Les raisons de l’offensive de Bruno Le Maire contre l’indemnisation des chômeurs seniors
Bruno Le Maire est à l’offensive contre l’assurance-chômage. Depuis plusieurs jours, le ministre de l’économie répète à l’envi que notre Etat-providence doit être remis à plat afin d’arriver au plein-emploi en 2027, soit un taux de chômage autour de 5 % (contre 7,4 % aujourd’hui), conformément à une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Jeudi 23 novembre, sur Franceinfo, il a suggéré une mesure-choc qui contribuerait, selon lui, à atteindre cet objectif : abaisser la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans pour l’aligner sur celles des autres.
Actuellement, les demandeurs d’emploi de moins de 53 ans ont droit à une allocation pendant dix-huit mois au maximum contre vingt-deux mois et demi pour ceux ayant de 53 à 55 ans et vingt-sept mois pour les plus de 55 ans.
Pour M. Le Maire, « quelque chose cloche dans le modèle social français », en particulier avec le système d’indemnisation des chômeurs seniors. Il n’y a « aucune raison » que la couverture offerte aux plus de 55 ans soit plus longue que pour les autres tranches d’âge : « C’est une hypocrisie totale », a-t-il déploré jeudi.
Donner un tour de vis
La charge avait été amorcée le 12 novembre, sur France Inter, lorsque M. Le Maire avait jugé que notre modèle social devait être « moins attractif pour ceux qui ne travaillent pas ». Rebelote une semaine plus tard : dans La Tribune Dimanche du 19 novembre, il plaidait pour « des choix courageux (…), notamment [sur] l’assurance-chômage ». Mardi, au Sénat, il s’est montré encore plus direct : « La responsabilité des entreprises, c’est de garder les plus de 55 ans et d’en embaucher, plutôt que d’utiliser l’assurance-chômage comme un moyen de préparer leurs retraites. »
Cette rhétorique n’est nullement le fruit du hasard. Elle permet d’adresser un message aux syndicats et au patronat dans un contexte où ceux-ci ont trouvé un accord, le 10 novembre, pour établir une nouvelle convention d’assurance-chômage fixant les règles d’indemnisation. Alors que le gouvernement doit donner son agrément à ce texte pour qu’il puisse entrer en vigueur, M. Le Maire considère que le compromis conclu par les partenaires sociaux est « perfectible », en particulier du point de vue de l’équilibre financier : d’un côté, il y a « des dépenses certaines » mais, de l’autre, « des économies improbables ». Le ministre formule cette remarque au moment où doit s’ouvrir une négociation entre partenaires sociaux sur l’emploi des seniors : dans les discussions, il sera question – entre autres – de la modification des paramètres de l’allocation-chômage applicables aux plus de 53 ans. Ainsi, M. Le Maire exhorte les organisations de salariés et d’employeurs à donner un tour de vis, juste avant qu’elles n’engagent leurs pourparlers.
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