Si l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se refusait encore, fin février, à employer le terme de « pandémie » concernant le coronavirus, les mesures de précaution pour limiter la transmission ont fait leur entrée en entreprise.
Pas de panique ! « le risque [est] limité » en milieu de travail puisque « seul un contact étroit avec des personnes présentant des symptômes » est source de contamination, indique l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).
L’INRS rappelle toutefois qu’« il est essentiel de respecter les mesures habituelles d’hygiène, notamment de se laver fréquemment les mains avec du savon ou les désinfecter avec une solution hydroalcoolique ». Le port du masque n’est pas nécessaire, mais il est recommandé de « veiller à l’hygiène des locaux de travail, au nettoyage des surfaces ».
L’heure est donc au nettoyage de printemps. Dans un guide publié en janvier (« Nettoyage des locaux. Que faire ? »), l’Institut de recherche explique que la poussière déposée sur les meubles, les miettes de sandwich sur les bureaux, peuvent constituer un milieu propice au développement des micro-organismes. Ces derniers se multiplient lorsqu’ils trouvent suffisamment de nourriture (poussière, dépôt gras, etc.), une humidité élevée (70 % à 100 %) et une température optimale de croissance. Des locaux non nettoyés favorisent également la prolifération des cafards, des souris et de rats.
Aucune transmission via des objets
Si la bactérie est un micro-organisme, le virus n’est pas reconnu comme tel par tous les scientifiques. Non pas parce qu’il est beaucoup plus petit que la bactérie, mais parce qu’il ne peut se répliquer qu’en pénétrant dans une cellule. Aucune transmission du coronavirus via des objets (bagages, colis, etc.) n’a été rapportée à ce jour.
Mais « au vu des données disponibles, le coronavirus semble survivre dans le milieu extérieur quelques heures sur des surfaces inertes sèches. En plus de se transmettre directement par inhalation, ce virus pourrait également se transmettre en portant aux muqueuses (bouche, nez, yeux) des mains contaminées au contact de surfaces contaminées. C’est pour cela qu’il est recommandé de nettoyer les surfaces et de se laver les mains. De par sa nature (virus enveloppé), le coronavirus est facilement détruit par les tensioactifs présents dans les savons et les produits de nettoyage des surfaces », explique une chercheuse de l’INRS.
Le travail dissimulé fait partie des six infractions identifiées du délit qualifié de travail illégal. Le délit constitué est la dissimulation totale ou partielle d’une activité ou d’un emploi salarié de façon intentionnelle, comme défini par le code du travail, articles L143-3 et L320.
Depuis 2010, les comités opérationnels départementaux antifraude (Codaf) sont habilités à contrôler et à sanctionner les entreprises coupables de travail dissimulé.
Le travail dissimulé consiste : soit à dissimuler l’exercice d’une activité à but lucratif sans avoir demandé son immatriculation au registre du commerce ou sans déclaration aux organismes sociaux ou fiscaux ; soit à dissimuler un emploi salarié.
Afin de qualifier le délit, le juge cherche l’élément intentionnel de fraude et son but lucratif. La fréquence de l’activité, son importance, l’absence de facturation constituent des éléments de preuve. Dans le cas d’une dissimulation d’un emploi salarié, l’absence de bulletin de paie ou de la déclaration préalable à l’embauche constitue la preuve de travail dissimulé.
Les risques pour l’employeur
L’employeur s’expose à de lourdes sanctions. En tant que personne physique, la peine pour travail dissimulé peut s’élever à trois ans d’emprisonnement et à une amende de 45 000 euros. S’il y a eu utilisation d’un mineur soumis à une obligation scolaire, l’amende s’élève à 75 000 euros et à cinq ans d’emprisonnement.
En cas de travail dissimulé, l’employeur peut également être interdit d’exercer une fonction publique, une profession commerciale ou industrielle, de diriger, administrer, gérer ou contrôler une entreprise commerciale ou industrielle.
