Mode enfantine : la fin de Kidiliz conduit plus de 1 000 salariés au chômage
C’est un nouveau coup dur pour le secteur du commerce. Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, lundi 23 novembre, la liquidation du groupe de mode enfantine Kidiliz. Faute de candidat à une reprise totale de l’entreprise, en redressement judiciaire depuis septembre, ses actifs seront attribués à sept entreprises, parmi lesquelles ID Kids, CWF ou l’américain Hanes. Elles se partageront les enseignes et marques du groupe, dont Roger Zannier et sa sœur, Josette Redon, ont jeté les bases à Saint-Chamond (Loire) en 1962, lors de la création de Z, spécialisé dans la mode enfantine bon marché.
Pour l’heure, 497 de ses 2 600 salariés dans le monde sont repris – et seulement 356 postes en France, soit moins de 30 % des contrats à durée indéterminée. Dans l’Hexagone, ce jugement devrait entraîner le licenciement sec de plus de 1 000 salariés, à la suite de la fermeture de boutiques Catimini et Z partout sur le territoire, et du site de Saint-Chamond. « Les jugements portant sur les filiales italienne, belge et luxembourgeoise [625 employés au total] seront annoncés le 1er décembre », précisent les administrateurs judiciaires.
Les salariés de Kidiliz auront essuyé revers sur revers depuis la cession de l’entreprise par ses fondateurs au chinois Zhejiang Semir Garment, en 2018. L’entreprise cotée à la Bourse de Shenzhen « ne s’est jamais investie à la hauteur de son projet », estiment les élus du personnel. Elle n’a pas « pris la mesure des restructurations nécessaires », affirme aussi Patrick Puy, nommé directeur général du groupe en juillet 2020, deux mois avant sa mise en redressement judiciaire.
Chute d’activité vertigineuse
Car, en 2019, alors que ses pertes atteignaient 38 millions d’euros, le projet de cession de Z, l’ancien sponsor du cyclisme, capote. Par la suite, la situation financière de Kidiliz continue de se dégrader. « Près de 80 millions d’euros de pertes » étaient prévus en 2020, selon M. Puy. Vient ensuite le printemps noir de 2020. Kidiliz paie chèrement la fermeture administrative de ses magasins lors du premier confinement, de la mi-mars à la mi-mai. La chute d’activité est vertigineuse : 260 millions d’euros de ventes prévues cette année, contre 388 millions en 2019.
Dès lors, il devient impossible d’éviter la cessation de paiements. La procédure de redressement judiciaire se révèle ardue. La crise due au Covid-19 décourage les repreneurs et complique la recherche de candidats. Pis : début novembre, ces derniers revoient leurs offres à la baisse. « Par crainte de la conjoncture », note Patrick Puy. ID Kids s’est ainsi ravisé. A la fin d’octobre, il jurait pouvoir sauver 615 emplois en France.
Deux semaines plus tard, le groupe qui exploite Okaïdi, Jacadi et Oxybul, et totalise 892 millions d’euros de ventes présente une copie plus chiche : 229 postes seulement pour 79 magasins et plusieurs marques, dont Absorba. CWF, fabricant de vêtements sous licence, préserve, lui, 87 emplois, tandis que l’américain Hanes et l’italien Vincenzo Zucchi reprennent respectivement 87 et 173 salariés.