Comment les libraires s’adaptent à la redondance des livres

Olivier Bonhomme

La profusion de l’offre complique la vie des libraires indépendants, qui sont contraints de faire des choix draconiens, voire militants. Et nuit même aux auteurs connus.

Donner le goût de la lecture, faire découvrir des merveilles en littérature, partager des coups de foudre pour des auteurs, voilà la part la plus séduisante du quotidien des libraires. Vendredi 14 juin, le 5e Pari des libraires sera organisé par l’association Paris Librairies qui, grâce à un site du même nom, lutte contre l’hégémonie d’Amazon en indiquant où trouver un ouvrage disponible dans les stocks de 145 librairies indépendantes de la capitale. L’idée est bien de faire circuler l’acheteur dans son quartier, pas le livre, tout en évitant de sous-payer un livreur. Cette année, le Pari des libraires incite tout un chacun à devenir « libraire d’un jour ». Se mettre dans la peau de ces commerçants si particuliers et si divers.

Une gageure, puisqu’ils sont confrontés à une série croissante de problèmes. Un marché en berne (– 1,9 % en 2017 et une diminution encore en vue en 2018) combiné à une inflation de titres. La production pléthorique enfle chaque année. Elle a atteint 106 799 titres en 2018, selon le Syndicat national de l’édition (SNE). Autant dire que chaque jour charrie son lot de 292 nouveautés ou de rééditions…

Comment les sélectionner ? Ne pas laisser passer une pépite ? Le casse-tête empire pour gérer cette offre gargantuesque. « J’arrive à garder la tête hors de l’eau parce que j’effectue un choix drastique dans les nouveautés », déclare Jean-Philippe Pérou, cofondateur de la librairie Le Silence de la mer à Vannes, en Bretagne. Tous les jours ou presque, il a rendez-vous avec un délégué de maison d’édition dont le rôle admet à placer le maximum d’ouvrages dans chaque librairie. « Il est fondamental de travailler avec des représentants qui comprennent l’identité des librairies et proposent uniquement ce qui peut nous intéresser », formule M. Pérou.

« Je suis un indépendant, avec des choix marqués »

« Je viens de terminer un rendez-vous avec un représentant », affirme sa consœur Karine Henry qui dirige à Paris Comme un roman. « Sur 30 titres proposés en littérature étrangère et française, je fais beaucoup d’impasses. J’opte fréquemment pour un seul exemplaire. Sauf pour un nouveau Philippe Toussaint par exemple, j’en prendrai 25 parce que je suis convaincue qu’il trouvera ses lecteurs », dit-elle.

  1. Pérou fait des choix assez propagandistes en installant à l’entrée de son magasin des ouvrages de poésie et du théâtre. Il garde à l’année une place bien en vue aux auteurs russes qu’il célèbre. « Je suis un indépendant, avec des choix marqués, se qualifie-t-il, ni ayatollah ni Carrefour. » Les best-sellers, il en propose, mais « surtout pas de grosses piles ». « La surproduction des livres nous oblige à travailler différemment », défend-t-il.

Les femmes désignées à la grève pour révoquer les différences

Manifestation à Lausanne (Suisse), un mois avant la grève du 14 juin.
Manifestation à Lausanne (Suisse), un mois avant la grève du 14 juin. FABRICE COFFRINI / AFP
En Suisse, la moitié du pays est nommée à faire grève, vendredi 14 juin. Sous le mot d’ordre « plus de temps, plus d’argent et du respect », plusieurs associations et des syndicats (UNIA, Union syndicale suisse…) sollicitent aux femmes de ne pas aller travailler ou de ne pas contribuer aux tâches ménagères.

Par cette appel, les organisateurs désirent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi relever sur la reconnaissance du travail domestique, révoquer les violences contre les femmes, ou bien encore réclamer qu’elles soient mieux représentées dans les hautes sphères des entreprises ou de la politique.

Car la Suisse a mis du temps avant de s’assaillir aux écarts entre les hommes et les femmes, et le retard est encore important. Explications.

Un appel à la grève du travail, du foyer, de la consommation…

Ce projet de grève est né sous l’impulsion, particulièrement, des syndicats, après qu’ils ne sont pas parvenus à introduire le principe de sanctions lors de la révision de la loi sur l’égalité votée l’an passé. Ce texte, certainement choisi en décembre 2018, prévoit que les entreprises de plus de 100 employés contrôlent les salaires pour faire face contre les inégalités. Elle ne s’appliquera donc qu’à 0,9 % des sociétés et 46 % des salariés. Syndicats et associations féministes déplorent par ailleurs qu’elle n’impose aucune sanction en cas de non-respect de l’égalité salariale.

Des défilés sont prévus dans toute la Suisse vendredi et les femmes sont sollicitées à abandonner les tâches ménagères. De nombreuses animations sont prévues à Berne, Lausanne, Zurich, ou encore Genève : pique-niques géants, bals, attribution de badges, concerts…

Et, comme le mentionne le quotidien suisse Le Temps, quelques entreprises et collectivités locales ont déterminé de jouer le jeu en faisant « acte de volontarisme en payant un jour d’absence à leurs salariées – comme la ville de Genève ».

