Les hausses de salaire devraient, en 2023, s’approcher du rythme de l’inflation
Les salaires s’enflamment-ils ? Selon le cabinet LHH, spécialiste des ressources humaines, qui se base sur son Observatoire annuel de la performance sociale et des rémunérations, les budgets NAO (négociations annuelles obligatoires) pour 2023 sont en hausse de 4,7 %. « Un record sur les dix années écoulées et plus », et 1,7 point de plus qu’en 2022. Mais ce chiffre doit être relativisé, puisque l’inflation devrait atteindre, elle, en moyenne 5,6 % sur l’année, selon les prévisions de la Banque de France.
Les augmentations générales restent donc inférieures au rythme de hausse des prix. « Les entreprises complètent ces augmentations par des dispositifs divers », souligne toutefois le cabinet LHH, avec des primes, bonus, indemnités transports ou repas… Environ 60 % des entreprises sont concernées, selon les chiffres de LHH. La prime de partage de la valeur – qui remplace depuis juillet 2022 la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, aussi appelée « prime Macron » – a remporté un certain succès, puisque 45 % des entreprises l’utilisent, pour un montant moyen de 800 euros. A comparer avec la « prime Macron », versée en 2022 dans 53 % des entreprises pour un montant moyen de 675 euros.
Au total, la hausse globale des salaires atteindrait donc sur l’année 5,5 %, estime la Banque de France, soit quasiment autant que l’inflation. « On n’assiste pas pour le moment à un emballement des salaires », souligne Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France, qui rappelle que lors des périodes d’inflation, les salaires suivent avec un temps de retard. En 2022, alors que l’inflation a été en moyenne de 5,9 %, les rémunérations n’ont augmenté que de 3,8 %, selon le chiffre retenu par la Banque de France, se traduisant par une perte de pouvoir d’achat – avant prélèvements obligatoires ou transferts sociaux – pour les ménages.
Vers une stabilisation
En toute logique, le ralentissement attendu de l’inflation devrait conduire à un coup de frein sur les augmentations salariales en 2024. Et c’est bien ce que prévoient les experts. « Les premières intentions pour 2024 marquent un recul du taux d’augmentation des salaires », note LHH, qui cite un taux médian de 3,5 %, pour une inflation de 4,2 % selon la Banque de France. « On s’attend à une stabilisation du rythme de hausse », renchérit M. Garnier. La dernière enquête de conjoncture trimestrielle de l’Insee sur le climat dans l’industrie, publiée jeudi 20 juillet, confirme cette tendance. Après le rattrapage de 2023, les chefs d’entreprise du secteur sont désormais plus nombreux à anticiper un freinage des salaires plutôt qu’une accélération pour 2024.
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