Les hauts fonctionnaires sont critiques vis-à-vis de l’administration

Les hauts cadres de l’Etat portent globalement un regard critique sur le fonctionnement de l’administration. Quand on leur demande de manière ouverte ce qu’ils veulent, quatre sur dix demandent une amélioration de la gestion des ressources humaines, et un tiers veulent que l’administration, « qualifiée de lourde et rigide », évolue.
C’est l’un des enseignements notables de la consultation que le gouvernement a lancée, du 27 mai au 18 juin, dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique. Une fois les principes posés (suppression de l’Ecole nationale d’administration, des corps des inspections générales, des préfets…), la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, a souhaité recueillir l’opinion des 12 000 plus hauts cadres de l’Etat afin de mettre la réforme en musique.
Au total, 7 300 d’entre eux ont répondu. Les résultats de cette consultation, que Le Monde a pu se procurer, seront présentés jeudi 8 juillet lors d’une « convention managériale », réunissant quelque 2 000 cadres (préfets, directeurs d’administration centrale, ambassadeurs…), par visioconférence avec le premier ministre, Jean Castex, et Amélie de Montchalin. Aucune annonce n’est attendue. Des temps d’échange entre les membres du gouvernement et les cadres sont prévus.
« Cloisonnement et rigidité »
Quant à la consultation, il ne s’agit pas d’un sondage. Mais les répondants représentent cependant « entre 19 % et 40 % de chacun des corps », se félicite le ministère, « sauf pour les corps diplomatiques (10 %) et les corps pédagogiques (moins de 1 %), qui se sont peu mobilisés ».
A en croire la synthèse élaborée par les services de Mme de Montchalin, les hauts cadres de l’Etat ne sont donc guère satisfaits de l’Etat. « Le fonctionnement actuel, dit l’un d’eux, cité dans le document, reste basé sur des fonctionnements du passé (cloisonnement ministériel, difficultés à travailler en interministériel, logique de corps, de grade, centralisation importante des services…) qui ne valorisent pas toujours les compétences des agents au sein des services, la diversité de parcours… »
Beaucoup des enseignements de la consultation nourrissent opportunément la volonté de réforme du gouvernement. Ainsi de l’organisation de l’administration en corps, les statuts particuliers qui régissent le parcours des agents. C’est « une dominante d’insatisfaction » qui se dégage. Invités à s’exprimer spontanément, les cadres interrogés considèrent à 29 % que cela induit « un cloisonnement et une rigidité ». Cette organisation est aussi qualifiée de « complexe et illisible ». Et une partie souhaite en réduire le nombre. Mais 21 % pensent, au contraire, que cette organisation « témoigne d’une diversité et d’une richesse de métiers, de formations, de cultures et de compétences, et qu’elle est justifiée, notamment pour les corps techniques ».
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