Assurance-chômage : « Cette réforme va fabriquer des pauvres »

Attendue avec appréhension par les allocataires de Pôle emploi, la réforme de l’assurance-chômage entre en vigueur vendredi 1er novembre.

Par Publié aujourd’hui à 11h06

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Ils font partie des quelque 6 millions d’individus inscrits à Pôle emploi, sans aucun travail ou avec une activité réduite. Chacun d’eux a évidemment entendu parler de la réforme de l’assurance-chômage, qui commence à entrer en vigueur à partir du vendredi 1er novembre. Contactés par le biais de l’association Solidarités nouvelles face au chômage ou après un appel à témoignages lancé sur Lemonde.fr, ils racontent, sous un prénom d’emprunt, leur parcours et expriment leur appréhension face à des règles nouvelles qu’ils trouvent injustes.

« C’est vraiment dégueulasse. Est-ce que l’on veut que les gens bossent à n’importe quel prix ? »

Marc était technicien en génie civil dans « l’industrie du BTP » lorsqu’il a perdu son emploi, en 2017. Depuis, ce trentenaire, domicilié au sud de l’Alsace, a décroché quelques CDD – dans un établissement hospitalier puis au sein d’une entreprise de tissage. Dans les dispositions appliquées à compter de vendredi, il y en a une qui le préoccupe beaucoup : celle sur l’augmentation du temps de travail requis pour reconstituer son capital de droits à l’assurance-chômage.

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A l’avenir, « il faudra que je trouve des contrats de plus de six mois » – ce qui n’a rien d’évident dans une économie où l’écrasante majorité des embauches s’effectue pour un mois ou moins. La dégressivité des allocations pour les personnes ayant des rémunérations élevées lorsqu’elles étaient en poste représente un autre changement qu’il désapprouve : « C’est vraiment dégueulasse. Ça va juste augmenter la précarité. Est-ce que l’on veut vraiment que les gens bossent à n’importe quel prix ? »

« Je suis anesthésiée »

Ce sentiment d’injustice, Laura, 45 ans, l’éprouve elle aussi, au plus profond d’elle-même. Employée par une société privée de garde d’enfants à domicile, dans la banlieue sud de Paris, elle va chercher un écolier à la sortie des cours et lui fait faire ses devoirs. Cette activité à temps partiel lui rapporte un tout petit salaire : un peu moins de 500 euros par mois. Elle touche par ailleurs l’aide personnalisée au logement (APL), qui couvre une large partie de son loyer, et sa mère lui apporte souvent une aide financière – jusqu’à 600 à 700 euros, certains mois.

La réforme ? « Ça ne changera rien. Ça ne servira qu’à enfoncer les plus démunis, à appauvrir les plus pauvres. » Elle aimerait faire plus d’heures mais le prestataire pour lequel elle travaille « n’en trouve pas » pour elle. Et les propositions que Pôle emploi lui envoie ne correspondent pas à ce qu’elle recherche. « Je suis anesthésiée », lâche-t-elle.

Mariage PSA-Fiat Chrysler : Paris et Rome affichent une bienveillante neutralité

Des deux côtés des Alpes, autorités publiques et syndicats sont conscients de la nécessité de nouer des alliances pour peser face à la concurrence.

Par et Publié aujourd’hui à 10h59

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Des deux côtés des Alpes, la perspective d’un mariage PSA-Fiat Chrysler ne suscite pas de levée de boucliers. La preuve sans doute que, dans ce secteur, gourmand en investissements pour faire face aux défis de la mobilité (connectée, électrifiée, autonome), chacun paraît convaincu que la taille est un gage de survie.

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A l’annonce de l’opération, les exécutifs français et italien ont adopté un ton sobre et prudent, soucieux visiblement de ne pas hypothéquer le « deal ». « Nous suivons les derniers développements Fiat Chrysler avec beaucoup d’ouverture », a commenté mercredi 30 octobre la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye. L’Etat français détient 12 % de PSA par l’intermédiaire de la banque publique BPI. Le ministre italien de l’industrie, Stefano Patuanelli, a, de son côté, déclaré que l’Italie, qui ne détient aucune participation dans Fiat Chrysler (FCA), suivrait de près l’évolution des discussions tout en disant ne pas souhaiter commenter davantage une « opération de marché ».