En tant que personne morale, l’amende est de 225 000 euros, assortie d’un placement sous surveillance judiciaire.
L’employeur s’expose également, en cas de travail dissimulé, à des peines complémentaires : fermeture administrative de l’établissement sur une période de trois mois maximum, annulation de mesures de réduction et d’exonération de charges, refus et remboursement des aides publiques sur cinq ans, confiscation des objets utilisés pour l’infraction, financement de l’affichage du jugement dans les publications officielles, voire interdiction d’exercer ses droits civiques, civils et familiaux.
Quelles conséquences pour le salarié ?
Le salarié est toujours considéré comme une victime dans les affaires de travail dissimulé. Il peut faire valoir ses droits auprès de l’inspection du travail, saisir les prud’hommes, ou encore se référer aux syndicats et aux associations.
Après les condamnations des spécialistes de la livraison à domicile Take Eat Easy et Deliveroo, ou de Heetch, une application de chauffeurs VTC, est-ce le coup de grâce pour les acteurs de l’ubérisation ? Dans un arrêt du 10 février 2020, la cour d’appel de Douai (Nord) a condamné la société Clic and Walk, une plate-forme de webmarketing collaborative, à 50 000 euros d’amende pour « travail dissimulé ».
Cette société recourt à une communauté de « contributeurs » pour récolter des données, notamment dans les supermarchés. Celles-ci sont ensuite revendues à ses clients. Pour ce faire, les « ClicWalkers » doivent accéder à une application, prendre la photo d’un produit, vérifier sa disponibilité en rayon, puis répondre à des questionnaires.
Ces « missions » sont rémunérées de 20 centimes à quelques euros, mais, en moyenne, les ClicWalkers, qui sont au nombre de 700 000, récoltent environ 6 euros par an, selon l’entreprise. De grands groupes comme L’Oréal, Auchan ou Decathlon ont déjà eu recours aux services de cette start-up lilloise, distinguée par l’Unesco en 2014.
L’Office central de lutte contre le travail illégal a estimé que la plate-forme était dans l’illégalité, car ses contributeurs ne sont pas déclarés comme des salariés, alors qu’ils font un travail similaire à celui des enquêteurs des instituts de sondages. Ce motif a incité le ministère public à se porter partie civile contre Clic and Walk. En 2018, la jeune pousse a d’abord été relaxée par le tribunal correctionnel de Lille au motif du caractère très limité des « missions » qui sont proposées aux contributeurs et de l’absence d’un lien de subordination.
La cour d’appel de Douai n’a pas suivi cette position, considérant que ce lien de subordination existait bel et bien. Consulté par Le Monde, l’arrêt du 10 février fait valoir que « les missions données sont parfois très précises ». Par exemple, le contributeur doit se rendre dans un magasin à certains horaires s’il veut voir sa mission validée.
« Zone grise »
La cour d’appel relève aussi la motivation que constitue la rétribution financière, même si elle est dérisoire : « Pour nombre de contributeurs, c’est la rémunération qui les a incités à devenir ClicWalkers. »« Sous le couvert de faire appel à des consommateurs de la vraie vie, [il s’agit] d’utiliser un personnel très faiblement rémunéré pour recueillir quasi gratuitement des données importantes, revendues ensuite à un prix relativement conséquent [une mission est revendue entre 10 000 et 15 000 euros] aux clients », est-il écrit dans l’arrêt.
Dans le « labo » au carrelage blanc immaculé, au sous-sol de l’Ecole professionnelle de la boucherie de Paris (EPB) Diana Soares, 18 ans, travaille une aiguillette baronne de veau, sous l’œil averti de ses enseignants. En tablier en cotte de maille, tablier blanc, chaussures de sécurité et gants de protection, cette étudiante en première année de CAP boucher retire les petits filets blancs qui restent sur le dessus du morceau. Diana est venue du Portugal pour suivre cette formation. « Mon père est poissonnier, j’avais envie de changer, confie-t-elle avec humour. J’aime le défi technique de la découpe de la viande. » Avec elle, une douzaine d’apprentis désossent, épluchent, découpent avec concentration et calme des morceaux de veau lors de cette séance de travaux pratiques de quatre heures.
