« On ne va pas se raconter d’histoire éternellement… Je vais faire faillite »

« On ne va pas se raconter d’histoire éternellement… Je vais faire faillite »

Manifestation de commerçants indépendants, le 4 novembre à Bayonne.

Il est des Français pour qui le reconfinement ne fut pas qu’une mauvaise nouvelle. Pour 2 millions de travailleurs indépendants, privés de toute aide depuis l’été – selon l’estimation des organisations qui les représentent –, ce fut aussi un soulagement. Lors de son discours du 28 octobre, Emmanuel Macron a en effet annoncé un « plan spécial » à destination de cette catégorie très hétérogène, qui englobe commerçants, artisans, professions libérales, et dont le nombre (hors agriculture) a augmenté de 33 % entre 2008 et 2017, principalement grâce au succès du statut d’auto et microentrepreneur.

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Ce plan consiste principalement en une réactivation du fonds de solidarité, avec des aides jusqu’à 10 000 euros selon les cas, et des reports ou exonérations de cotisations sociales. « Ça ne sauvera pas mon entreprise mais je l’attends avec impatience », a réagi Claude (le prénom a été changé), 48 ans, consultant en management, avant de raconter le maelström dans lequel il est pris, comme beaucoup d’autres, depuis huit mois.

En société unipersonnelle depuis dix ans, il conseille les entreprises qui ont des projets de transformation. « On est une variable d’ajustement : nous sommes les premiers à dégager en temps de crise », explique-t-il. En mars, la société pour laquelle il travaillait lui a demandé de libérer son bureau en une semaine. Il a alors eu droit au fonds de solidarité dans sa forme initiale pendant quatre mois : 4 x 1 500 euros versés sur le compte de sa société. « Ça tombe dans la trésorerie, pas dans ma poche ! Pour me verser du salaire là-dessus, j’ai payé des cotisations sociales », souligne-t-il.

« On est une variable d’ajustement : nous sommes les premiers à dégager en temps de crise », Claude, consultant en management

Pour lui, comme pour beaucoup de petits entrepreneurs prestataires de services, sans salariés, l’aide du fonds de solidarité s’est arrêtée à l’été. Rien en juillet, août, septembre et octobre alors que son activité n’est jamais repartie. « L’économie est K.-O. Mes clients potentiels ne font plus de projets, ils comptent leurs sous, constate-t-il. Moi j’ai brûlé ma trésorerie. On ne va pas se raconter d’histoire éternellement… Je vais faire faillite. » Des années de travail pour bâtir un réseau et une réputation, détruites en quelques mois. Ce reconfinement lui rouvre l’accès à 1 500 euros d’aide mensuelle. Sans rétroactivité sur l’été. « J’espère que ça le sera pour octobre », s’inquiète-t-il. Si, cette fois, les formulaires sont à jour.

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LJD

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