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Dans les deux pays, la principale préoccupation est celle de l’emploi. En Italie, Fiat Chrysler emploie 58 000 salariés dans des usines, en surcapacité chronique. « Il est vital de préserver les sites » FCA en Italie, a souligné le vice-ministre de l’économie, Antonio Misiani, mercredi, lors d’un forum de l’agence italienne spécialisée sur les questions économiques et financières, RadioCor, après l’annonce des négociations entre les deux groupes. PSA emploie dans sa division automobile (hors l’équipementier Faurecia) 117 000 salariés dans le monde, dont 53 000 en France. Dans l’Hexagone, PSA compte 5 usines de production de voitures et 12 sites de production de composants et fonderies. Dans le communiqué commun publié jeudi 31 octobre, les deux groupes se veulent rassurants, affirmant que les synergies attendues de cette fusion « ne sont pas fondées sur des fermetures d’usine ».

« Dynamique industrielle positive »

Du côté syndical, les premières réactions en Italie ont été plutôt encourageantes, malgré les craintes concernant le coût social de l’opération. « Il pourrait y avoir des “superpositions”, mais un bon plan industriel peut dépasser ces difficultés tout en garantissant l’emploi en Italie », veut ainsi croire Marco Bentivogli, dirigeant de la branche métallurgie du syndicat FIM-CISL.

Le ton est quasi identique en France du côté de FO. Le premier syndicat de PSA entend, bien sûr, se montrer « particulièrement vigilant sur l’impact social » mais n’en souligne pas moins la « dynamique industrielle positive » d’un projet « attrayant sur le plan industriel ». Avec la conviction qu’il est « préférable de produire 9 millions de véhicules plutôt que 4, compte tenu des mutations profondes du secteur, notamment les conséquences de la transition énergétique ». Patrick Michel, secrétaire FO du comité de groupement de PSA, voit ainsi « pas mal d’avantages » à un rapprochement PSA-Fiat Chrysler, dont « l’accès au marché américain ». Et « pour Fiat, l’intérêt est d’accéder à une technologie qui lui permettra de respecter les futures normes d’émission de CO2 ».

Indemnités chômage : ce qui change au 1er novembre

Coup de rabot sur les droits rechargeables, diminution des allocations pour les hauts revenus, indemnités pour les démissionnaires et les indépendants… La réforme de l’assurance-chômage aura un impact très concret sur le quotidien de nombreux bénéficiaires dès le 1er novembre. Au-delà des effets d’annonce, le point sur les véritables changements à venir pour les demandeurs d’emploi.

Par Publié aujourd’hui à 08h42

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« A partir du 1er avril 2020, les indemnités chômage seront calculées non plus sur les seuls jours travaillés, mais sur le revenu mensuel du travail » (photo : dans une agence Pôle emploi à Dijon).
« A partir du 1er avril 2020, les indemnités chômage seront calculées non plus sur les seuls jours travaillés, mais sur le revenu mensuel du travail » (photo : dans une agence Pôle emploi à Dijon). AFP/JEFF PACHOUD

Définies par deux décrets publiés dans le creux de l’été, les premières dispositions de la réforme de l’assurance-chômage entreront en vigueur dès le 1er novembre. L’objectif est double : réduire la voilure sur les indemnités versées afin de remettre d’aplomb les finances de l’Unédic, tout en ouvrant de nouveaux droits aux porteurs de projets afin de fluidifier davantage le marché du travail.

Si les salariés en reconversion et les créateurs d’entreprise pourront tirer profit – sous conditions – de la réforme, les travailleurs précaires et les ex-cadres à haut revenu, quant à eux, verront leurs conditions d’indemnisation se durcir.

Analyse des principales mesures avec l’aide de l’avocat spécialiste en droit du travail Bruno Drye, du cabinet Drye-De Bailliencourt et Associés et membre du réseau Eurojuris.

Droits rechargeables : au cœur de la réforme de l’assurance-chômage, le coup de rabot porté aux droits rechargeables représente l’essentiel des 3,4 milliards d’euros d’économies attendus. Mis en place en 2014, ce dispositif permet aux allocataires alternant chômage et contrats courts de voir leur indemnisation prolongée d’une durée équivalente aux périodes d’emploi.