« Avec les départs à la retraite, nous avons besoin que 5 000 personnes entrent chaque année dans la profession, et nous atteignons tout juste ce chiffre », Jean-François Guihard, président de la Confédération de la boucherie
Diana n’aura pas de difficultés à trouver un emploi. Dans ce secteur, il existe plus d’offres d’emplois que de postulants. La filière a pourtant fait son possible pour former de plus en plus de jeunes : entre 2007 et 2018, le nombre d’apprentis bouchers en formation a plus que doublé, passant de 4 925 à 10 203, selon la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT). « Avec les départs à la retraite, nous avons besoin que 5 000 personnes entrent chaque année dans la profession, et nous atteignons tout juste ce chiffre », note Jean-François Guihard, le président de la Confédération.
La viande souffre, il est vrai, d’une mauvaise presse. Entre la montée en puissance du véganisme et des préoccupations environnementales et sanitaires, les actions anti-spécistes contre des boucheries et la hausse des prix, la consommation de viande a chuté de 12 % en dix ans, selon une étude récente du Crédoc.
Ainsi, aujourd’hui, les 111 CFA qui proposent le CAP boucher ne font pas le plein, loin de là. A Vannes, celui de la Chambre des métiers et de l’artisanat du Morbihan accueille 152 apprentis bouchers-charcutiers, pour 200 demandes d’entreprises. A Paris, la situation est encore plus critique, avec 347 apprentis pour 400 places offertes en apprentissage. L’EPB affiche 96 % de taux de placement et 95 % de taux de réussite. Les trois quarts vont vers la boucherie artisanale et un quart dans la grande distribution.
Tribune. Le 15 février 2019, Edouard Philippe ouvrait en une phrase le débat économique fondamental de ces dernières années : « Je ne crois pas qu’on puisse durablement vivre dans un monde très compétitif avec 3 millions de chômeurs d’un côté et des entreprises qui n’arrivent pas à recruter » de l’autre. Résumé autrement : la France souffre-t-elle d’un problème d’offre ou de demande ? Les rigidités structurelles françaises qui incarnent l’offre sont-elles la principale cause de notre taux de chômage – comme le suggère ici le premier ministre – ou s’agit-il plutôt du résultat d’une trop faible demande dont la responsabilité échouerait alors à la politique macroéconomique dont la Banque centrale européenne est le juge de paix ?
Edouard Philippe poursuit : « C’est un vrai scandale français d’une certaine façon, une spécificité dont on se passerait bien et il faut qu’on la règle ».
Pourtant, il n’existe pas d’exception française relative à la question des difficultés de recrutement des entreprises. Le cas des Etats-Unis est exemplaire à ce titre.
L’addiction aux jeux vidéo en cause
Alors que le taux de chômage américain avait atteint son point culminant à la charnière des années 2009 et 2010, le Wall Street Journal publiait, dès le 8 août 2010 un article intitulé « Certaines entreprises ont du mal à embaucher malgré un taux de chômage élevé ». Les causes de cette anomalie commencent à être formulées : inadaptation des compétences, trop grande générosité des allocations, faible mobilité des salariés, entre autres.
Au cours de ces derniers mois, près de 75 % des nouveaux entrants sur le marché de l’emploi américain n’étaient pas intégrés dans les statistiques du chômage. Les difficultés de recrutement n’étaient pas un frein, mais un symptôme de l’amélioration de la situation
Ce discours va perdurer au fil des années, malgré la décrue du nombre de chômeurs américains. De 10 % au mois d’octobre 2009, le taux de chômage passe sous la barre des 8 % dans le courant de l’année 2013, sous l’impulsion des politiques menées par la Réserve fédérale des Etats-Unis. Le débat se focalise alors sur les sombres prédictions de l’économiste Robert Gordon. Selon ses recherches datant de 2013, et en conséquence des modifications de « l’offre », le taux de chômage minimal – le plein-emploi – aurait évolué négativement ; passant de 4,8 % en 1997, à 6,5 %. D’autres économistes évaluent ce plancher à 7 %.
