L’intérim traverse une mauvaise passe

L’intérim traverse une mauvaise passe

Sur le chantier de la nouvelle cimenterie du groupe Heidelberg Materials à Airvault (Deux-Sèvres), le 5 juillet 2024.

La bonne santé de l’emploi salarié, qui continue de se maintenir à des niveaux élevés en France, ne profite pas au secteur de l’intérim. Sur les douze mois écoulés, l’économie française a créé 78 000 emplois supplémentaires, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiés mardi 6 août. Mais l’emploi intérimaire, lui, est en recul pour le sixième trimestre d’affilée. En douze mois, il a perdu environ 48 700 postes (– 6,2 % ). Et, contrairement à l’emploi total, il est nettement en retrait par rapport à l’avant-crise sanitaire, avec 40 000 emplois de moins.

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Tous les secteurs d’activité sont touchés : sur la base des dernières données disponibles, soit de mai 2023 à mai 2024, l’intérim a reculé de 7,8 % dans l’industrie, soit 21 800 postes de moins, de 4,2 % dans la construction (6 000 intérimaires de moins) et de 2,5 % dans le tertiaire (– 9 000), selon les données communiquées par la direction de l’animation et des statistiques du ministère du travail (Dares).

Ce repli durable de l’intérim appelle plusieurs explications. Les entreprises ne recrutent plus aussi massivement qu’en 2022 et 2023. « L’emploi ralentit, les difficultés de recrutement ont tendance à diminuer », relève ainsi Olivier Garnier, directeur général des statistiques et des études de la Banque de France, vendredi 9 août, en présentant l’enquête mensuelle de conjoncture. La part des chefs d’entreprise déclarant avoir du mal à recruter était encore de 58 % en juillet 2023. Elle n’est plus que de 33 % en août de cette année. Les employeurs ont donc moins besoin de recourir aux sociétés de travail temporaire pour compléter leurs effectifs, en attendant de recruter du personnel permanent.

Implacable concurrence chinoise dans l’industrie automobile

Ce trou d’air provient en partie des difficultés de l’industrie automobile, l’un de ses principaux clients : environ 10 % des 400 000 salariés de la filière sont des travailleurs temporaires. Confrontés aux coûts de la transition vers l’électrique, à la chute des ventes et à l’implacable concurrence chinoise, les constructeurs réduisent la voilure et ce segment de la main-d’œuvre est le premier à en pâtir.

Autres gros client de l’intérim, la construction et le bâtiment sont aussi en crise et l’activité ralentit. Au premier trimestre, par exemple, l’effectif moyen intérimaire employé dans le BTP était de 128 468 équivalents temps plein, soit 6,9 % de moins que l’année précédente, indique l’Observatoire des métiers du BTP.

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LJD

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