« Il ne s’agit pas uniquement d’une grève du travail rétribué, a expliqué au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, en invoquant un « ras-le-bol général » : « Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » Et pour les femmes qui iront travailler, elles sont appelées à quitter leur poste à 15 h 23, soit l’heure à laquelle « elles cessent mathématiquement d’être acquittées par rapport à leurs collègues masculins », souligne Le Temps.

Le 14 juin, une date symbolique en Suisse

Si les groupes féministes et les syndicats ont choisi la date du 14 juin pour cette journée d’appel, ce n’est pas un hasard. Il y a vingt-huit ans, le 14 juin 1991, 500 000 femmes étaient descendues dans la rue en Suisse – dans un pays d’un peu moins de 7 millions d’habitants à l’époque –, pour solliciter, déjà, la fin des inégalités, en improvisant de grands pique-niques ou en suspendant leurs balais aux balcons.

Consultée par le quotidien La Tribune de Genève, la socialiste Ruth Dreifuss, première femme à avoir parvenu à la présidence de la Confédération helvétique en 1999, se souvient de ce 14 juin 1991, le jour, dit-elle, où les femmes ont inventé une « nouvelle forme d’expression » :

« Tout avait convergé vers un message unique : nous voulons sortir de l’ombre et voir notre travail enfin reconnu. »

Les rebelles, toutes vêtues en fuchsia, désiraient alors célébrer les dix ans de l’inscription dans la Constitution fédérale du principe d’égalité entre les hommes et les femmes intervenue le 14 juin 1981. La loi n’était cependant entrée en vigueur qu’en 1996.

Car la Suisse a mis du temps avant de résister contre les différences de genre. Comme le rappelle Le Temps, « les hommes ont dit oui au vote et à l’éligibilité des femmes en 1971 seulement (et encore, le non l’a emporté dans huit cantons) ». Soit cinquante-trois ans après l’Allemagne et le Royaume-Uni et vingt-sept ans après la France.

Lors d’une manifestation éclairant la grève des femmes, à Lausanne (Suisse), le 14 mai. FABRICE COFFRINI / AFP

Une parité réelle encore loin d’être acquise

Trente ans après que l’égalité entre les hommes et les femmes a été inscrit dans la Constitution, les femmes suisses touchent en moyenne environ 20 % de moins que les hommes (contre 15,2 % en France). Et à conditions égales, surtout formation et ancienneté, l’écart salarial est encore de près de 8 %, selon le gouvernement.

Dans leurs réclamations, les associations féministes qui nomment à débrayer vendredi sollicitent ainsi : « un salaire égal pour un travail égal » ; « du temps pour nous former, et des perspectives professionnelles » ou encore « une meilleure conciliation entre travail et vie privée ». Et si des avancées ont été obtenues – comme la dépénalisation de l’avortement en 2002 et un congé maternité payé de quatorze semaines en 2005 –, le congé paternité n’existe toujours pas, et le nombre réduit de places en crèche s’avère être un handicap majeur à la participation des femmes à la vie active.

Du côté de la politique, ce n’est pas forcément mieux. « La participation des femmes plafonne à 28,9 % en 2019 (elle était de 14,6 % en 1991). Dans le secteur économique, leur part parmi les dirigeants abouti à peine 36 % (29 % en 1996) », énonce Le Temps.

Plusieurs voix se sont d’ailleurs soulevées ces derniers jours pour attester contre l’appel à la grève déclenché par les associations et les syndicats. « Cette grève est a priori illicite », a révoqué à l’Agence France-Presse l’un des représentants de l’Union patronale, Marco Taddei, arguant que les revendications « ne visent pas uniquement les conditions de travail » et que la Constitution « stipule que le recours à la grève ne doit survenir qu’en dernier ressort ». « Ce qui est illicite, c’est la discrimination salariale, c’est le harcèlement sexuel au travail », répond de son côté Mme Fritz.

Myriam El Khomri va mener une responsabilité sur les métiers du grand âge

Myriam El Khomri à l’Assemblée nationale, le 5 avril 2016.
Myriam El Khomri à l’Assemblée nationale, le 5 avril 2016. AFP/Bertrand Guay
Cette tâche, reproduite par la ministre Agnès Buzyn, doit présenter « un plan » pour faire face à la déficience de candidats pour travailler auprès des personnes âgées.L’ancienne ministre du travail de François Hollande, devrait être appelée, selon nos informations, d’ici le 27 juin à la tête d’une tâche sur les métiers du grand âge par Agnès Buzyn.

La ministre des solidarités et de la santé avait éclairé la création de cette mission au lendemain de la publication du rapport sur la concertation « grand âge et autonomie », relevé par le président du haut conseil au financement de la protection sociale, Dominique Libault. « Je vais nommer auprès de moi, avait-elle déclaré, le 28 mars, une personne, entourée d’une équipe, chargée d’animer toutes les parties prenantes concernées. [Cette personne] devra me proposer un grand plan en faveur des métiers du grand âgées » dès 2019, avait-elle déclaré. Pour cette mission, le gouvernement avait postulé Nicole Notat. L’ancienne secrétaire générale de la CFDT avait décliné.

Face à la carence de candidats aux postes d’infirmières et d’aides-soignantes dans le secteur des personnes âgées, le gouvernement convoite revoir les formations et les filières d’accès à ces métiers.