Fermeture de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon (Vendée), inquiétudes sur le site de Douai (Nord) de Renault, cessation d’activité pour la sucrerie de Toury, dans l’Eure-et-Loir… Les annonces de fermetures d’usines se suivent et se ressemblent. Les salariés n’ont pas droit de regard sur ces décisions qui les touchent de plein fouet. Pourtant, ils incarnent souvent la seule mémoire de leur usine. La sociologue Amandine Mathivet leur a donné la parole dans « Au turbin ! », son podcast (audio) mensuel sur la vie au travail.
Dans des récits parfois confus, parfois prenants, les personnes interrogées témoignent de leur incompréhension face à des directions virevoltantes et des décisions jugées arbitraires. Il leur est demandé de s’adapter à un monde du travail devenu instable. Mais ces discours paraissent en décalage complet face au ressenti de ces salariés, souvent âgés et peu qualifiés.
Toutes deux employées dans une plate-forme logistique, Christiane et Martine ont connu quatre directions différentes en trois ans. Désabusées, les deux femmes témoignent d’un métier usant, où il leur est demandé de faire deux cents à trois cents pièces par heure, et de stratégies d’entreprises décousues. Suite à plusieurs réorganisations, un plan de départs volontaires leur a été présenté. « Après avoir travaillé plus de vingt ans (…), en plus abîmée physiquement, c’est difficile d’entendre ça», reconnaît Christiane.
«L’inquiétude est au niveau des personnes de la logistique qui ont atteint un âge mûr», renchérit la salariée. Même si le plan de départs leur offre la possibilité de se former à un nouveau métier, Christiane et Martine savent qu’avec leur CV leurs chances de retrouver un emploi ailleurs sont minces. Les deux salariées déplorent que leur employeur n’ait pas davantage investi pour développer leurs qualifications. « Ce n’est pas nous qui sommes obsolètes, c’est qu’on ne nous a pas formées », revendique Martine.
« Un uppercut en pleine figure »
Le podcast donne ensuite la parole à François, qui a vu fermer en 2009 l’usine dans laquelle il a travaillé pendant trente ans. Une annonce reçue « comme un uppercut en pleine figure », selon son expression. Rien ne justifiait cette fermeture, de son point de vue : « Le site faisait des bénéfices, avait des projets… »
Malgré une longue bataille judiciaire menée par les syndicats, l’usine a fini par fermer définitivement ses portes. Entré en 1975 dans cette entreprise – lui-même est le fils d’un employé de l’usine –, François témoigne du « sentiment de se faire voler quelque chose» face à la fermeture d’un site passé de mains en mains, mais qu’il s’est approprié et auquel il a donné ses meilleures années.
Le mouvement de grève des pilotes de Hop!, filiale régionale d’Air France, devrait entraîner peu de perturbations lundi 24 février, a fait savoir dimanche la direction de la compagnie aérienne.
Selon un porte-parole interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), la « totalité » des vols de et vers Paris-Charles-de-Gaulle et Paris-Orly devrait être assurée, ainsi que « la quasi-totalité » des vols au départ des régions françaises. Hop! assure une partie des liaisons domestiques d’Air France et dessert des vols entre des régions françaises et l’Europe.
Les perturbations ne concerneront ni « les vols long-courriers » ni « les vols court et moyen-courriers opérés par un avion Airbus d’Air France », précise la compagnie mère sur son site Internet. Air France propose aux voyageurs qui le souhaitent de reporter leur voyage sans frais.