En clair, il suffisait jusqu’ici d’avoir travaillé au moins l’équivalent d’un mois (150 heures) pendant sa période d’indemnisation pour la voir rallongée d’un mois supplémentaire, un jour travaillé équivalant à un jour indemnisé. Désormais, il faudra avoir cumulé au moins six mois travaillés à temps complet pendant sa période d’indemnisation (de deux ans en général) pour percevoir ses allocations pendant six mois supplémentaires. Si le demandeur d’emploi se retrouve en deçà de ce seuil, même après avoir cumulé plusieurs CDD, le versement de ses indemnités ne se sera pas prolongé.

Ouverture des droits à l’assurance-chômage : la même logique s’appliquera à l’ouverture des droits à l’assurance-chômage. Il faudra désormais avoir travaillé au minimum six mois à temps plein sur les deux dernières années (soit 910 heures), petits boulots et temps partiels compris, pour ouvrir ses droits.

Vous êtes souvent en déplacement loin de chez vous entre TGV, avion, voiture… Racontez-nous

Vous êtes chef d’entreprise, cadre, commercial·e… Votre travail implique des déplacements fréquents pour naviguer d’une mission, d’une expertise ou d’un rendez-vous à l’autre. Avec votre valise pour compagne, vous sautez d’une voiture à un TGV ou un avion ; les gares, les aéroports ou les stations d’autoroutes sont pour vous des environnements familiers. Il vous arrive de passer régulièrement quelques jours loin de votre domicile, voire vous avez choisi d’habiter seul·e dans un second logement principal pour ne retrouver votre famille que le week-end.

Comment vivez-vous ces déplacements incessants ? L’attente dans les halls de gare et d’aéroport, les heures de trajet et les changements d’environnement génèrent-ils de l’épuisement ? Quel impact cette hypermobilité a-t-elle sur votre vie personnelle ? Etes-vous parvenu·e à y trouver un équilibre et du sens ? Aspirez-vous à retrouver un ancrage territorial ?

Décrivez-nous votre situation et votre ressenti. Votre témoignage, que nous lirons avec attention, pourra être utilisé dans le cadre d’un article à paraître dans Le Monde sur ce sujet. N’oubliez pas de mentionner un numéro de portable ainsi qu’une adresse électronique que vous consultez souvent : nous pourrions être amenés à vous contacter pour des précisions. Votre anonymat pourra être préservé si vous en faites la demande.

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Australie : la chaîne de supermarchés Woolworth a massivement sous-payé des milliers d’employés

L’une des plus grandes enseignes de distribution du pays doit 300 millions de dollars australiens, plus de 185 millions d’euros, aux employés lésés.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 11h29

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L’entrée d’un supermarché Woolworths à Sydney.
L’entrée d’un supermarché Woolworths à Sydney. Jason Reed / REUTERS

Les affaires de « vol de salaire » se multiplient en Australie. Mercredi 30 octobre, le géant australien de la grande distribution Woolworths a admis avoir sous-payé des milliers d’employés, leur devant un montant total de 300 millions de dollars australiens (185,45 millions d’euros). Woolworths, une des plus grandes chaînes de supermarchés du pays, a estimé qu’environ 5 700 de ses employés ont été sous-payés depuis 2010, constituant le plus gros scandale de sous-rémunération d’une longue série en Australie.

« Nous présentons nos excuses sans réserve », a déclaré le PDG Brad Banducci cité dans un communiqué. « La priorité absolue du groupe Woolworths est de résoudre ce problème et de s’assurer qu’il ne se reproduira pas », a-t-il affirmé. Woolworths a fait savoir qu’il effectuerait des paiements rétroactifs, comprenant les intérêts et les cotisations retraite, avant Noël.

« Récemment, nous avons vu un nombre inquiétant de grandes entreprises admettre publiquement qu’elles ont sous-payé leur personnel », a souligné Sandra Parker, de Fair Work Ombudsman, agence indépendante spécialiste du droit du travail. « Certains de ces problèmes remontent à de nombreuses années et plusieurs représentent des millions de dollars dus aux salariés », selon elle.

De nombreux précédents dans le pays

Le gouvernement australien a annoncé le mois dernier qu’un texte était en préparation visant à imposer des sanctions pénales aux employeurs qui sous-paient leur personnel de manière délibérée. Le ministre des relations industrielles, Christian Porter, a proposé que les coupables de tels faits puissent être passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement.