Mme El Khomri, 41 ans, a porté en 2016 la « loi Travail » sous le gouvernement de Manuel Valls. Le projet de loi avait occasionné une opposition agressive de l’aile gauche du PS et des syndicats, qui avaient appelé à la grève. Pour traiter la bataille parlementaire, Mme El Khomri était en lien direct avec le ministre de l’économie, à l’époque Emmanuel Macron. Auparavant, dans le précédent gouvernement de Manuel Valls, elle avait été secrétaire d’Etat à la ville, entre août 2014 et septembre 2015.

« Myriam El Khomri coche toutes les cases »

« Macron compatible », Mme El Khomri est aussi une personnalité de gauche. Entrée au parti socialiste en 2002, elle s’est exposée en 2017 aux élections législatives sous l’étiquette PS dans le 18e arrondissement de Paris. La République en Marche n’avait néanmoins pas présenté de candidat face à elle dans la circonscription. Elle avait été battue par Pierre-Yves Bournazel, appuyé par Edouard Philippe.

Avant son immersion du feu ministériel, cette diplômée en droit a abondamment été un pilier de l’équipe de Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris. Adjointe chargée de la petite enfance de 2008 à 2011, elle est ultérieurement devenue adjointe chargée de la prévention et de la sécurité jusqu’à son entrée « surprise » au gouvernement en août 2014. Elle a été co-porte-parole d’Anne Hidalgo avec Bruno Julliard pendant la campagne municipale de 2014. Constamment élue au conseil de Paris, très proche de Bertrand Delanoë, elle a rejoint en mars un grand cabinet privé de courtage en assurance.

Pour le socialiste Luc Broussy, spécialiste du vieillissement et président de la filière « silver économie » (l’économie liée aux personnes âgées), « Myriam El Khomri coche toutes les cases. Elle est spécialiste des relations sociales, Elle connaît exactement les partenaires sociaux. Sa notoriété participera à mettre au premier plan la question cruciale du grand âge ».

Le premier ministre divulgue ses convoies pour changer l’assurance-chômage

Lors du discours de politique générale d’Edouard Philippe, à l’Assemblée nationale, le 12 juin.

Lors du discours de politique générale d’Edouard Philippe, à l’Assemblée nationale, le 12 juin.Edouard Philippe a particulièrement attesté le principe du bonus-malus pour résister contre les contrats courts.

C’est aussitôt une certitude : l’amélioration de l’assurance-chômage créera du mécontentement chez les syndicats comme au sein du patronat. Dans son discours de politique générale, Edouard Philippe n’a pas précis ce projet, mercredi 12 juin, puisqu’il doit en publier l’intégralité six jours après son intervention devant les députés. Mais le premier ministre a livré plusieurs indices sérieux sur ce dossier, que l’exécutif avait repris en main, fin février, après l’échec des négociations entre partenaires sociaux.

Premier instruction de taille : pour disputer la précarité sur le marché du travail, un bonus-malus va être établi afin de minimiser les cotisations des employeurs amoindrissant peu aux contrats courts et d’accroître celles des entreprises dont les effectifs tournent fréquemment. Il s’agit là d’un engagement de campagne d’Emmanuel Macron, dont la mise en place est donc certifiée. Mais avec un bémol de taille : le mécanisme ne s’appliquera que « dans les cinq à dix secteurs » où des contrats courts sont « essentiellement signés ». Lesquels ? Le premier ministre ne l’a pas précisé.

Les concernes potentielles sont malgré cela connues : l’hôtellerie-restauration, le médico-social, la catégorie dite des « autres activités spécialisées, scientifiques et techniques » dans laquelle existent, surtout, les instituts de sondage, etc. A ce stade, on ignore si le mécanisme sera enclenché dans les administrations publiques – très gourmandes en CDD de quelques jours ou de quelques semaines – et le monde de l’intérim.

Dans les secteurs dépêtrés de bonus-malus, le gouvernement compte procéder en évitant les embaucheurs de signer des CDD d’usage, une forme d’emploi ultraflexible qui s’est très amplement diffusée au prix d’entorses nombreuses à la réglementation. Pour stopper cette dérive, M. Philippe a démontré qu’une « mesure transversale » sera prise, mais sans en dire plus.

Ces accommodements sont montrés comme des « contreparties » aux textes optés depuis le début du quinquennat afin d’« assoupli[r] les règles applicables aux entreprises ». Ainsi, l’exécutif garantit œuvrer en faveur de la « justice sociale » après avoir répondu aux attentes des patrons – surtout par le biais des ordonnances de septembre 2017 qui ont réécrit le code du travail.

Nouveauté de taille

Autre message, qui a soutenu l’attention : l’allocation des chômeurs qui comprenaient une rétribution élevée lorsqu’ils étaient en activité sera tombante. Combien de temps après leur inscription à Pôle emploi ? A partir de quel niveau de rémunération ? L’allocation diminuera-t-elle à une ou à plusieurs reprises ? En vertu de quel taux ? Là encore, le plus grand flou prédomine. Mais c’est une innovation consistante, qui trottait dans la tête du chef du gouvernement depuis un bon moment, puisqu’il l’avait évoquée, à titre d’hypothèse, dès la fin août 2018.