D’autres journées d’action
Face à la réduction de la flotte et à la suppression de la marque Hop!, les pilotes sont inquiets pour leurs carrières et leurs emplois. Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), premier syndicat de pilotes de cette filiale, appelle à la grève pour exiger de meilleures conditions de salaires et de travail, plus proches de celles des pilotes d’Air France. Il souhaite également voir « pérennisé » à partir de 2020 le transfert chaque année de 70 pilotes vers Air France et propose des solutions transitoires, quand la direction cherche à limiter ces départs afin de préserver son activité, selon Emelyne Fronteau, présidente du SNPL Hop!.
Le syndicat avait déposé fin décembre un préavis de grève de 144 heures étalées sur douze jours, repoussé le temps de discuter avec la direction de Hop!. Cette dernière a proposé une hausse des salaires de 3 %, jugée insuffisante par le syndicat.
Le préavis court à partir de lundi, de 6 heures à 18 heures, et la grève doit se décliner sur d’autres journées, la prochaine étant jeudi, a précisé à l’AFP Mme Fronteau. « Plus de la moitié des pilotes sont engagés sur la journée de lundi », affirme-t-elle.
Quelques turbulences sociales
Créée en 2013, Hop! emploie environ 2 500 personnes dont 750 pilotes. La compagnie résulte de la fusion des trois anciennes filiales régionales d’Air France (Brit Air, Régional et Airlinair). La dernière grève de ses pilotes remonte à l’été 2017.
Air France est secouée ces derniers jours par quelques turbulences sociales, devenues rares depuis l’arrivée de Ben Smith aux commandes d’Air France-KLM. La compagnie tricolore a ainsi connu vendredi et samedi des débrayages dans ses escales à Orly et en régions à l’appel des syndicats du réseau court-courrier d’Air France (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et UNSA), mobilisés contre le recours accru à la sous-traitance après plusieurs plans de départs volontaires.
Cet appel a été « très suivi à Nantes, Toulouse et Bordeaux », a déclaré à l’AFP Christophe Malloggi, de FO Air France. La direction n’a pas communiqué le taux de grévistes mais elle a souligné que « l’intégralité du programme de vols » avait été assuré.
Le « vélotaf », mot-valise de « vélo » et « taf » (« travail » en argot), consiste à utiliser une bicyclette pour ses trajets domicile-bureau. Depuis les grèves des transports en commun de décembre 2019, de nombreux « néovélotafeurs » sont apparus, défiant les éléments et les obstacles. Cinq commandements pour s’accrocher au guidon.
Ta distance, tu évalueras
Tout cycliste occasionnel, voire inconnu au bataillon du deux-roues jusqu’ici, peut se mettre facilement en selle dès lors qu’il ne s’attaque pas d’emblée à l’ascension du mont Ventoux. « Huit kilomètres aller-retour, c’est rien, estime Julien Rabier, 32 ans, qui a adopté le vélo pour se déplacer à La Rochelle en 2017. Juste quelques dizaines de minutes sans forcer, tu n’as même pas le temps de transpirer. » Pour le créateur du blog « Cestbiendetrebien.com », consacré au running, trail et bikepacking, « pas besoin d’avoir de grosses bases. Tu prends vite le pli, et tu progresses rapidement ».
« Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu’à 4 kilomètres du domicile »
2 % d’actifs français rejoignent leur travail à vélo pour des distances majoritairement inférieures à 5 km, rarement plus de 10 km. C’est même le mode de déplacement qui rend « le plus heureux », selon les conclusions d’une étude de l’université du Minnesota.
