Les salariés à l’assaut des conseils d’administration

Les salariés à l’assaut des conseils d’administration

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, aux côtés de Nicole Notat et Jean-Dominique Senard, lors de la présentation de leur rapport sur « l’entreprise, objet d’intérêt collectif », en mars.

C’est une révolution douce, presque invisible. Le mouvement n’en est pas moins marquant : dans un capitalisme français où tout a longtemps paru se jouer entre amis, les salariés commencent à se frayer un chemin jusqu’au saint des saints : les conseils d’administration des grands groupes. Et à y faire entendre une autre voix. C’est ce que montrent les chiffres publiés mardi 16 octobre par l’Institut français des administrateurs (IFA).

Pas moins de 111 administrateurs représentant les salariés en tant que tels siègent désormais dans les conseils des 120 premiers groupes cotés en Bourse (SBF 120), selon les pointages de l’IFA. Leur nombre a bondi de 29 % en un an, et quasiment triplé depuis 2013.

Les salariés occupent ainsi 7,5 % des sièges aux conseils des grandes entreprises cotées, et même un peu plus de 9 % en incluant les salariés désignés en tant qu’actionnaires. Leur présence se révèle donc de moins en moins marginale. Un effet direct des lois Sapin de 2013 et Rebsamen de 2015, qui ont imposé la présence d’administrateurs salariés dans les grands groupes privés.

« Nous avons des convictions, nous les défendons »

« C’est important que la parole du personnel soit portée jusqu’au conseil, juge Stéphane Sauvage, un élu FO récemment nommé chez Getlink, l’ex-Eurotunnel. Cela aide à ce que les autres administrateurs gardent à l’esprit que, derrière les chiffres, l’entreprise est composée de femmes et d’hommes. » Eric Personne, qui siège chez Renault, confirme : « Avant, les administrateurs discutaient de salaire, de licenciement, dans une forme d’entre-soi. Notre seule présence modifie un peu la donne. »

Un troisième administrateur prend l’exemple d’un conseil récent. Les salariés ont voté contre un projet de la direction. « Bien sûr, nos voix n’ont pas suffi à tout bloquer. Mais nous avons des convictions, nous les défendons et, parfois, cela amène le conseil à réfléchir davantage avant une décision. »

Ce…

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LJD

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