Les salariés de SFR attendent avec méfiance les orientations stratégiques de la nouvelle direction
La dernière fois que les représentants du personnel de SFR ont été réunis, à l’automne 2020, pour une procédure légale d’information sur les orientations stratégiques de leur entreprise, la direction leur a promis que tout allait bien. Quatre mois plus tard, elle sortait de son chapeau un plan de départs volontaires portant sur 1 700 personnes, soit près d’un salarié sur cinq, ce qui a valu à l’opérateur télécoms d’être condamné pour déloyauté par le tribunal judiciaire de Paris, en septembre 2021.
Autant dire que la prudence règne à l’orée de la nouvelle consultation sur la stratégie pour les trois prochaines années, lancée mercredi 19 octobre. La procédure doit durer deux mois. Le départ, le 13 octobre, comme l’a révélé La Lettre A, d’Arnaud Billard, le directeur des relations sociales d’Altice France, la maison mère de SFR et d’Altice Média (RMC, BFM…), trois mois seulement après sa prise de fonctions, n’est pas de nature à rassurer. Son prédécesseur, Gabriel Tadjine, n’avait lui-même occupé ce poste que quelques semaines…
Début 2022, Grégory Rabuel, le PDG d’Altice France, s’était engagé à l’oral, devant les salariés, à ne pas toucher à l’emploi jusqu’à fin 2023. Mais, depuis, Patrick Drahi, le propriétaire du groupe, a écarté la direction. En plus de M. Rabuel, remercié le 23 août après une année seulement à ce poste, l’actionnaire a révoqué le directeur des activités grand public, Fabien Costa, ainsi que trois directeurs à l’échelon inférieur chez SFR.
« On voudrait savoir où nous allons »
La purge n’est probablement pas terminée. Dans les couloirs, les paris sur le maintien à son poste du directeur financier d’Altice France, Benjamin Haziza, sont ouverts. Le nom de François Vauthier, dont le père, Alain, est un proche de Patrick Drahi, et qui a déjà tenu les cordons de la bourse de SFR entre 2016 et 2019, revient avec insistance pour reprendre ce poste-clé. Contacté, un porte-parole de l’opérateur dément le départ de M. Haziza. Il ajoute que la consultation sur les orientations stratégiques est une procédure légale et habituelle, organisée tous les deux ans.
Après quelques mois en retrait, le retour remarqué au siège d’Altice depuis cet été d’Armando Pereira, le fidèle bras droit de Patrick Drahi, n’annonce pas forcément des jours heureux
Après le coup de chaud estival de son actionnaire, la nouvelle direction de l’opérateur joue maintenant la carte de l’apaisement. Les premiers contacts entre Mathieu Cocq, le nouveau PDG de SFR, et les représentants du personnel se sont déroulés dans un bon climat, selon plusieurs sources. « Il s’est dit à l’écoute, ouvert à la discussion et conscient de la difficulté de l’époque, après la crise due au Covid-19 et la montée de l’inflation », indique l’une d’entre elles, sous couvert d’anonymat. Le nouveau PDG a, par exemple, promis d’ouvrir les négociations annuelles obligatoires sur les salaires pour 2023 dès décembre, soit avec quelques mois d’avance sur le calendrier habituel. « Mais on sait que la direction a toujours un train d’avance sur nous et on voudrait savoir où nous allons », se méfie un représentant du personnel.
Il vous reste 42.5% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.