Et c’est assez rapide en ville : de 10 km/h à 16 km/h en moyenne – autour des 20 km/h pour le vélo à assistance électrique, ou VAE. « Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu’à 4 kilomètres du domicile, et décroît au-delà, observent Frédéric Tallet et Vincent Vallès, auteurs de l’étude Partir de bon matin, à bicyclette (Insee Première, janvier 2017). Pour les distances de plus de 15 kilomètres, les vélotafeurs sont moins de 0,5 %. »
Ton biclou, tu choisiras
« La condition physique n’est pas déterminante dans le choix du vélo mais l’usage qu’on en fait au quotidien, si, considère Olivier Oudin, cofondateur de Monsieur Cycles, vélociste à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) depuis 2013. De plus, tout ce qui apporte du confort sur un vélo, c’est du poids en plus à déplacer. »
Le cycle adopté par le vélotafeur, qu’il le préfère VTT, « tout-chemin », électrique, hollandais ou pliant, dispose au minimum d’une selle suffisamment confortable pour qu’il n’en garde pas le souvenir une fois qu’il en est descendu, d’une chaîne graissée, d’une sonnette audible à plus de 50 mètres, de pneus en bon état et bien gonflés, ainsi que de deux dispositifs de freinage efficaces. Et d’un éclairage en état de marche.
« Pour garantir le meilleur rendement, le vélo doit être adapté à la taille du cycliste, lui permettre d’être plutôt assis que couché pour une meilleure visibilité en ville et disposer de grandes roues pour lui offrir le plus grand déploiement possible et une meilleure adhérence, préconise Olivier Oudin. Côté réglages, la pointe des pieds, a minima, vient toucher le sol pour assurer les arrêts en toute sécurité, et le gonflage des pneus est à vérifier une fois par mois », selon ce spécialiste du vélo hollandais.
Bien que cinq fois plus cher en moyenne qu’un vélo classique, le VAE représente désormais 13 % du marché français du cycle (Observatoire du cycle, 2018). A recommander pour les longues distances, et pour les mollets en quête d’une assistance électrique au pédalage.
La sécurité, tu privilégieras
Outre le respect du code de la route qui s’applique aux cyclistes, et sauf dispositions spécifiques à une ville, la sécurité à vélo passe par trois fondamentaux selon Olivier Schneider, président de la Fédération des usages de la bicyclette : préparer son trajet, être visible, et équipé de bons freins.
« Il est primordial que le néophyte détermine l’itinéraire qu’il va emprunter, privilégiant les infrastructures cyclables sur son chemin, plus sécurisées », insiste M. Schneider. Son vélo doit par ailleurs être obligatoirement équipé de feux de position, non clignotants, de catadioptres (dispositifs rétroréfléchissants), blancs à l’avant, rouges à l’arrière, et de catadioptres orange sur les pédales et les roues. Pour accentuer sa visibilité, sac, veste et/ou gilet à bandes réfléchissantes sont à endosser, ce dernier étant obligatoire hors agglomération de nuit et par faible visibilité (pluie, neige, brouillard).
En cas d’accident, le casque réduit les traumatismes crâniens, mais « ne peut rien contre un SUV de 2 tonnes »
Quant au casque, obligatoire pour les moins de 12 ans, « je ne le décourage pas », explique M. Schneider, qui défend le principe de « la sécurité par le nombre », selon lequel « plus il y a de vélos sur l’espace public, plus ils sont prévisibles par les autres usagers, mieux ils sont vus et le risque d’accident décroît ». Un casque qui, s’il est adopté, est ajusté et léger, aux sangles bien réglées. En cas d’accident, il réduit les traumatismes crâniens, mais « ne peut rien contre un SUV de 2 tonnes », souligne M. Schneider. Il reste toutefois « fortement recommandé » par la Sécurité routière.
Enfin, à vélo, pas de casque audio, d’écouteurs ou d’oreillettes, pas plus que de smartphone à la main, infraction passible d’une amende de 135 euros, sans perte de points sur le permis de conduire.
Les éléments, tu contreras
Le vélotafeur va forcément essuyer une averse impromptue, se démener contre un vent glacial, ou suer à grosses gouttes sous un soleil de plomb ou sous le poids d’une doudoune inadaptée. « Le vélotafeur porte en général des vêtements de saison qu’il va garder tout au long de la journée. Ou du moins essayer ! », explique Julien Rabier.
