« Nous demandons que soit enfin décidée une mesure forte pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes »

Tribune. La proposition de loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle, adoptée le 12 mai en première lecture par l’Assemblée nationale, cherche à instaurer un quota de femmes cadres dirigeantes, de 30 % d’abord, puis de 40 % dans un délai de huit ans. Toutefois, ce quota ne s’appliquerait que dans une infime partie des entreprises françaises, celles dont l’effectif salarié est de 1 000 personnes et plus.
Ce n’est pas acceptable. En effet, presque cinquante-six ans après l’autorisation pour les femmes de pouvoir travailler et ouvrir un compte en banque sans l’autorisation d’un mari, qu’en est-il de l’effectivité réelle de nos droits ? Où sommes-nous dans les postes de direction ? Et lorsque nous y sommes :
« Avec qui a-t-elle couché pour en arriver là ? »
« Qu’en pense son conjoint ? »
« Qui garde les enfants ? »
« Cette femme a une sacrée paire de couilles ! »
Stagnation
Alors que la seconde moitié du XXe siècle a été une période d’avancées historiques sur le plan de l’égalité, force est de constater que l’époque actuelle est à la stagnation. Face à la trop lente évolution des mentalités, nous savons que la loi est souvent le seul recours vers l’égalité réelle. L’instauration de quotas fait ainsi, et nous le regrettons, souvent plus pour notre dignité de femmes, qu’elle n’amoindrit celle-ci.
La mixité dans les postes à responsabilité dans l’encadrement dirigeant demeure un problème persistant. Le niveau de responsabilité est au cœur de l’inégalité que nous subissons dans les entreprises. Nous rappelons à cet égard qu’aujourd’hui nous ne représentons que 20 % des cadres dirigeants. Par « cadre dirigeante » ou « cadre dirigeant », nous entendons les cadres de direction comme les directrices et directeurs financiers, commerciaux, juridiques, etc.
Nous subissons une discrimination difficile à appréhender par le droit, dans la mesure où elle s’inscrit dans un système sociétal multifactoriel ancré dans un patriarcat difficilement saisissable. Les traditions sexistes jalonnent encore nos vies de femmes et inhibent nos choix.
Dans notre société contemporaine, il est encore considéré – consciemment ou inconsciemment – comme « normal » le fait que nous ayons un poste inférieur, gagnions moins, sacrifions nos carrières à la maternité et à l’éducation de nos enfants. C’est un réflexe global, lourdement conditionné, qui n’en est qu’au début de sa déconstruction.
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