L’achat du journal « Nice-Matin »

Le siège de « Nice-Matin », à Nice , en 2012.
Le siège de « Nice-Matin », à Nice , en 2012. Eric Gaillard / REUTERS

Le placement du quotidien en ordre de préservation pourrait obliger son actionnaire belge Nethys à abandonner ses parts à l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa.

Nice-Matin va-t-il jaillir du flou dans lequel le journal est introduit depuis que Nethys, son actionnaire belge vers les  34 % a prévenu vouloir se désengager, fin décembre ? Le tribunal de commerce de Nice doit, vendredi 14 juin, déterminer de retenir ou non la procédure de préservation provoquée le 6 mars par la direction du quotidien, bien que le recours certifié par Nethys.

L’homme d’affaire franco-libanais Iskandar Safa s’est exprimé pour reprendre les parts de Nethys et des 66 % des salariés-actionnaires du titre niçois, par l’intermédiaire de sa succursale Privinvest Medias. Celle-ci détient déjà le groupe Valmonde, l’éditeur du magazine Valeurs actuelles.

Mais les débats entre Privinvest Médias et l’actionnaire belge sont au point mort, et ce dernier demeure muet sur ses intentions. L’instruction de sauvegarde doit donc « permettre au tribunal de commerce de contraindre Nethys à céder ses parts à Iskandar Safa ou à un autre repreneur, alors que le pacte d’actionnaire lui donne le droit de refuser une offre », déclare Romain Maksymowycz, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ) de Nice-Matin.

Faire élever les enchères

Les transactions se réunissent sur la valorisation du groupe de presse assemblant Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin. Iskandar Safa offrirait un peu plus de 17 millions d’euros à Nethys. Insuffisant selon le belge, qui affirme avoir investi près de 21 millions d’euros dans le quotidien niçois depuis 2016.

Le recours posé par Nethys est alors interprété comme une façon de « gagner du temps » et de faire monter les enchères. « A moins qu’il n’ait reçu une autre offre, mais dans ce cas le pacte d’actionnaire l’oblige à nous en informer », déclare Jean-François Roubaud, le président du conseil de surveillance de Nice-Matin.

Iskandar Safa avait déjà essayé de poser la main sur Nice-Matin en 2014, en déposant une offre commune avec l’éditeur belge Rossel (Le Soir, La Voix du Nord) et le groupe de BTP Marzocco. Le tribunal de commerce avait définitivement opté pour une reprise par les salariés sous forme de coopérative.

Des angoisses au sein de la rédaction

Au total, l’enveloppe certifiée par Privinvest atteindrait 40 millions d’euros. Cette somme enduis l’ensemble du capital, la reprise de la dette et un plan d’investissement dans le digital et la différenciation du journal. L’offre est jugée profitable par les dirigeants de Nice-Matin, dont les déficits nécessiteraient atteindre entre 3 et 4 millions d’euros en 2019. Depuis 2014, le titre s’est contraire de plus de 300 salariés sur 1 106.

Jean-Dominique Senard défend pour soutenir la fusion avec Nissan devant ses actionnaires

Le président de Renault est revenu sur son expérience inefficace de faire incorporer le groupe Renault avec Fiat-Chrysler, plaignant fortement la décision de l’Etat ne pas soutenir sa stratégie.

C’est un Jean-Dominique Senard combatif qui a animé mercredi 12 juin sa première assemblée générale en tant que président de Renault, devant quelque 900 porteurs de parts. Celui-ci a défendu la stratégie qu’il a mise en place depuis sa nomination en janvier, certifiant vouloir donner la priorité au contribution avec les constructeurs automobiles japonais Nissan et Mitsubishi. « Il n’y aura pas de réussite du groupe Renault sans réussite de l’alliance » avec les deux sociétés, a certifié M. Senard, poursuivant :

« Aujourd’hui, l’alliance prend un nouveau départ et elle est et doit rester plus que jamais à la fois un pilier et un moteur du développement de chacun de ses membres. »

Mariage échoué avec Fiat

Sénard est pareillement revenu sur son essai infructueux de faire fusionner le groupe Renault avec Fiat-Chrysler (FCA), en raison des réserves de Nissan et de l’Etat français, premier actionnaire de Renault. Il a indiqué que l’idée lui avait été inspirée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et a profondément regretté la décision de l’Etat de finalement ne pas mettre la proposition de fusion au vote du conseil d’administration le 5 juin. « Dans ma vie d’industriel j’ai rarement vu une fusion qui pouvait apporter autant de synergies positives et qui mettait au passage à l’honneur les plates-formes Renault », a-t-il déclaré.

Senard a avéré que le délai avec lequel Nissan a été averti du projet avec FCA « était court mais qu’il était impossible de faire autrement. L’ensemble du conseil à l’exception d’un vote contre l’avait approuvé avec enthousiasme, a-t-il continué, et les représentants de Nissan s’étaient abstenus de façon très positive. Tout ceci ouvrait la voie à la validation de l’accord dans sa première étape. Malheureusement les représentants de l’Etat ne partageaient pas cette analyse et le vote n’a pas pu avoir lieu, ce qui, je vous le dis franchement, me désole. »

Le spectre de l’affaire Ghosn

Acclamé habituellement par les porteurs de titres – surtout lorsqu’il fustigeait le traitement médiatique de la fusion avorté avec Fiat –, M. Senard a enlevé lors d’un vote de confiance près de 91 % des voix de l’assemblée générale concédant sa nomination pour quatre ans au conseil d’administration de Renault.