En hiver, l’ultratraileur accro de la petite reine superpose les couches à la manière d’un oignon, l’air interstitiel l’isolant du froid. En toute saison, il privilégie les tissus respirants et garde à portée de main un pantalon et une veste (ou cape) de pluie ainsi que des couvre-chaussures. « Je déconseille le port de la capuche, qui gêne la visibilité latérale. De toute façon, t’es censé avoir ton casque… », ajoute-t-il.
Les plus frileux ajouteront à leur panoplie des gants et une cagoule, à glisser sous le casque. Préférer le tour de cou à l’écharpe au long cours qui aime à flirter avec les rayons de roue. Enfin, pour éviter les « coups de chaud », diminuer la vitesse de ses tours de pédalier le temps que le corps s’habitue à l’effort.
En pragmatisme, tu gagneras
Arrivé sur son lieu de travail, tout le petit barda du vélotafeur, humide ou détrempé, appréciera d’être séché, ou ne serait-ce qu’aéré, accroché à même le vélo s’il est entreposé dans un local, ou suspendu à un portemanteau.
Eviter le séchoir au beau milieu du bureau, ou la liquette malodorante sur le dossier de la chaise. « Je fais sécher ma veste sur un cintre accroché à l’armoire de mon bureau, et le pantalon, si besoin, sur le convecteur », explique Anna, 26 km par jour en VAE depuis dix ans en région parisienne. Dans son caisson, la quinqua dispose d’une paire de chaussures et d’une tenue de rechange cohabitant avec une pompe à vélo. « Ma chef accroche ses vêtements mouillés au paper board, personne n’ose rien dire. »
Panier et/ou sacoche(s) amovibles, ainsi qu’un sac à dos imperméable, viennent agrémenter sa monture, engrangeant au gré des saisons le protège-selle, la gourde, le déo, les lunettes de soleil, ou transparentes pour ne pas verser sa larme, les emplettes ou encore la pince à vélo, le short à glisser sous la jupette à défaut du Poupoupidou, pince à jupe aimantée.
« Bonjour, je suis Luc. Quel métier cherchez-vous ? Dans quelle ville ? Quel type de contrat ? Télécharger votre CV. Qu’est-ce qui vous motive le plus ? » Luc n’appartient à aucun cabinet de recrutement, il n’est pas non plus directeur des ressources humaines. C’est un robot. Il a posé au candidat les questionsque lui avait confiées un employeur de la grande distribution. L’entretien a tout balayé : les caractéristiques du poste, la connaissance du métier et la motivation. Quelques minutes plus tard, il validait la candidature : « nous confirmons que votre profil correspond à nos attentes sur ce poste ». Embauché en huit minutes par un chatbot ? Pas du tout, mais présélectionné certainement par cet animal virtuel, fidèle compagnon du recruteur, qui apparaîtsur le site de l’entreprise sous forme de bulle « pop-up » pour poser ses questions.
Luc est un recruteur junior. Il vient tout juste de fêter son premier anniversaire : il a été créé début 2019 par l’éditeur français Easyrecrue, qui intervient anonymement sur les sites des entreprises. Sa mission est de vérifier la conformité des profils demandés avec ceux des candidats, de lever les ambiguïtés sur le niveau de langue par exemple, les incohérences entre les compétences déclarées et la formation inscrite sur le CV alors qu’un candidat sur deux arrange son profil.
« Il n’y a pas d’intelligence artificielle [IA] complète en France. On reproduit certaines tâches, mais pour la prise de décision, ce ne sont que des programmes tests qui donnent des suggestions », affirme Yves Loiseau, le directeur pour l’Europe du Sud de Textkernel, leader dans l’IA du recrutement. Celle-ci intervient à différentes étapes du processus d’embauche, principalement lors de la collecte des candidatures. Les éditeurs de solutions algorithmiques Easyrecrue, Textkernel, Talentsoft, Oracle, SAP, Cornerstone, Jobijoba,… proposent aux entreprises des « briques » d’intelligence artificielle. Le chatbot est l’une d’entre elles.
