Licenciement confiné : double peine pour le salarié

Carnet de bureau. « Je vais probablement quitter cette boîte et chercher ailleurs », confie Nathalie, sous le couvert de l’anonymat. A 52 ans, ingénieur d’études chez Hilti France, la filiale de l’entreprise d’outillage pour le BTP fondée au Lichtenstein en 1941, elle vient d’avoir la confirmation de son licenciement par lettre recommandée, sans avoir pu s’expliquer de vive voix avec son employeur, sans entretien préalable.
Entrée en janvier 2019 dans l’entreprise, après quatre mois de période d’essai réussie, l’intégration à l’équipe ne s’est pas très bien passée et l’a rapidement menée à la dépression. A son retour en mi-temps thérapeutique, Nathalie a été mutée dans un service qui ne correspondait pas à sa spécialité, la mettant à la fois en position de faiblesse professionnelle et d’isolement. La situation s’est dégradée, instaurant une forte relation de défiance.
Début mars, « un matin, j’arrive, mon badge ne fonctionnait plus », raconte-t-elle. Un courrier recommandé la convoquant à un entretien préalable le 23 mars l’attendait dans sa boîte aux lettres qu’elle n’avait pas encore ouverte. Nathalie était « dispensée d’activité ». Elle aurait bien aimé s’expliquer, répondre aux motifs avancés par l‘entreprise pour la licencier, se faire assister pour argumenter.
Mais le 16 mars, Emmanuel Macron annonçait aux Français qu’ils devaient désormais rester confinés. Qu’allait devenir l’entretien préalable ? Tout le monde a commencé à se réorganiser pour poursuivre le cours de l’activité à distance.
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« L’employeur aurait dû vous convoquer à un entretien préalable au sein de l’entreprise. Il doit cependant (…) s’assurer du respect des gestes barrières et garantir la distanciation. Les circonstances actuelles ne sont pas un motif, en soi, pour reporter ou annuler cet entretien. L’employeur, devait donc, sous réserve de l’appréciation souveraine des tribunaux, le maintenir », répond l’inspection du travail.
Mais, à partir du 16 mars, la communication entre Nathalie et Hilti devient très instable. Les échanges par courrier ou par mail arrivent dans le désordre. Nathalie, confinée à Bezons (Val-d’Oise), reçoit d’abord des courriers à son adresse de Courbevoie, où elle ne passe que tous les trois jours. Hilti lui fait savoir par mail que « les règles du confinement (…) rendent impossible la tenue de l’entretien physique [du 23 mars] » et l’invite « à faire part de ses commentaires (…) par retour de courriel ».
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