Il se procédait de la première AG depuis l’écroulement de Carlos Ghosn, enlisé dans une affaire de corruptions préjugées au Japon. Le feuilleton judiciaire, qui a débuté par son arrestation au Japon en novembre, a approfondi la confiance au sein du partenariat franco-japonais. Renault a prévenu dernièrement qu’il envisageait des poursuites contre M. Ghosn pour avoir retenu 11 millions d’euros de dépenses suspectes au sein d’une succursale commune avec Nissan, sise aux Pays-Bas.

L’affaire Ghosn aura aussi coûté cher aux propriétaires de Renault. Depuis l’arrestation de l’homme d’affaires, architecte de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi qu’il a affichée au premier rang automobile mondial, l’action du fondateur français évolue à ses plus bas niveaux, aux alentours de 55 euros. En un an, le titre Renault a abîmé un tiers de sa valeur.

Certainement, le groupe au losange souffre comme l’ensemble du secteur d’une conjoncture internationale morose et des confusions technologiques qui imposent de lourds investissements dans les motorisations électriques, sans assurance de production. Le fabricant français a affiché en 2018 un résultat net de 3,3 milliards d’euros, en recul de plus d’un tiers par rapport à l’année précédente, particulièrement à cause des complications de Nissan, dont Renault détient 43 % du capital. Et 2019 s’annonce bien plus difficile.

 

Diminution d’impôts, PMA , écologie: ce qu’il faut tenir de l’exposé de politique générale d’Edouard Philippe

Pour la seconde fois depuis le début de la mandature, le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe a conquis la confiance de l’Assemblée nationale, mercredi 12 juin, par 363 voix contre 163, une conséquence en très léger repli par rapport à 2017.

Avant le vote des mandatés, Edouard Philippe a formulé un discours de politique générale, qui doit inscrire l’entrée dans l’« acte II » du quinquennat. Fiscalité, retraites, procréation médicalement assistée (PMA), assurance-chômage… le premier ministre a exposé le calendrier et la méthode des mois à venir, jusqu’aux élections municipales de mars 2020.

La situation d’« urgence », qui a, selon lui, conduit à l’élection d’Emmanuel Macron perdure après deux ans de mandat, a-t-il indiqué. Les urgences « économique », « sociale », « écologique » et enfin « politique », avec le triomphe électoral de l’extrême droite, déterminent la nécessité de « tenir le cap fixé (…) pour libérer les forces de notre pays et protéger ses citoyens », d’après le premier ministre, qui a promis « un profond changement de méthode ».

La PMA pour toutes observée fin septembre à l’Assemblée

C’était une annonce très espérée par tous les défenseurs de la « PMA pour toutes ». Le premier ministre a certifié que la mesure, qui admettra aux femmes seules et aux lesbiennes d’user aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA) présentement retenues aux couples hétérosexuels infertiles, figurerait bien dans la loi de bioéthique.

Explications : 8 questions sur la PMA

Il a défini le calendrier : commencement du projet de loi en conseil des ministres fin juillet – possiblement lors du dernier conseil des ministres prévu le 26 juillet – et, surtout, inscription à l’Assemblée nationale fin septembre, mettant un terme aux craintes que le débat constitutionnel se développe après les élections municipales.

Edouard Philippe a déclaré que plusieurs options ont été émises concernant deux aspects de la loi : l’accès aux origines pour les personnes nées de don et la filiation pour les futurs enfants dont les parents ont eu recours à un tiers donneur. Sur ces deux points, qui paraitront donc dans le texte, les associations de familles homoparentales et les collectifs d’adultes nés après une PMA avec don de gamètes subsisteront très attentifs aux modalités choisies.

La majorité (surtout l’aile gauche) debout pour applaudir l’annonce de @EPhilippePM sur la PMA : projet de loi en c… https://t.co/wPKp1JNsZg

— AlexLemarie (@Alexandre Lemarié)

Retraites : maintien d’un départ « possible » à 62 ans

La future réforme des retraites retiendra « la possibilité d’un départ à 62 ans » mais l’exécutif conduira « un âge d’équilibre ». « Nous définirons un âge d’équilibre et des incitations à travailler plus longtemps », a exposé le premier ministre, mais « en ne bougeant pas l’âge légal », a-t-il pris soin de préciser. « Ainsi, chacun pourra faire son choix, en liberté et en responsabilité », a-t-il déclaré. Le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, qui mène depuis janvier 2018 un intense programme de concertation, présentera ses conseils dès juillet.

Sur les retraites, la gauche se réveille. Philippe annonce que l’âge légal ne bougera pas, mais qu’il y aura un « âg… https://t.co/FisdbS7Ujq

— manonrescan (@Manon Rescan)

Assurance-chômage : bonus-malus pour les contrats courts

La future réforme de l’assurance-chômage concevra un bonus-malus qui s’appliquera « dans les 5 à 10 secteurs » d’activité usant le plus de contrats courts. La réforme, qui sera annoncée le 18 juin, inclura aussi « une dégressivité de l’indemnisation sur les salariés qui perçoivent les salaires les plus élevés », a-t-il encore exprimé.

