Les premiers jours en CDI, pour le meilleur et pour le pire
Si certains jeunes diplômés sont très accompagnés, pour d’autres, cette première entrée stable sur le marché du travail peut s’avérer déroutante.
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15 avril 2019. Premier jour en CDI pour Raphaël Leclercq, tout droit sorti de l’Insa de Lyon. Le jeune ingénieur atterrit dans le monde du travail, et pour lui, cela ressemble à un débarquement sur une autre planète. Alors, il commence par observer. « Je suis arrivé une demi-heure en avance. Je me suis installé à la machine à café, pour voir passer tous mes collègues », raconte le jeune homme de 23 ans, embauché dans une PME spécialisée dans la surveillance. « Je me sentais comme lors d’une finale sportive : j’étais partagé entre stress et excitation. Et comme j’avais changé de région pour ce job et embarqué ma copine avec moi, je voulais tout faire pour que ça se passe bien. »
Alors que l’âge moyen d’accès à un premier emploi stable est passé, selon un rapport du Conseil économique, social et environnemental, de 20 ans en 1975 à 27 ans aujourd’hui, les jeunes diplômés vivent toujours leurs premiers jours en CDI comme un moment important. Un symbole qui marque l’entrée dans l’âge adulte. « En France, les nouvelles générations voient toujours le CDI comme le Graal, constate Romain Delès, enseignant-chercheur en sociologie à l’université de Bordeaux. Quand un jeune en décroche un, il ressent une certaine pression pour honorer le nouveau statut qui lui est conféré. »
« Si ces jeunes sont bien accueillis et intégrés dès le départ, ils peuvent avoir envie de s’investir à fond pour l’entreprise »
Le manageur a alors un rôle-clé pour permettre aux jeunes recrues de prendre de l’assurance et de trouver leur place. « Si ces jeunes sont bien accueillis et intégrés dès le départ, ils peuvent ressentir un effet “waouh” et avoir envie de s’investir à fond pour l’entreprise », observe Clotilde du Mesnil, coach en orientation et insertion chez CoWin Coaching. Ce fut le cas pour Clarisse Bergère, une étudiante d’Epitech Rennes, qui, en parallèle de son cursus, a été engagée en juillet comme développeuse dans une société de services en ingénierie informatique à Pacé (Ille-et-Vilaine). Elle s’en dit ravie. « Je n’avais pas encore pris mes fonctions qu’on m’avait déjà donné les clés des locaux et un accès à tous les outils informatiques internes. On m’a aussi proposé de participer aux afterworks et aux comités collaboratifs mensuels. » Son intégration dans l’équipe n’en a été que plus facile. « Dès mon arrivée, on m’a attribuée un parrain, qui avait fait la même école que moi, explique-t-elle. Cela m’a permis de lui poser toutes les questions sans avoir peur de déranger. »