Les syndicats des livreurs des plates-formes comme UberEats ou Deliveroo lancent un appel à la grève
« Chaque secteur de la ville est balisé. On aura un gréviste devant chaque grande chaîne de restaurant – McDonald’s, KFC… – pour bloquer les commandes tout le week-end. On a monté ça très vite, en trois semaines, avec l’aide de la CGT, s’enthousiasme Karim (qui n’a pas donné son nom de famille), livreur à Marseille. Nos blocages sont pacifiques. On essaie d’expliquer aux autres livreurs que le but c’est de faire mal à Uber et Deliveroo. On ne veut pas faire de manifestation : l’objectif, c’est zéro commande livrée. »
L’initiative phocéenne répond à un appel national à la grève des livreurs, samedi 2 et dimanche 3 décembre, lancé par la CGT et Union-Indépendants (affilié à la CFDT), auxquels s’est jointe la fédération SUD-Commerces. Des actions sont attendues dans une cinquantaine de villes françaises, sous la forme de blocages ou de rassemblements, comme samedi midi à Paris, place Stalingrad.
Cette mobilisation des coursiers, qui promet d’être la plus suivie depuis l’émergence des plates-formes de livraison de repas en 2016, fait suite à une baisse des rémunérations des 65 000 travailleurs de l’application UberEats, le leader du secteur. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la colère des livreurs, après des années de baisse continuelle, alors que l’inflation flambe », résume Ludovic Rioux, secrétaire de la CGT-Livreurs. « En prenant l’échantillon de 50 livreurs qui nous ont fait remonter les chiffres de près de 3 110 courses avant et après la mise à jour, on observe que 42 gagnent moins qu’avant, constate Fabian Tosolini, délégué national d’Union-Indépendants. La baisse par livreur va jusqu’à 20 %. Le prix d’une course a parfois chuté jusqu’à 40 %. »
« Inquiétudes sur la nouvelle tarification »
Les syndicats imputent cette baisse à un accord signé en avril entre les trois principales plates-formes (UberEats, Deliveroo, Stuart) et la Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE), qui fixe un revenu minimal horaire de 11,75 euros brut… uniquement sur les temps de course, et sans compter le temps d’attente entre deux prestations.
Les propositions formulées, le 21 novembre, par UberEats n’ont pas donné satisfaction. « Après avoir entendu les inquiétudes sur la nouvelle tarification exprimées par certains livreurs, nous avons mis en œuvre des garanties renforcées, explique au Monde un porte-parole d’UberEats. Nous portons temporairement la garantie minimale de revenu horaire de 11,75 euros à 14 euros et nous prenons nos responsabilités pour nous assurer que le niveau moyen de tarification des courses demeure identique. » Les syndicats exigent un retour au modèle de rémunération en vigueur jusqu’en octobre, et davantage de transparence sur les règles de l’algorithme.
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