De grands noms d’entreprises australiennes comme la Commonwealth Bank, la chaîne de télévision publique ABC ou encore le conglomérat australien Wesfarmers ont reconnu cette année avoir sous-payé leur personnel, devant des montants s’élevant à des millions de dollars. La compagnie aérienne Qantas a, elle, admis avoir sur ou sous-payé plus de 200 salariés après les avoir embauchés sur des contrats erronés.

De tels scandales ont également éclaboussé l’industrie hôtelière ces derniers mois, alors que de nombreux chefs ont admis ne pas avoir rémunéré des personnels de manière adéquate. La chaîne de magasins de proximité 7-Eleven a remboursé son personnel de plus de 160 millions de dollars australiens (98,86 millions d’euros) et a dû s’acquitter d’un total d’amendes de 1,8 million de dollars australiens après la découverte que ses franchises avaient systématiquement sous-payé leurs employés.

Entre les deux constructeurs, une relation de plus de trente ans

L’hypothèse d’un rapprochement entre les deux constructeurrs a déjà été évoquée par le passé. L’opération n’avait finalement pas abouti.

Par Publié aujourd’hui à 11h00, mis à jour à 11h02

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Fiat Chrysler Automobiles PSA discute d’un rapprochement avec PSA.
Fiat Chrysler Automobiles PSA discute d’un rapprochement avec PSA. HAROLD CUNNINGHAM,DANIEL ROLAND / AFP

C’était un projet de longue date de Sergio Marchionne, le charismatique administrateur délégué de Fiat Chrysler automobiles (FCA), disparu brusquement en juillet 2018. Pour l’homme qui avait sauvé, au début des années 2000, ce monument en péril de l’industrie italienne, le groupe FCA n’avait, à terme, d’autre solution que de trouver un allié pour se renforcer. Pour s’ouvrir de nouveaux marchés, bien sûr, notamment en Asie, mais aussi parce que l’effort de redressement des comptes de Fiat avait eu pour conséquences un certain sous-investissement en recherche et développement, qui pourrait s’avérer fatal à l’heure des révolutions technologiques et écologiques vécues par l’industrie automobile.

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Pour cela, PSA était le partenaire idéal. D’abord, en raison des fortes complémentarités opérationnelles existant entre les deux groupes – déjà en 1988 les constructeurs ont implanté une usine commune de véhicules utilitaires à Hordain (Nord) –, mais aussi pour une raison plus diffuse, liée au poids de la famille Peugeot dans la gouvernance du groupe français.

Entreprise fondée en 1899 à Turin par Giovanni Agnelli et restée sous le contrôle exclusif des héritiers du fondateur, l’ancien groupe Fiat a connu ces dernières années de nombreuses mutations, notamment avec le rachat de Chrysler, en 2009, au plus fort de la crise mondiale. Mais il n’a pas cessé d’être avant tout un groupe familial, aujourd’hui présidé par John Elkann, chef de la cinquième génération des héritiers Agnelli, qui à travers la holding Exor, dont la famille est l’actionnaire majoritaire, contrôle 29 % du capital.

Changement de cap

John Elkannne rate pas une occasion de rappeler son attachement au modèle familial, et consacre une grande partie de son temps à cultiver de bons rapports entre les Agnelli et les autres grandes dynasties industrielles. Dans cette logique, au printemps 2019, à la veille d’annoncer un accord de rapprochement avec l’alliance Renault-Nissan, John Elkann avait tenu à rencontrer le chef de la famille Peugeot, Robert Peugeot, pour l’informer personnellement de cette décision, qui mettait un terme définitif, pensait-on alors, à des années d’un patient travail d’approche entre les deux familles.

Engie projette la fermeture de trois centres d’appels, soit 450 suppressions de postes

L’ex-GDF Suez a annoncé aux syndicats une réorganisation de ses centres d’appels en France

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 07h05, mis à jour à 09h53

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Le fournisseur historique de gaz Engie se prépare à la fin des tarifs réglementés que la loi Pacte a programmée pour 2023. L’ex-GDF Suez a annoncé aux syndicats une réorganisation de ses centres d’appel en France, soit 450 suppressions d’emplois, a déclaré, mardi 29 octobre, le syndicat Force ouvrière, majoritaire dans ce secteur.