La réforme de l’assurance-chômage sera présentée le 18 juin et le bonus-malus sur les CDD en fera partie, annonce… https://t.co/NNkMdXrRMb

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

« L’ambition écologique » « au cœur de l’acte II »

Edouard Philippe a déclaré avoir « mis du temps à considérer que les enjeux [écologiques] sont aussi importants que l’emploi et la sécurité ». Il a garanti que « l’ambition écologique » serait « au cœur de l’acte II » du quinquennat et que ce thème dépasse les clivages politiques : « Plus personne n’a aujourd’hui le monopole du vert. »

Il a montré que les offres « les plus puissantes » de la convention citoyenne pour la transition écologique, voulue à l’issue du grand débat et qui doit être réunie dans les semaines à venir, pourraient être soumises « à référendum ». Cette masse de 150 citoyens « pourra proposer de nouvelles mesures, elle pourra en conduire le rythme et les financements. Elle rendra ses conclusions au début de l’année 2020 ».

Il a aussi annoncé, sans donner de précisions, que « les aides existantes à la rénovation énergétique » des bâtiments, trop « complexes » et « profitant en réalité aux ménages les plus riches », seront remises « totalement à plat ».

Le texte de lutte contre le gaspillage sera en outre inscrit dans les trois « priorités » de l’Assemblée nationale pour la rentrée en septembre. La loi prévoira notamment la possibilité d’imposer l’incorporation de plastique recyclé dans toutes les bouteilles en plastique, a-t-il dit. Il a enfin certifié que « tous les produits en plastique jetables seraient bannis » de l’administration à compter de 2020.

Une diminution d’impôts de 27 milliards sur le quinquennat

Le premier ministre a prévenu des baisses d’impôt sur la rétribution pour les classes moyennes qui admettront d’atteindre le chiffre « historique » de 27 milliards de diminution de la fiscalité sur les ménages durant le quinquennat. Edouard Philippe a donné le détail des gains pour les classes moyennes de la diminution de l’impôt sur le revenu de 5 milliards d’euros annoncée par le président Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse de fin avril.

« Nous avons reçu cinq sur cinq, fort et clair, le message d’exaspération fiscale » des Français, garantit @EPhilippePM… https://t.co/KNjGChSUC3

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

« Le taux d’imposition de la première tranche de l’impôt sur le revenu, qui regroupe 12 millions de foyers, sera abaissé de trois points. Cela représente un gain moyen par foyer de 350 euros, soit, à ce niveau, un tiers de l’impôt en moyenne », a-t-il expliqué. « C’est massif, c’est clair, c’est net », a-t-il souligné, précisant que les 5 millions de foyers de la tranche suivante « bénéficieront d’un gain moyen de 180 euros ». Ces baisses seront accordées dans le projet de loi de finances pour l’année prochaine, a-t-il articulé.

  1. Philippe a pareillement témoigné que « la taxe d’habitation sur les résidences principales sera intégralement supprimée pour l’ensemble des Français ». Pour 80 % des « Français les plus modestes (…) leur taxe sera intégralement supprimée en 2020. Pour les 20 % restants, la suppression se déploiera sur trois années », a-t-il témoigné.

Annonces fiscales : – suppression TH pour les 20% de foyers restants en 2021/22/23

– baisse du taux d’IR 2e tranch… https://t.co/r7pRIqM9No

— AudreyTonnelier (@Audrey Tonnelier)

Les pensions alimentaires pourront être « automatiquement » prélevées

Les pensions alimentaires pourront être « automatiquement prélevées », « dès juin 2020 », par la Caisse d’allocations familiales (CAF) pour lutter contre « le risque d’impayé ». « Dès juin 2020, le gouvernement mettra en place un nouveau système pour protéger les personnes seules contre le risque d’impayé des pensions alimentaires », a déclaré le premier ministre.

« Écologie », « justice sociale »… Le gouvernement tente manifestement de reconquérir l’électorat de gauche, dont… https://t.co/bB9HctwDyZ

— AlexLemarie (@Alexandre Lemarié)

Réforme des institutions : vers un report ?

Edouard Philippe a ouvert la porte un report de l’examen de la réforme des institutions après les sénatoriales de septembre 2020, appelant néanmoins à ne pas « résister au désir de changement exprimé par les Français ».

« Nous attendrons le moment propice et la manifestation de volonté du Sénat, qui peut être ne viendra qu’après le renouvellement de la haute chambre en 2020 », a présenté le premier ministre.

  1. Philippe a également rappelé que « le président de la République a la faculté d’interroger directement les Français [par référendum] sur la réduction du nombre de parlementaires ».

