Les sociétés qui gèrent les distributeurs automatiques de boissons et snacking en difficultés

Les sociétés qui gèrent les distributeurs automatiques de boissons et snacking en difficultés

Les discussions à la machine à café… Une de ces habitudes dont la disparition avec la généralisation du télétravail provoquée par la pandémie de Covid-19 n’est pas sans conséquence économique : le suisse Selecta, l’un des leaders du marché, a annoncé un plan de licenciements de 492 de ses 1 552 salariés en France. L’entreprise, propriété du fonds d’investissement américain KKR, prévoit une baisse de 50 % de son chiffre d’affaires pour 2020 et indique n’avoir « aucune assurance d’un retour à la normale en 2021 ».

La crise liée au Covid-19 a accéléré les difficultés des dernières années, liées notamment à une concurrence accrue des sandwicheries dans les gares. Selecta a, en outre, perdu plusieurs marchés-clés, dont celui du métro parisien : ses derniers distributeurs auront disparu des stations fin décembre. « Mais ils n’ont pas mis assez de moyens pour garder les clients. Les plus petits ont été délaissés au profit des grands, déplore Catherine Denis, déléguée FO. Le télétravail n’a rien arrangé. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La restauration collective paye cher la généralisation du télétravail

« Je crains fort qu’il y ait de nombreux licenciements dans nos entreprises, lorsque les aides dont nous bénéficions seront retirées », prévient Pierre Albrieux, président de Navsa, le syndicat professionnel des ventes et services automatiques, un secteur qui revendique 15 000 emplois directs et 40 000 indirects : « Même si nous sommes autorisés à fonctionner, en pratique, beaucoup d’entreprises, et surtout des administrations, ont condamné leurs machines à café. Elles nous disent craindre les contaminations autour de ces points de rassemblement. »

« La crise la plus violente »

Le millier d’entreprises du secteur, dont 90 % de PME ou TPE, se retrouve ainsi plus ou moins pénalisé, selon que leurs 590 000 distributeurs de boissons ou snacks sont logés dans un supermarché, une usine aéronautique près de Toulouse ou une station-service. « Nous avons subi, pendant le premier confinement, des baisses d’activités variant entre 30 % et 80 %, selon les régions et les emplacements. Le second confinement devrait produire les mêmes effets, poursuit le dirigeant d’une entreprise de 20 salariés à Vaulx-en-Velin (Rhône). Un de nos exploitants a pour seul client [l’école de formation d’artistes le] Cours Florent, dont les locaux sont fermés ».

La filière avait déjà connu deux coups durs par le passé. Le premier, en 2006, lorsque l’interdiction totale de fumer dans les bureaux avait réduit la consommation de cafés pendant la pause cigarette. Le second, en 2015, à l’entrée en vigueur d’une loi prohibant les distributeurs automatiques dans les établissements scolaires, pour limiter l’accès des élèves aux boissons sucrées et confiseries. Quelque 9 000 automates avaient dû être retirés. « La crise liée au Covid est la plus violente jamais subie par la profession », assure M. Albrieux. Pour autant, il ne voit pas la crise se prolonger si le télétravail devient un mode de vie : « on en parle depuis longtemps, mais cette expérience grandeur nature a montré les inconvénients du travail à distance. Après le Covid, la situation va se stabiliser et on aura la visibilité nécessaire pour diriger nos entreprises. »

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.