Les tarifs réglementés, qui concernent 4,1 millions de foyers, sont voués à disparaître dans quatre ans au nom de la concurrence. Dans cette optique, les centres d’appels de la division des tarifs réglementés de Toulouse (Haute-Garonne), Villeurbanne (Rhône) et Bagneux (Hauts-de-Seine), ainsi que de deux sites de support (RH, finance, etc.) à Paris-Montparnasse et Lyon, devraient fermer, avec 450 emplois concernés, explique Gildas Gouvazé, représentant FO. « Il faut se souvenir qu’en 2009, GDF Suez ne comptait pas moins de 32 centres d’appels en France. Plus de 90 % ont été externalisés ou délocalisés, au Maroc, en Tunisie, à Madagascar, etc. », rappelle-t-il.

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Mesures d’accompagnement

Engie ne compte plus que neuf centres d’appels en France, dont deux pour la branche grand public qui propose des offres de marché, et sept pour la division des tarifs réglementés. Quatre de ces derniers – Quimper, La Baule, Annecy et Montpellier – vont basculer dans la branche grand public, explique M. Gouvazé, tandis que les trois centres de Toulouse, Villeurbanne et Bagneux sont promis à la fermeture.

L’entreprise annonce des mesures d’accompagnement – mobilité ou reclassement – pour les 450 postes concernés. « Nous sommes confiants dans notre capacité à gérer cette situation, a expliqué le groupe aux Echos. Nous avons quatre ans devant nous et les sites se trouvent dans des bassins d’emploi suffisamment importants. » Mais « on sort à peine d’un plan de restructuration de 650 postes datant de 2016 et on voit mal comment ça va se faire », s’inquiète-t-il. Le syndicat s’oppose « fermement » aux annonces mais se dit ouvert à une négociation.

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Thomas Cook, ou la mort subite des grandes entreprises

A travers les déboires du géant du tourisme anglais, le professeur de sciences de gestion Armand Hatchuel explique, dans sa chronique, que les règles de l’audit comptable et financier semblent peu adaptées à la complexité des investissements de modernisation des grandes entreprises.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 2 min.

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« La trajectoire [du voyagiste] illustre un dilemme stratégique plus général entre croissance externe, qui vise à une position dominante du secteur, et croissance par l’innovation qui renouvelle le métier » (Palma de Majorque, le 25 septembre).
« La trajectoire [du voyagiste] illustre un dilemme stratégique plus général entre croissance externe, qui vise à une position dominante du secteur, et croissance par l’innovation qui renouvelle le métier » (Palma de Majorque, le 25 septembre). DPA / Photononstop

Chronique « Entreprises ». Il y a un mois, Thomas Cook, une des plus vieilles entreprises anglaises, un géant du tourisme, a fait faillite. Près de 600 000 vacanciers de toutes nationalités se retrouvaient, de par le monde, sans moyen de retour, imposant un rapatriement d’urgence aux frais des contribuables.

Quant aux milliers d’agents et d’hôtels qui avaient fait confiance à Thomas Cook, ils voyaient leurs créances compromises. Les faillites sont courantes mais la mort subite d’une des enseignes les plus établies du tourisme est troublante ! Beaucoup y ont vu la main invisible de la « destruction créatrice » propre aux économies de rupture. Mais ces explications n’ont pas suffi au Parlement anglais dont une commission d’enquête a réuni et publié, en un temps record, une masse de témoignages et de documents sur l’affaire.

Ces données révèlent une course en avant commencée dès 2007, avec une série de fusions et d’acquisitions qui devaient donner à Thomas Cook une taille critique mondiale, quoique au prix d’un endettement massif. Mais les bénéfices escomptés ne sont pas là et, en 2011, Thomas Cook est exsangue et remercie son dirigeant.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi des géants du tourisme font faillite alors qu’il n’y a jamais eu autant de touristes ?

L’équipe suivante s’efforce de recapitaliser l’entreprise, abandonne des filiales et engage la transformation numérique. Mais cette marche forcée passe mal et, en 2015, l’actuelle direction la remplace. Celle-ci développe des partenariats avec des acteurs du Web, comme Expedia, mais l’asphyxie financière menace toujours.

Dilemme stratégique

En 2018, la canicule et les effets du Brexit plombent la maison mère anglaise, et imposent plusieurs tentatives de recapitalisation, notamment avec l’entrée du chinois Fosun. Mais plusieurs hedge funds (fonds spéculatifs) parient sur la faillite de Thomas Cook. Acculés, les dirigeants sollicitent en vain l’aide du gouvernement anglais. La liquidation s’impose.

