Les syndicats tournent la page de l’union, sept mois après la réforme des retraites
Pendant au moins plusieurs mois, l’intersyndicale ne défilera plus au grand complet dans la rue. Lors d’une rencontre, vendredi 1er décembre, au siège national de la CFDT à Paris, les dirigeants des huit principales organisations de salariés ont tenté de redéfinir les règles de fonctionnement de leur alliance, traversée par des tensions depuis quelque temps après le long combat, en rangs serrés, contre la réforme des retraites.
Il ne s’agit pas d’un divorce, mais les parties en présence tournent une page : elles cessent – au moins provisoirement – de lancer toutes ensemble des appels à manifester, tout en maintenant leurs échanges, à un rythme moins soutenu qu’avant et avec un nombre variable de participants suivant les circonstances ou les dossiers à traiter. Les manœuvres communes dans l’espace public sont mises en sommeil mais pourraient redémarrer à la fin de l’hiver.
« On ne passe pas de tout à rien »
Au cours de leur conclave de vendredi, les numéros un se sont dit leurs quatre vérités et en ont tiré les conséquences pour la suite. « Quand elle sert à organiser des mobilisations contre des réformes régressives comme celle sur les retraites, l’intersyndicale est un bel outil », confie Frédéric Souillot. Mais selon le leader de FO, l’heure est venue de « ranger cet outil dans une boîte », ce qui n’exclut pas, tient-il à préciser, « que nous le ressortions si d’autres lois de grande ampleur, contraires à l’intérêt des travailleurs, sont présentées par le gouvernement ». Plusieurs responsables confédéraux abondent dans ce sens : « Le fait est que l’intersyndicale ne peut pas être la même que lors de la réforme des retraites », estime Cyril Chabanier, le président de la CFTC. Une telle union « est toujours circonscrite à un moment particulier et à un thème précis », renchérit François Hommeril, le patron de la CFE-CGC.
La fin d’une aventure commune ? Non, à ce stade, car M. Souillot affirme que lui et ses homologues vont « continuer de [se] voir et de [se] parler, comme avant la réforme des retraites ». « On ne sait pas encore comment on va organiser les choses, mais on va se rencontrer régulièrement, confirme Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT. Est-ce que cela doit être deux, trois, quatre fois par an ? Je ne sais pas, mais l’important sera de ritualiser ça. » C’est une « nouvelle phase » qui s’ouvre, assure Sophie Binet, la dirigeante de la CGT. « L’existence de l’intersyndicale était liée à la lutte contre la réforme des retraites, mais nous allons prolonger sous une autre forme le travail unitaire qui avait été engagé depuis l’été 2022, ajoute-t-elle. Cela s’inscrira dans un cadre souple, fluctuant suivant les sujets, le but étant de l’installer dans le temps long. » M. Chabanier le résume en quelques mots : « On ne passe pas de tout à rien. »
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