L’IA et les « fantômes »

L’IA et les « fantômes »

Carnet de bureau. Le 21 mai, le cabinet de conseil PwC alerte sur l’accélération du besoin de compétences en intelligence artificielle (IA) dans les offres d’emploi ; le lendemain, le site américain d’accompagnement à la recherche d’emploi CVGenius met en garde l’écosystème du recrutement sur les « annonces fantômes », et, le surlendemain, la plate-forme d’emploi HelloWork, qui a interviewé les recruteurs, révèle que les usages de l’IA générative sont encore très timides.

Le salon Viva Technology, qui s’est tenu à Paris du 22 au 25 mai, était certes une bonne période pour communiquer, aux yeux de ces acteurs de l’emploi. Mais le contraste des résultats de leurs travaux mérite de s’y arrêter. L’IA aurait-elle largement investi le marché de l’emploi ?

L’analyse de 500 millions d’offres d’emploi dans quinze pays, c’est ce que met en avant le cabinet PwC pour souligner le sérieux de sa mesure de l’impact de l’IA sur le marché du travail. Dans cet univers de petites annonces, le nombre de celles qui exigent des compétences en IA augmente 3,5 fois plus vite que les autres, selon la dernière étude du cabinet de conseil, « Baromètre mondial de l’emploi en IA » (« AI Jobs Barometer : a Workforce Transformed »), publiée le 21 mai.

Une montée en puissance à relativiser

Un phénomène qui s’amplifie si l’on zoome sur la France : « On y a multiplié par sept le nombre d’offres qui concernent l’IA, passé de 11 000 en 2018 à 77 000 en 2023 », précise Philippe Trouchaud. Pour le chief technology and products officer de PwC France et Maghreb, « les dirigeants savent que la transformation de leur activité est urgente, sauf à condamner leur entreprise. En France, le premier secteur en demande de compétences IA, c’est l’industrie, qui vient chercher des gains de productivité ».

L’IA serait ainsi en bonne place dans les échanges entre recruteurs et candidats, particulièrement en France. L’accélération est avérée, mais la montée en puissance de l’IA dans l’économie doit être relativisée : 77 000 annonces est un volume très modeste au regard des 3,5 millions d’offres recensées par France Travail en 2023. D’autant que, sur ce total, il faut décompter les « annonces fantômes », un phénomène qui s’est accru depuis vingt ans.

Selon les données diffusées par CVGenius, sur 1,3 million d’annonces analysées, il y aurait 338 000 « fantômes » potentiels : des offres qui restent en ligne parce que les recruteurs ne les ont pas supprimées bien que le poste soit pourvu, ou encore des annonces multiples et continuellement renouvelées pour un seul et même poste, afin de se constituer des « réserves de talents ». Pour l’équipe de CVGenius, l’émergence de l’IA sur le marché de l’emploi, c’est avant tout un plus grand intérêt des recruteurs pour la capacité d’adaptation et la rapidité d’apprentissage des candidats, qui devront se former plus régulièrement.

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LJD

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