Miné par une forte baisse d’activité, Air France s’enfonce dans la crise

Le climat social menace de se tendre chez Air France. Le plan visant à supprimer plus de 6 500 postes, mis en œuvre par la direction, vient de subir un premier accroc. Les personnels navigants commerciaux (PNC) sont moins nombreux qu’espéré à vouloir quitter la compagnie. Alors que 1 700 départs étaient attendus, seuls 1 151 hôtesses et stewards se sont inscrits pour bénéficier du dispositif de rupture conventionnelle collective (RCC), qui est arrivé à échéance, mercredi 30 septembre.
En revanche, du côté des pilotes, les objectifs de la RCC ont été remplis, 368 navigants ayant déjà quitté l’entreprise. Devant le peu d’enthousiasme des PNC, la direction fait contre mauvaise fortune bon cœur. Selon elle, les 1 700 départs programmés n’étaient qu’un « calibrage maximum ». Elle assure avoir atteint son but, en poussant vers la sortie « 10 % des PNC, autant que pour les pilotes ».
A l’inverse, les syndicats font grise mine. Faute d’avoir obtenu le nombre de départs souhaités, la direction voudra « trouver des mesures complémentaires », s’inquiète Christelle Auster, présidente du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) d’Air France. Il y aurait environ 3 000 hôtesses et stewards en surnombre.
Arsenal de mesures
D’après Mme Auster, la compagnie cherche déjà, par tous les moyens, à « réduire les coûts pendant l’activité partielle ». Elle souhaiterait « des équipages moins nombreux » en cabine, notamment à bord des nouveaux avions qui entreront dans la flotte. La direction voudrait aussi convaincre les PNC de « renoncer à la garantie de rémunération ». En définitive, les hôtesses et stewards seraient payés à l’heure de vol, un peu à la manière des pilotes, redoute la syndicaliste. Cet arsenal de mesures « est un accord de performance collective qui ne dit pas son nom », juge-t-elle.
Les syndicats craignent qu’Air France tente de l’imposer, à la faveur des négociations lancées lors du basculement de l’activité partielle – en place depuis mars 2020 –, vers l’activité partielle de longue durée. Initialement prévu au 1er novembre, il ne devrait intervenir qu’au 1er janvier 2021. La ministre du travail, Elisabeth Borne, a annoncé, mercredi 30 septembre, la prolongation, jusqu’à fin 2020, du dispositif d’activité indemnisé à 100 % pour tous les secteurs protégés, dont le transport aérien.
Un répit bienvenu pour la compagnie, toujours engluée dans la crise. « L’été était plutôt bien parti », fait-on savoir chez Air France, qui avait même augmenté ses capacités, de 35 % à 40 %. Cependant, l’activité a faibli « à partir de la mi-août, avec l’annonce des mesures de restriction de circulation ». Elle s’est même effondrée en septembre , sous le « double effet » de la diminution des passagers loisirs liée à la fin des congés d’été et de l’absence des clients affaires, « qui ne sont toujours pas revenus ». « D’ailleurs, on ne s’attend pas à ce qu’ils reviennent tout de suite », se désole la compagnie. En septembre, le taux de remplissage des avions serait tombé à 50 %.
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