Les macronistes se félicitent de la baisse du chômage mais restent prudents
En arrivant au pouvoir, Emmanuel Macron avait choisi de prendre le contre-pied de François Hollande et de ne pas faire des variations du taux de chômage la météo de son quinquennat. Cela n’empêche pas pour autant l’exécutif de se réjouir quand les rayons du soleil pointent derrière les nuages. Vendredi 25 octobre, les chiffres communiqués par Pôle emploi, qui annonce une baisse de 0,4 % du nombre de demandeurs d’emploi au troisième trimestre, ont ainsi été salués de manière unanime comme une résultante de l’action menée depuis 2017. Le taux de chômage devrait s’inscrire, à la fin de l’année, à 8,3 %, contre 8,5 % en juin.
Autant au gouvernement que dans la majorité, les macronistes ne cachent pas leur « satisfaction » face à ces bons chiffres. « La tendance s’installe », se félicite le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, en espérant « toujours plus de 100 000 créations d’emplois en 2019 ».
« 350 000 personnes ont retrouvé un emploi depuis le début du quinquennat. C’est une bonne nouvelle pour ces Français… et pour la France !, souligne la vice-présidente LRM de la commission des finances à l’Assemblée, Olivia Grégoire. Comme de naturel, l’opposition dira que nous n’y sommes pour rien. Je ne suis pas sûre qu’ils auraient le même discours si le chômage augmentait. »
Hausse des embauches et des CDI
« C’est une bonne nouvelle qui en confirme d’autres, notamment la hausse des embauches, et en CDI de surcroît, abonde son collègue Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. Dans un contexte international de ralentissement économique, la France s’en tire mieux. »
Depuis la rentrée, la Macronie se félicite de manière générale de voir les voyants passer au vert. Et cherche à s’en attribuer les mérites. « Nous avons fait un très bon boulot en deux ans et demi, estimait-on, courant septembre, dans l’entourage du ministre de l’économie, Bruno Le Maire. L’investissement redémarre, la consommation des ménages est forte. Tout cela est lié à notre politique, mais nous avons fait seulement une partie du travail. »
« Les baisses du chômage sont le fruit d’une politique globale (…) qui permet aux entreprises de mieux investir. »
« Les baisses successives du chômage sont le fruit d’une politique globale : code du travail, fiscalité des entreprises et loi Pacte notamment, qui permettent aux entreprises de mieux investir et d’attirer des capitaux. L’emploi est la résultante de ces hausses d’investissements », juge le député LRM, Laurent Saint-Martin.
Les membres de la majorité espèrent d’ailleurs que ces bons chiffres permettront à Emmanuel Macron de redorer son image auprès des Français dans l’optique de la présidentielle de 2022. Mais pour l’instant, le chef de l’Etat n’est pas crédité pour son action contre le chômage dans l’opinion. Seuls 37 % des Français considèrent son bilan comme « positif » sur « la lutte contre le chômage », selon un sondage IFOP publié vendredi. Soit huit points de moins qu’en avril 2018, lorsque le taux de chômage était pourtant plus élevé.
« Il va y avoir un temps de latence important entre la baisse du taux de chômage, le fait que les Français s’en rendent compte et encore plus avant qu’ils accréditent cela à l’action menée », estime un proche d’Emmanuel Macron. Faute, notamment, d’insister suffisamment sur cette question ? « En 2017, le chômage de masse était le thème central. Aujourd’hui, on n’en parle quasiment plus », souffle un député LRM, étonné.
Après l’annonce de ces bons résultats sur le front du chômage, les macronistes sont pourtant loin de crier victoire. « Il y a encore du travail. Il faut notamment que nos réformes sur la formation professionnelle montent en puissance », estime Laurent Saint-Martin.
Crise des « gilets jaunes »
« On ne peut se satisfaire d’un chômage à 8,5 % », met en garde à son tour Roland Lescure, en appelant la majorité à « continuer le travail », en particulier sur la réforme de l’assurance chômage. La ministre du travail, Muriel Pénicaud, estime d’ailleurs que l’objectif d’un taux de chômage à 7 % à la fin du quinquennat est un « horizon possible ».
Depuis la crise des « gilets jaunes », néanmoins, le pouvoir sait que ces données ne sauraient suffire. « Nous sommes au milieu du gué. Il faut que tout cela donne toute son ampleur en 2022 pour que le président puisse être réélu », juge un ministre de premier plan, qui ajoute :
« La plus grande inquiétude, c’est la déchirure entre les Français qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas. Notre territoire concentre de plus en plus la richesse dans les grandes métropoles. »
« Le bilan doit être bon sur les domaines économiques et sociaux, c’est la tenue des engagements. Mais nous avons tous conscience qu’un bon bilan économique ne suffira pas à réélire Macron en 2022 », observe un autre membre du gouvernement. Avant de conclure : « Si un mauvais bilan économique peut vous éliminer, un bon bilan ne suffit pas à vous faire gagner. »