« Pénurie de compétences »
Au cabinet d’audit Mazars, Sam, plus jeune que Luc, est déjà recruteur confirmé. Il analyse le langage naturel, le CV, et propose en quelques secondes les offres d’emploi correspondantes. Il est ce qu’on appelle un chatbot apprenant. « Aïe, je ne comprends pas », reconnaît-il parfois. « Au tout début, il ne distinguait pas le bon “conseil” d’ami, du métier du conseil, se remémore Célia Lenormand, du service ressources humaines (RH) de la société. Il ne savait pas non plus ce qu’est un BTS. Il a fallu beaucoup de temps pour tester les questions, les paraphrases, repérer ses incompréhensions. Aujourd’hui encore, l’équipe projet se réunit chaque mois pour lister les nouveaux mots que Sam doit apprendre. »
Placé en redressement judiciaire en décembre 2019, le fabriquant d’inserts et poêles à bois alsacien Supra a finalement été repris par le groupe espagnol Taurus. Ce dernier, spécialisé dans l’électroménager, ne conserve que 41 des 84 salariés et compte poursuivre la production en Alsace. Taurus, qui emploie 836 personnes dans le monde et réalise un chiffre d’affaires de plus de 250 millions d’euros, rajoute ainsi une corde à son arc, avec une offre de chauffage.
Il s’agit d’un nième rebondissement pour Supra, dont l’histoire plus que centenaire a été chahutée par un marché en forte baisse et une transition tardive vers la production de poêle à granulés.
Lorsque EDF achète cette société familiale en 2007, Supra compte encore plus de 300 salariés sur deux sites de production à Obernai (Bas-Rhin) et Auneau (Eure-et-Loir), berceau de la marque Richard Le Droff. Cinq ans plus tard, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Perceva, fonds d’investissement spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté, la reprend alors que son chiffre d’affaires a fondu de près de 30 %. L’usine d’Auneau est fermée, 96 salariés sont licenciés.
« Retournement brutal du marché »
Le nouveau propriétaire investi dans l’outil de production et dans la recherche et développement (R&D). En 2016, il élargit sa gamme aux poêles à granulés, qui constituent le segment le plus dynamique du marché. Mais il est trop tard : les concurrents autrichiens et surtout italiens dominent depuis longtemps le secteur. Supra accumule les pertes et évite de justesse une mise en redressement, en 2017, contre un nouveau plan social et la suppression de 76 postes.
« Au total, Perceva aura investi 30 millions d’euros. Mais le retournement brutal du marché à partir de 2014 et le retard technologique pris lors des années EDF n’auront pas permis de redresser la barre », estime Jean-Louis Grevet, président du fonds d’investissement. Celui-ci se décide à vendre, alors que le poids des dettes (20 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 16,2 millions d’euros, et même 13,5 millions estimés pour l’exercice qui s’achève) pèse sur l’activité.
« Du fait de notre situation financière, nous avons été déréférencés par l’un de nos principaux réseaux de distribution en 2019, avec à la clé une perte de chiffre d’affaires de 1 million d’euros », note ainsi le président du directoire, Alberto Morgando. Pour intéresser un repreneur, Supra n’a eu d’autre choix que de passer par la case liquidation.
Une dernière chance
Dans ce contexte difficile, l’intégration du fabricant dans le groupe Taurus constitue une dernière chance de pérenniser la marque et son savoir-faire. Le français Invicta était aussi sur les rangs, mais n’a pu réunir suffisamment de garanties financières. Un échec vécu avec amertume par les salariés.
Au terme de plusieurs semaines de mobilisation, les personnes licenciées n’obtiennent pas davantage que les indemnités légales, 1 500 euros de prime de formation, ainsi qu’une priorité de réembauche de vingt-quatre mois. « Ce sera difficile pour ces ouvriers de retrouver un emploi », estime Vincent Debats, délégué syndical CGT. De Mahle-Behr à Schaeffler France, en passant par Gaz liquéfiés industrie (GLI) et Punch Powerglide, le secteur métallurgique alsacien est particulièrement malmené en ce moment.