Ainsi la trajectoire de Thomas Cook ne reflète pas un aveuglement constant face à la mutation digitale du tourisme. Elle illustre un dilemme stratégique plus général entre croissance externe, qui vise à une position dominante du secteur, et croissance par l’innovation qui renouvelle le métier.

Des travaux récents (Laure-Anne Parpaleix, « Le capital-investissement peut-il soutenir durablement la croissance des entreprises ? Etude, modèle et conditions d’un capital-régénération », Thèse PSL/Mines ParisTech 2019) montrent que conduire l’une sans l’autre peut condamner l’entreprise à une oscillation désespérée, sous contrainte d’endettement, entre les deux stratégies.

Le top management s’approprie le Post-it

Maniée désormais par les DRH des entreprises grandes et moyennes, l’étiquette repositionnable est devenue l’accessoire des méthodes de « management agile », explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier dans sa chronique

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 2 min.

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« L’étiquette repositionnable est ainsi devenue l’accessoire des méthodes de management agile ».
« L’étiquette repositionnable est ainsi devenue l’accessoire des méthodes de management agile ». Nathan Alliard / Photononstop

Chronique « Carnet de bureau ». Jaune, vert, rose, le Post-it a mis plus de quarante ans à réaliser son ascension sociale et à s’approprier les bureaux des manageurs. Né à la fin des années 1970 des expériences des chercheurs de la société 3M, Spencer Silver et Art Fry, qui testaient une colle qui ne colle pas, il a longtemps stagné avec la papeterie de base, enfermé dans le tiroir d’un employé, jusqu’à être déposé sur un coin de table pour laisser la trace d’un appel téléphonique à un collègue ou servir d’aide-mémoire aux oublieux.

Aujourd’hui, c’est l’heure de gloire : « Le Post-it est devenu le format standard pour exprimer sa pensée dans les entreprises du XXIe siècle », définit le Petit dictionnaire illustré de l’entreprise, (Diateino) que vient de publier le dessinateur Fix (François-Xavier Chenevat), également amateur des dérives du management.

Les petits papiers multicolores recomposent comme une mosaïque le travail fragmenté

Maniée désormais par les DRH des entreprises grandes et moyennes, dans un nouveau rôle de « stimulateur d’échange » et « vecteur d’hypercollaboration », l’étiquette repositionnable est ainsi devenue l’accessoire des méthodes de « management agile ». Dans les espaces de travail, les équipes « hackent » les bureaux, en en recouvrant les murs ou les vitres. Ces puzzles d’un nouveau genre qui égayent les bureaux permettent surtout d’avoir en permanence sous les yeux les idées ou les axes de travail retenus par l’équipe et de « passer rapidement de la collaboration au travail individuel axé sur la concentration », indique une étude de Steelcase sur « l’hypercollaboration et le travail d’équipe » publiée en septembre.

Nouveau média de l’engagement

Rien de surprenant pour Robert Thomson, professeur de l’université Syracuse de l’Etat de New York. Selon ce spécialiste de la culture populaire, « le Post-it est le reflet d’une vie de plus en plus complexe et de la nécessité de contrôler cette complexité ». De la « to do list » individuelle, pour tenter de contenir l’accélération du rythme de travail et de retenir les informations clés qui s’échappent juste avant la prise de parole, au mur du brainstorming, où se juxtaposent les suggestions de toute une équipe, les petits papiers multicolores recomposent comme une mosaïque le travail fragmenté. Ils collent aussi parfaitement au mode de travail par itération promu par les transformations numériques tous azimuts, de la construction automobile à la bancassurance.

« Au travail, les mouvements du corps disent ce que nous n’exprimons pas avec les mots »

Posture, démarche, position des mains… La communication non verbale a une importance cruciale en entreprise. Tout comme le respect de « l’espace » de chacun, explique la morphopsychologue Martine Tardy.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 06h00

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Faire ses premiers pas en entreprise, c’est apprendre toute une série de codes sociaux et comportementaux. La morphopsychologue Martine Tardy, auteure de Décoder la gestuelle de votre interlocuteur pour mieux le comprendre (éditions Dangles, 2011), livre quelques conseils pour améliorer sa communication non verbale au bureau.