Un débat annuel au Parlement sur l’asile et l’immigration

Le premier ministre promet de « lutter avec fermeté contre les abus de l’asile ». Le gouvernement organisera « chaque année un débat au Parlement » sur la politique d’asile et d’immigration, et le premier aura lieu en septembre. Ces questions « touchent aux fondements de notre souveraineté et de nos principes », a expliqué le premier ministre. « Il est donc nécessaire d’en débattre de manière régulière et au grand jour avec le Parlement. »

« L’islam de France doit former et recruter des imams »

Edouard Philippe veut « combattre l’islamisme et les discours de haine sur les réseaux sociaux » en « réformant l’organisation du culte musulman ». Il renforce le « large consensus sur une organisation départementale ». « L’islam de France doit former et recruter des imams en France et qui parlent français. S’il faut des dispositions législatives pour garantir la transparence du culte musulman, le gouvernement le proposera. »

Islam : @EPhilippePM estime que le culte musulman doit être organisé à l’échelon départemental, veut mettre un term… https://t.co/UR5RthLnYS

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

Répondre au défi du vieillissement de la population

« Nous avons trop tardé pour nous y confronter car les budgets en jeu sont gigantesques, et par une forme de déni, a exprimé Edouard Philippe. C’est notre regard qui doit changer. Celui que nous portons sur la place des personnes âgées dans la société. Entendre leur volonté de vieillir à domicile, entendre les familles qui supportent une charge financière importante, entendre les personnels dont le métier doit être revalorisé. Le projet de loi sur la prise en charge de la dépendance sera présenté à la fin de l’année. Dès le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, nous prendrons des mesures pour permettre la prise en charge à domicile. Un des grands marqueurs sociaux de ce quinquennat. »

Le premier ministre annonce un projet de loi vieillissement à exposer à la fin de l’année :

La réforme de la dépendance sera présentée à la fin de l’année, @EPhilippePM assure que ce sera l’un des « grands ma… https://t.co/WaJAWrjxbz

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

Ouverture de 30 000 places en crèche

« Le dédoublement de classe de CP et de CEI de ZEP restera une de ses grandes mesures de ce quinquennat. Mais nous irons plus loin : école obligatoire dès 3 ans, limite de 24 élèves par classe en CP et CE1. »

Pour les familles monoparentales, « qui se sont beaucoup exprimées pendant le grand débat », il rappelle la décision d’ouvrir 30 000 places en crèche, et la formation de 6 000 professionnels.

Les annonces sur la sécurité

Sur le volet sécurité, Edouard Philippe a certifié la mise en place d’un « plan stup’» pour abattre plus rentablement les trafics de drogue. Il a aussi averti que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, exposerait des mesures contre les agressions du quotidien, comme celles à l’arme blanche, ou le phénomène des rixes de bandes, qui rétablissent régulièrement dans l’actualité.

Par contre, le premier ministre en a bénéficié pour envoyer un message aux forces de l’ordre et à leurs représentants syndicaux, avec qui des négociations sont présentement en cours sur les conditions de travail. M. Philippe a confirmé que les discussions sur le temps de travail, les heures additionnelles et la fidélisation des troupes devraient finir sous peu. Un compromit doit être aperçu avant le 30 juin.

Le gouvernement travaille enfin sur une amélioration de plus longue haleine, avec un réaménagement total de la progression de la police nationale. Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat, Laurent Nunez, sont chargés de consigner un « livre blanc » pour la fin de l’année, qui devrait prévoir une nouvelle loi d’orientation et de prévision de la sécurité intérieure.

L’augmentation des rémunérations minimums en Europe ne profite pas à tous

Une hausse trop rapide du smic peut, dans certains cas, décourager les embauches des femmes et se traduire par leur exclusion du marché du travail.

Une augmentation trop rapide du smic peut, dans quelques cas, décourager les embauches des femmes et se traduire par leur exclusion du marché du travail. LOIC VENANCE / AFPSi, depuis janvier 2018, les smics ont intensifié dans la majorité des pays de l’UE, la situation demeure très disparate. D’après l’étude d’Eurofound, qui passe à l’abri la politique des différents pays en la matière, le rôle des partenaires sociaux est décisif.

C’est l’un des formes les plus positifs de la reprise économique, comme de la santé recouvrée du marché de l’emploi : depuis janvier 2018, les rétributions minimums ont élevé dans presque tous les pays membres de l’Union européenne, surtout en Espagne (+ 22 %), en Bulgarie (+ 10 %) ou encore en Grèce (+ 10 %), où il n’avait pas amélioré depuis 2012. « C’est une bonne nouvelle, mais dans les faits, tous les travailleurs n’ont pas ressenti les effets de cette hausse en termes de revenus et de réduction des inégalités salariales », nuance Christine Aumayr, chercheuse à la Fondation européenne pour la consolidation des modalités de vie et de travail (Eurofound).

Son institution vient d’éditer un rapport passant au crible la politique des différents Etats membres en la matière, et compilant les derniers travaux de préciosité sur le sujet. Premier constat : l’Europe de l’Est, où les salaires minimums ont élevé plus vite qu’à l’Ouest depuis une décennie, continue son rattrapage progressif vers la moyenne européenne.

286 euros mensuels brut en Bulgarie, 2 071 euros au Luxembourg

Le tableau reste cependant très disparate selon les Etats, l’équivalent du smic variant de 286 euros mensuels brut en Bulgarie à 2 071 euros au Luxembourg. En outre, six des vingt-huit pays membres (Chypre, Italie, Danemark, Suède, Finlande, Autriche) n’établissent pas de salaire minimum au niveau national, mais à l’échelle des branches professionnelles, ou par négociation entre les partenaires sociaux.

