Les perspectives économiques de la Commission européenne

Les perspectives économiques de la Commission européenne

Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes, à Bruxelles, le 7 mai.
Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes, à Bruxelles, le 7 mai. ERIC VIDAL / AFP
Les gouvernants européens qui doivent se rassembler, jeudi 9 mai à Sibiu (Roumanie), pour exprimer de l’avenir de l’Union européenne (UE), posséderaient sans doute préféré partir avec des prévisions économiques de meilleur augure. Celles que la Commission européenne a montrées, mardi 7 mai, n’ont rien de tranquillisant.

Elles témoignent une diminution très nettement perceptible, surtout en Allemagne, et l’ascension des périls. Pour la deuxième fois successive, l’institution communautaire abaisse ses perspectives d’accroissement du produit intérieur brut (PIB) pour 2019 à 1,4 % désormais pour l’ensemble de l’UE, et à 1,2 % pour la zone euro. En février, elle prédisait encore 1,5 % de croissance pour l’UE et 1,3 % pour la zone euro.

Distensions entre Pékin et Washington

En cause, principalement, le retard de la croissance chinoise et les anxiétés liées au commerce mondial, à débuter par les risques d’escalade protectionniste entre la Chine et les Etats-Unis. Le Brexit, qui n’a continuellement pas eu lieu faute de majorité politique au Royaume-Uni sur un traité de séparation, n’arrange rien. « Les risques qui entourent [nos] perspectives restent élevés », précède Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission pour l’euro et le dialogue social.

« Sur le plan externe, ils ont trait à une augmentation des conflits commerciaux ainsi qu’à la faiblesse des marchés émergents, surtout la Chine. En Europe, nous devrions demeurer attentifs à l’éventualité d’un “Brexit sans accord”, aux anxiétés politiques et à un possible retour du cercle vicieux entre emprunteurs souverains et banques », déclare le politique letton.

Depuis Washington, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a elle aussi tranché « impératif » mardi que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis s’adoucissent : « Elles représentent une menace sur l’économie mondiale », a-t-elle évalué.

La situation allemande effraye notamment à Bruxelles. Le modèle de la première économie européenne est sous pression : tournée vers l’exportation, et encore très dépendante de son industrie automobile en pleine mutation, elle n’a cessé de ralentir ces derniers mois. Mardi, la Commission a réaffirmé qu’outre-Rhin, le PIB ne pourrait croître que d’un tout petit 0,5 % en 2019. Berlin découvrait encore le double en janvier, presque quatre fois plus en octobre 2018 (1,8 %).

L’Italie, le « maillon faible »

L’Italie reste examinée comme le « maillon faible » de la zone euro, avec une croissance atone (+ 0,1 % en 2019), un défaut public bien au-delà des recommandations liées au Pacte de stabilité et de croissance (- 2,5 % du PIB en 2019 et même – 3,5 % en 2020) et, principalement, une dette publique continuellement étendu (133,7 % du PIB), la plus forte de la zone euro après celle de la Grèce (174,9 % du PIB). Bruxelles avait réussi à apaiser le jeu avec le gouvernement populiste (du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue, d’extrême droite) à l’automne 2018, mais les tensions domineraient reprendre juste après les élections européennes, début juin, quand la Commission éditera ses « recommandations » pays par pays.

Lundi 6 mai, Sebastian Kurz, le chancelier autrichien, n’a pas délibéré à présenter du doigt la situation transalpine, dans un entretien à la Stampa : « L’Italie risque de menacer l’ensemble de la zone euro si l’Union européenne ne durcit pas ses règles en matière d’endettement public excessif. »

Est-ce un moyen, pour le jeune dirigeant, qui gouverne en alliance avec le parti d’extrême droite FPÖ, de mettre en garde contre une coalition des populistes (italiens, autrichiens, hongrois….), à droite de sa famille politique européenne, les conservateurs du PPE ? Des sanctions pour les pays européens surendettés « empêcheront l’Italie, par exemple, de finir comme une deuxième Grèce à cause de politiques d’endettement irresponsables », a fait valoir le chancelier au quotidien italien. C’est le seul moyen « d’éviter que l’Italie ne mette toute la zone euro en danger », a-t-il dclaré.

« Nouvelles réformes propices à la croissance »

En rapprochement, la situation française paraît clairement plus désirable, avec une croissance dans la moyenne haute cette année (1,3 % du PIB). Une prévision pratiquement équivalente à celle de la Banque de France, qui table sur une hausse de 1,4 % en 2019. En revanche, l’Hexagone reste en queue de peloton européen pour son déficit public (encore 3,1 % du PIB prévu en 2019), ce qui laisse peu de marges de manœuvre au gouvernement Philippe pour accomplir la promesse du président Macron de réduire l’impôt sur le revenu des Français. Quant à la dette publique, elle devrait poursuivre à se rapprocher gravement des 100 % du PIB, à 99 % cette année.

Ce tableau général absorbant donnera-t-il des références aux tenants des réformes en zone euro ?

« L’économie européenne tient bon face à une conjoncture mondiale moins convenable et à des anxiétés persistantes. Nous devrions toutefois nous tenir prêts à porter plus de soutien à l’économie si nécessaire, en parallèle avec de nouvelles réformes propices à la croissance », a prévenu le commissaire à l’économie Pierre Moscovici.

Le Conseil européen de fin juin aurait à cet égard aménagé un rendez-vous important : les dirigeants de l’Union devraient enfin y décider des modalités adoptes pour l’embryon de budget de la zone euro homologué fin 2018. A condition que les Pays-Bas et la dizaine de petits pays qu’ils allient ne poursuivent pas à torpiller ce projet porté par la Commission Juncker et le président Macron.

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LJD

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