Pourquoi la communication non verbale est-elle importante ?

La communication non verbale, ce sont les éléments d’information qui permettent de communiquer sans passer par la parole. Avoir les bras ou les jambes croisées, par exemple est un signe de repli qui indique qu’on est méfiant par rapport à ce qui va être dit ou fait. Quelqu’un d’extraverti, à l’inverse, aura tendance à placer les épaules en arrière, les mains posées sur les genoux et le torse en avant. Le regard, qui est le tout premier contact que l’on a avec l’autre, celui qui autorise le contact verbal, peut aussi en dire long, de même que la tenue vestimentaire, l’intonation de la voix, l’expression du visage, les mimiques ou le type de sourire. Le « sourire commercial » disparaît tout de suite. Un vrai sourire met toujours un petit moment à se dissiper. Il s’accompagne de la bouche légèrement entrouverte avec les coins qui remontent et les yeux qui brillent. D’après certaines études, tout ce langage du corps compterait pour 55 % dans la transmission d’un message, contre 38 % pour l’intonation de la voix et seulement 7 % pour les mots choisis.

En entreprise, il convient donc d’y être très attentif…

Les mots seuls ne permettent pas toujours de savoir ce que pensent nos collègues, nos supérieurs. Faute de pouvoir entrer directement dans leur cerveau, nous pouvons essayer de saisir la vérité en observant, derrière le non-dit, les signes extérieurs.

Les mouvements du corps ne mentent pas. Ils disent à notre insu ce que nous n’osons pas exprimer avec des mots. Ils traduisent notre humeur, nos sentiments et nos émotions. En ce sens, aucun geste n’est gratuit. Quand votre supérieur vous serre la main, s’il pose son autre main sur votre épaule, il met d’emblée une emprise sur vous. Il vous montre qu’il vous domine.

Attention toutefois à ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Quelqu’un qui a le regard fuyant est vite catalogué comme menteur ou lâche. Mais cette personne peut simplement manquer de confiance en elle et avoir peur du regard de l’autre. Comme les mots, les gestes peuvent avoir plusieurs sens. Le contexte dans lesquels ils s’inscrivent est donc important.

Observer les autres, c’est bien. Mais il faut aussi arriver à maîtriser son propre langage corporel…

Autant il est possible de formater sa parole, autant il est difficile d’avoir la mainmise sur son corps. On peut le contrôler cinq, dix minutes. Au-delà, c’est compliqué. On a beau essayer de chasser le naturel, il finit toujours par revenir. Un jeune qui arrive en entreprise doit donc rester le plus près possible de ce qu’il est. Si son langage corporel n’est pas en accord avec sa parole, on ressentira tout de suite que cela sonne faux.

N’y a-t-il pas néanmoins des erreurs faciles à éviter?

Si bien sûr ! Il faut par exemple se garder de s’habiller au bureau comme on s’habillerait le soir pour sortir et opter pour des vêtements sobres et suffisamment confortables. Parce que notre tenue vestimentaire influe sur nos gestes… Il convient également de soigner sa démarche. Si on arrive d’un pas nonchalant, la veste déboutonnée, avec le regard qui navigue à droite, à gauche, on donnera l’impression de ne pas accorder d’importance à la personne qu’on a en face de soi. Autre point fondamental à garder en tête : en entreprise, il y a des distances à ne pas franchir. L’espace, c’est du pouvoir. Il ne faut donc jamais pénétrer sur le territoire d’autrui sans y avoir été invité. Un jeune qui arrive dans une entreprise doit s’attacher avant tout à rassurer les autres, à leur montrer qu’il ne vient pas pour leur prendre leur place, mais pour collaborer.

Pour ce faire, vous conseillez d’utiliser notamment la synchronisation. De quoi s’agit-il ?

La synchronisation consiste à observer son interlocuteur et à se mettre en miroir avec lui. Bien sûr, il ne s’agit pas de le caricaturer, mais simplement d’adopter le même schéma corporel que lui. S’il croise les bras, vous attendez quelques secondes et vous croisez les bras à votre tour. En douceur. En faisant les mêmes gestes que lui, vous lui renvoyez son image. Vous lui montrez que vous le comprenez. Vous faites donc aussitôt tomber son agressivité et le mettez dans de bonnes dispositions pour entamer le dialogue.