derrière la cession projetée de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et des grands corps, se représente un chantier bien plus sérieux (et où se situent les réels enjeux), celui de toute la fonction publique. Quelques pistes d’idées peuvent être présentées, en sus bien sûr des essentiels réformes « amont » de notre système éducatif.

Il faut écarter de tout concours administratif ce qui avait miné la conformité du concours de l’ENA, à savoir la nécessité d’une longue préparation, celle-ci ayant pour effet d’évincer de multiples candidatures pour défaut de support financier familial vacant sur plusieurs années. Le travail « ordinaire », c’est-à-dire l’expérience professionnelle acquise dans la société civile, doit être une modalité de préparation parmi d’autres.

Corollaire positif de cette cession, mettre en place des critères précis mais ouverts admettant à toutes les formes d’excellence (scolaire, mais aussi associative, artistique, sportive, professionnelle de tous corps de métiers) de venir taper à la porte de la fonction publique, sur la base d’un dossier assemblant des éléments prouvant les qualités mises en avant, complété le cas échéant d’un entretien doté d’une trame précise tenue à la connaissance des candidats.

Evaluation formative

En matière d’estimation professionnelle, passer d’une culture de la notation chiffrée, infantilisante, à une culture de l’évaluation formative, c’est-à-dire assistant aux progrès de sa pratique professionnelle et de ses compétences, mais sans traduction chiffrée et sans conséquence en termes d’amélioration. Cette évaluation formative pourrait être réalisée plusieurs fois par an (par exemple, tous les trois ou six mois) ou encore à la sollicitation du fonctionnaire à n’importe quel moment. Elle serait alors perçue comme un soutien, non comme une menace.

Un ancien militaire doit pouvoir solliciter en administration centrale de l’éducation nationale, et un ancien maître, au ministère des finances

L’appréciation dite « sommative » à enjeu d’accroissement, de prime ou de promotion peut poursuivre d’être réalisée, mais sur une base moins fréquente, par exemple, tous les trois ans, ou à la requête du fonctionnaire (mais pas plus d’une fois par an).

En termes de gestion des carrières, mettre fin à la séparation des fonctions publiques. Un ancien militaire doit pouvoir postuler en administration centrale de l’éducation nationale, et un ancien enseignant, au ministère des finances. Ceci admets de mettre fin non seulement aux grands corps, mais aux corps ministériels tout court, qui tendent à former les postes clés de leur ministère respectif en chasse gardée.

 

Retraites : un ans et demis de « débat» au goût d’inachevé

Un « sentiment d’inutilité » existe chez les partenaires sociaux qui font cette semaine une dernière série de réunions avec Jean-Paul Delevoye.

La fin du premier chapitre arrive. Depuis le lundi 6 mai et jusqu’au vendredi suivant, Jean-Paul Delevoye effectue une dernière série de meeting avec les partenaires sociaux sur le débat de la réforme des retraites. Le haut-commissaire qui s’occupe de ce chantier titanesque parachève ainsi une concertation ouverte durant l’automne 2017. A l’ordre du jour des ultimes rendez-vous : la « transition entre l’emploi et la retraite » et les « nouveaux droits en faveur des jeunes et des aidants ».

Les ordonnances d’employeurs et de salariés, au terme de ce long exercice, s’écoutent au moins sur deux points : M. Delevoye leur a octroyer une attention très forte, et les débats virent d’une grande tenue. Frédéric Sève (CFDT) parle d’un processus « de qualité qui a permis de mettre les sujets sur la table ». « Nous avons pu bien travailler lors des rencontres bilatérales, avec des documents qui nous étaient remis plusieurs jours à l’avance, ajoute Pascale Coton (CFTC). Il fallait bien un an et demi pour arriver à un tel projet puisqu’il s’agit de faire converger quarante-deux régimes. »

« Nous avons pu faire le point sur le système et mener des discussions intéressantes, qu’il serait bienvenu de capitaliser lors de la rédaction de la loi, en dépit des désaccords que nous pouvons avoir avec M. Delevoye », déclare Eric Chevée, de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). « Je crois qu’il n’y a pas beaucoup de personnalités qui auraient pu remplir cette mission comme il l’a fait, juge Alain Griset, président de l’Union des sociétés de proximité (artisans, commerçants, professions libérales). Il a bien compris les caractéristiques de nos adhérents. »

Des députés de la majorité, en pointe sur le dossier, se présentent encore plus apologique à l’égard du haut-commissaire. « Jean-Paul Delevoye a su voir le chemin de la pédagogie et de l’explication, ce qui était loin d’être évident », déclare Laurent Pietraszewski, élu LRM dans le Nord. « C’est quelqu’un de bienvaillant, à l’écoute et qui a ouvert toutes les portes. Sa méthode de travail est à reproduire, pour d’autres réformes », ajoute  Corinne Vignon, députée macroniste de Haute-Garonne. Présidente du Comité de suivi des retraites et en parlant à titre personnel, Yannick Moreau observe, elle aussi, que la concertation a été approfondie, et qu’elle a donné la possibilité d’approcher « de nombreux sujets avec des documents dont on peut apprécier le sérieux » : « Les personnes suivant la préparation de la réforme – en raison de leurs fonctions parlementaires ou d’expertise, ou encore de journaliste – ont, en effet, pu, après chaque étape, avoir conscience de ces documents, ce qui est rare. »