Muriel Pénicaud tance les mauvais élèves de l’égalité salariale en entreprise

Muriel Pénicaud tance les mauvais élèves de l’égalité salariale en entreprise

La ministre du travail, Muriel Pénicaud, arrive au palais de l’Elysée, à Paris, le 26 février.
La ministre du travail, Muriel Pénicaud, arrive au palais de l’Elysée, à Paris, le 26 février. LUDOVIC MARIN / AFP

Derichebourg, Safran Electronics & Defense Cockpit Solutions, Securitas France, Foncia carrières et compétences ou encore Go Sport… La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a dénoncé, jeudi 5 mars, les mauvais élèves en matière d’égalité femmes-hommes, un an après la mise en place de l’index égalité professionnelle.

« Dix-neuf entreprises étaient en 2019 en dessous de la note de 75 [sur 100] et le sont toujours. Ce sont elles qui n’ont pas agi sur le sujet », a déploré Mme Pénicaud dans un entretien au Parisien, à propos des 1 200 sociétés de plus 1 000 salariés concernées. « Celles-ci vont être contactées dans les prochains jours par la direction générale du travail, qui va leur rappeler la loi », a-t-elle expliqué, précisant que, « si dans deux ans, elles [conservaient] cette mauvaise note, elles [s’exposaient] à une amende équivalant à 1 % de la masse salariale chaque année ».

L’augmentation de salaire au retour de congé maternité figure parmi les critères les moins respectés

La ministre se veut néanmoins optimiste. « La dynamique est lancée. La note globale moyenne des grandes entreprises est passée de 83 à 87. C’est encourageant. Cela change déjà la vie des femmes, mais il y a encore beaucoup à faire », a-t-elle déclaré. Ainsi, en tête du palmarès, 55 entreprises ont obtenu 100 ou 99 points, telles que BHV Exploitation, Banque populaire Méditerranée, MAIF ou Orange, contre 36 en 2019. L’ensemble du classement devait être publié vendredi 6 mars sur le site Internet du ministère du travail.

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Afin de mesurer l’égalité salariale et la réduction de son écart au fil des années, un index a été construit à partir de cinq indicateurs, sur une échelle de 100 points. Il se décompose entre la rémunération (40 points), la répartition des augmentations individuelles (20), celle des promotions (15), l’augmentation de salaire au retour de congé maternité (15), et la parité parmi les dix plus hautes rémunérations (10). Ce sont les deux derniers critères qui sont les moins respectés.

« Mises en demeure »

Après les grandes entreprises, puis celles de 250 à 1 000 salariés, l’index de l’égalité professionnelle femmes-hommes s’applique maintenant à celles de 50 à 250 salariés, qui devaient le publier, dimanche 1er mars. Au total, 40 000 firmes sont concernées, couvrant 9 millions de salariés, dont près de la moitié sont des femmes. Soixante-six pour cent ont déjà publié l’index, dont 83 % des sociétés de plus de 1 000 salariés, 71 % de celles de 250 à 1 000 employés, et 49 % de celles de 50 à 250 salariés, a précisé le ministère.

Particularité de cette deuxième édition de l’indicateur, l’année 2020 est celle du name and shame (« nommer et couvrir de honte ») pour celles de plus de 1 000 salariés. Dès juin 2019, Muriel Pénicaud avait prévenu les 200 grandes entreprises qui avaient déjà trois mois de retard pour publier leur index 2019 sur leur site Web que, si elles ne se mettaient pas en conformité « très vite », elles seraient « mises en demeure » et pourraient « avoir des sanctions ». A l’occasion d’un prébilan dressé en septembre 2019, dix-sept ont ainsi été mises en demeure. Puis, comme la ministre l’avait annoncé , elle a révélé les noms des « mauvais élèves » de la lutte contre l’égalité femmes-hommes qui le sont toujours en 2020.

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Les sociétés mises au ban affichent leur étonnement, comme cela était déjà le cas en 2019. « Ce n’est pas à l’image du groupe, réagit un porte-parole du motoriste Safran. Dix-huit de nos 26 sociétés remplissent les critères et 14 ont obtenu plus de 85 points. Safran Electronics & Defense Cockpit Solutions est une filiale de filiale. Mais on est très étonnés. »

La première édition de l’index avait surpris plusieurs grands groupes, à l’instar d’Engie, dont cinq entités étaient mal notées : GRDF, Engie Home services, MCI, Endel SA et Ineo. Cela a été « un vrai électrochoc pour nous, à deux titres, a souligné Olivier Hérout, DRH adjoint groupe d’Engie, dans un entretien à l’agence spécialisée AEF. « Tout d’abord, parce qu’Engie est fortement engagé dans la féminisation des métiers, sur la place des femmes et l’égalité professionnelle, avec des indicateurs pas trop mauvais dans les bilans sociaux. Ensuite, parce que Sylvie Leyre, ancienne DRH France de Schneider Electric, missionnée par Muriel Pénicaud, nous avait demandé de contribuer à la définition des indicateurs de l’index. Nous nous disions à ce moment-là que nous devions être conformes. »

Comme une entreprise sur trois en 2019, chez Engie, l’augmentation de salaire des femmes au retour du congé maternité avait été négligée. En 2020, elles ne sont plus qu’une sur dix. « La prise de conscience a fonctionné », conclut le ministère du travail.

L’Union européenne prépare une loi sur la transparence des salaires

La Commission européenne va présenter, d’ici à la fin de 2020, une législation sur la transparence des salaires, avec pour objectif de lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes, qui gagnent en moyenne 16 % de moins. « Nous allons présenter des mesures contraignantes (…), après consultation des partenaires sociaux », a déclaré, jeudi 5 mars, la commissaire européenne chargée de l’égalité, la Maltaise Helena Dalli. « Nous devons d’abord avoir ces mesures sur la transparence des salaires pour pouvoir ensuite nous attaquer aux inégalités de salaires et de retraites », a-t-elle ajouté. Les femmes touchent en moyenne une retraite inférieure de 30 % à celle des hommes, a rappelé la vice-présidente de la Commission, la Tchèque Vera Jourova.
 

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