« Osez le télétravail ! » : Les manageurs face aux enjeux du travail à distance
L’histoire est connue. En 2020, la pandémie de Covid-19 et ses confinements successifs ont imposé le travail à distance à une grande partie des salariés. Une pratique qui s’est maintenue après la crise sanitaire dans nombre d’organisations. « Le télétravail a fait irruption par effraction dans nos existences », résume Jean-Claude Delgènes, fondateur du cabinet Technologia, spécialiste de la prévention des risques psychosociaux liés au travail. Et, malgré l’appel venu d’outre-Atlantique à revenir au « tout présentiel », cette nouvelle organisation du travail devrait s’inscrire dans la durée en France, tant les collaborateurs y sont attachés, indique M. Delgènes.
Mais cette évolution, si elle rencontre l’adhésion des salariés, n’est pas sans risques. C’est précisément l’objet du dernier ouvrage de M. Delgènes, Osez le télétravail !. L’auteur propose un guide pratique du travail à distance, mettant notamment en lumière les écueils que les manageurs doivent éviter. Ils sont multiples.
Certains ont déjà été pointés dans de nombreuses études : difficulté à encadrer à distance, des équipes éparpillées façon puzzle, difficulté à bien équilibrer contrôle et mise en autonomie. Les encadrants doivent également faire face au risque d’isolement de membres de leurs équipes et, parfois, à un surinvestissement dommageable à leur santé mentale.
Les inégalités et le genre
M. Delgènes s’intéresse, au fil des pages, à d’autres points d’attention. Il invite ainsi les cadres à « tenir compte des inégalités devant le télétravail » soulignant que le travail à distance « amplifie les traits de caractère individuels, ce qui peut entraîner des erreurs de jugement et de décision pour les manageurs ». Il observe que « certains individus en télétravail ont (…) plus de facilité à mettre en avant leurs réalisations et à s’exprimer de manière convaincante », grâce notamment à une meilleure maîtrise de l’expression verbale. Une attention doit donc être portée aux collaborateurs plus introvertis, et à bien distinguer, au quotidien, le fond de la forme.
Les inégalités entre télétravailleurs peuvent également porter sur le genre, explique l’auteur, qui appelle à la vigilance. « Des femmes se retrouvent, en quelque sorte, piégées, précise M. Delgènes : d’un côté, elles sont confrontées à des tâches domestiques et familiales qui les empêchent souvent de se consacrer pleinement à leur travail, et de l’autre, le télétravail les place dans une position où elles risquent d’être moins visibles et moins prises en compte par leurs supérieurs hiérarchiques. »
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