L’injustice au travail pourrait favoriser les troubles musculo-squelettiques (TMS)
Après une première étude qui avait mis en évidence le lien entre perception d’injustice et troubles du sommeil, voici une analyse sur les relations entre sentiment d’injustice et troubles musculo-squelettiques.
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Les liens entre le mal-être ressenti par certains salariés et l’apparition de troubles psychosociaux ne sont plus à faire. Mais se sentir injustement traité par son patron ou ses clients peut-il aussi avoir des conséquences sur le corps ? C’est l’hypothèse explorée par la chercheuse Caroline Manville, spécialiste en gestion des ressources humaines. Professeure à la Toulouse School of Management, elle s’intéresse depuis plusieurs années à la relation entre le sentiment d’injustice perçu par certains salariés au travail et le développement de troubles musculo-squelettiques (TMS).
La chercheuse a reçu en 2018 un financement de 367 000 euros de l’Agence nationale de la recherche (ANR) afin de mener à bien ce projet sur quatre années. « En s’intéressant au rôle des perceptions d’injustice, nous pouvons comprendre pourquoi des salariés qui n’occupent pas de postes considérés comme pénibles physiquement développent des TMS », affirme Caroline Manville.
Mal-être physique et mental sont liés
En 2016, la chercheuse avait obtenu de premiers résultats qui étayent ce propos : « Avec mon équipe, nous avons mis en évidence que les perceptions d’injustice sont à l’origine de troubles du sommeil, qui conduisent à de l’épuisement émotionnel, épuisement qui explique le fait de souffrir de TMS du haut du corps. »
Les troubles musculo-squelettiques constituent la première maladie professionnelle reconnue en France. Dos qui se tasse, épaules courbées… mal-être physique et mental sont intimement liés. La somatisation est un mécanisme reconnu et abondamment étudié par la science. Aux yeux de la société aussi bien que de la loi, les TMS bénéficient d’ailleurs d’une meilleure reconnaissance que certains troubles psychosociaux, comme le burn-out.
Cette réalité n’inciterait-elle pas les salariés à évoquer plus volontiers un problème de dos plutôt qu’un mal-être moral ? « Concernant les questions de santé, il semblerait que les salariés aient légèrement tendance à surestimer leur problème, reconnaît la chercheuse. C’est pourquoi notre étude repose en partie sur un examen médical pour déterminer dans quelle mesure les salariés présentent des TMS ou non. »