Reste que confronter le niveau des smics n’a de sens que si l’on se penche aussi sur l’évolution des prix dans les pays, leur niveau de vie et principalement, la fiscalité pesant sur les travailleurs. Exemple : en montant brut, le salaire minimum a franchi de près de 38,7 % en Lituanie depuis janvier 2018, allant de 400 à 555 euros. « Sauf que dans le même temps, les cotisations sociales jusque-là payées par les employeurs ont été transportées sur les salaires, déclare Mme Aumayr, coauteur du rapport. Résultat : en termes réels, l’augmentation n’a été que de 7,5 %. »

Ces dernières années, la Hongrie et la Roumanie ont réalisé des transformations similaires. Une fois prises en compte les taxes et cotisations sociales, l’écart entre le smic brut et net est ainsi de 39,5 % en Lituanie et Roumanie, de 32 % en Suède, de 22 % en France, mais de 8 % uniquement en Espagne, et 4 % en Estonie et en Belgique. « Dans les grandes villes, où le marché immobilier est tendu, la hausse des salaires a également pu être en partie absorbée par celle des prix de l’immobilier », déclare Christine Aumayr.

Accroissement de l’emploi dans les trois premiers mois de 2019.

Ces trois premiers mois de 2019, le 16e trimestre consécutif d’élévation de l’emploi salarié, en amélioration depuis le deuxième trimestre de l’année 2015.

L’emploi salarié en Hexagone, départements d’outre-mer inclus, s’est amélioré de 0,4 % au premier trimestre 2019, avec 92 800 créations nettes de postes, en France après une augmentation réparée à 0,3 % sur les trois derniers mois de 2018, selon les données éditées mercredi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Ces trois premiers mois constitue le 16e trimestre consécutif de hausse de l’emploi salarié, en amélioration depuis le deuxième trimestre de l’année 2015. L’Insee a aussi revu à l’élévation son chiffre du dernier trimestre 2018 à 67 900 nouveaux postes au lieu de 54 000.

L’emploi reste par ailleurs quasi stable dans la fonction publique (+ 1 000 après + 2 000). Sur un an, il réduit de 6 800. Par secteur, les créations d’emploi salarié accélèrent dans la construction et rattrapent 16 100 (soit + 1,2 %, après + 0, 7 %). C’est la plus forte élévation sur un trimestre depuis la fin de 2007. Sur un an, la hausse atteint 36 500 (+ 2,7 %).

L’emploi accroît plus raisonnablement dans l’industrie : + 7 500 (+ 0,2 %), après + 8 800 (+ 0,3 %). Sur un an, l’emploi industriel augmente de 18 800 (+ 0,6 %).

Dans les services marchands hors intérim, l’emploi salarié s’améliore de nouveau précipitamment : + 60 500 (soit + 0,5 %, comme au quatrième trimestre). Sur un an, il augmente de 178 200 (+ 1,6 %).

L’emploi intérimaire rejaillit : + 7 700 (soit + 1,0 %, après – 1,5 % au trimestre précédent). Sur un an, l’intérim reste en baisse de 14 100, soit – 1,7 %.

 

Emploi en France une nette accélération malgré la crise

Durant les 3 premiers mois, l’économie française a créé 93 800 nouveaux emplois, surtout dans les services marchands.

Chantier de la future gare Grand-Paris-Express de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, le 6 mars. Dans la construction, 16 100 emplois ont été créés au premier trimestre 2019.

Chantier de la future gare Grand-Paris-Express de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, le 6 mars. Dans la construction, 16 100 emplois ont été créés au premier trimestre 2019. Gilles ROLLE/REA

Malgré un climat social tendu et un début de 2019, la France a continué à créer des emplois durant les 3 premiers mois. Mieux : la dynamique s’est accélérée si on en croit les chiffres détaillés publiés mercredi 12 juin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Entre janvier et mars, 93800 postes d’emploi ont été créer, 218600 durant les 12 derniers mois. Une performance qui vaut d’être saluée alors que la croissance oscille mollement, depuis trois trimestres entre 0,3 % et 0,4 %.

Bien sûr, souligneront les sceptiques, on est loin de la croissance de la fin de 2019, dont 108 postes avaient été crées durant une seule trimestre.Mais le brutal stagnation que la France a vécu après début 2018, semble en passe d’être enrayée. Tous les secteurs économique, privé et public, embauchent actuellement.

Même pour l’industrie, qui a toujours été le parent pauvre du marché du travail, s’est remise à embaucher à l’échelle nationale. Au premier trimestre, 7 500 nouveaux postes sont crées, 18 800 sur un an. Une hausse particulièrement marqué dans les domaines de l’énergie, de l’eau et de la gestion des déchets, ainsi que dans l’agroalimentaire et la fabrication de biens d’équipement.

« Presque plus de gains de productivité du travail »

Dans le domaine de la construction, la progression est marquante est plus nette encore : on y observe la plus forte hausse des embauches depuis fin 2007, avec 16 100 emplois créés au premier trimestre, 36 500 depuis début 2018. Une reprise qui se retrouve aussi dans l’intérim, après des mois de repli.

C’est aussi dans les services marchands que se concentrent la majorité des nouveaux postes (68 200). Dans l’hébergement et la restauration, les recrutements ont triplé entre la fin 2018 et le début d’année 2019.

« La croissance, résume Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français de conjonctures économiques (OFCE), est ultra-riche en emplois. Le produit intérieur brut [PIB] progresse de 0,3 % au premier trimestre et l’emploi de 0,4 %. Cela signifie qu’il n’y a presque plus de gains de productivité du travail. » Faut-il s’en inquiéter ?