Les défis de la monétisation de la formation
Le solde maximal du compte personnel de formation (CPF) est passé au 1er janvier d’une durée de 192 heures à une somme de 2 880 euros. Emilie, qui a obtenu en 2018 une formation de 120 heures de langue rare à 2 640 euros, respire. En 2019, elle aurait dû payer 840 euros de sa poche, à moins que son entreprise n’ait pris le relais.
Avisé depuis le 5 mars 2018 par la ministre du travail, le passage du CPF en euros voté avec la loi du 5 septembre « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » vient d’entrer en vigueur, avec une conversion de l’heure de formation fixée à 15 euros. Muriel Pénicaud et le directeur général de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, ont signé, vendredi 11 janvier, le traité permettant à la Caisse des dépôts d’engager les travaux pour sa mise en œuvre.
Dans le rôle du chef d’orchestre, la CDC sera, à partir de 2020, l’unique gestionnaire financier et technique des 33 millions de CPF inscrits sur le site moncompteactivite.gouv.fr. Créé en 2015, pour inciter les actifs (salariés, demandeurs d’emploi, salariés indépendants, handicapés en établissement d’aide par le travail) à prendre en main la transformation de leur qualification, le CPF doit être ouvert à leur initiative. Le nombre d’inscrits a été brusquement important, mais pas le nombre de dossiers validés.
Monétisation du CPF
Il fallait se créer un compte sur le site, choisir la formation désirée et éligible au CPF avec son code dans un maquis de listes absconses, identifier l’Organisme paritaire collectur agréé (OPCA) auprès de son DRH, monter son dossier puis l’adresser via le site et par La Poste à l’OPCA, au moins un mois avant le début de la formation désirée pour que la candidature soit étudiée. Emilie l’a fait avec succès, mais non sans mal. Pour l’automne 2019, Muriel Pénicaud nous annonce un accès « en quelques clics » sur une appli ad hoc.
En attendant, la monétisation du CPF ne simplifie pas la procédure, mais plafonne le budget. Depuis trois ans, chaque employé recevait sur son compte un crédit de 24 heures par an. En 2019, ils recevront 360 euros. Puis à partir de 2020, le budget sera réétudié à 500 euros par an (800 euros pour les moins qualifiés), plafonné à 5 000 euros (ou 8 000 euros). Un salarié à mi-temps percevra les mêmes droits que s’il était à plein temps.
« 500 euros par an, ce n’est pas beaucoup, mentionne Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise&Personnel, un réseau d’une centaine de sociétés, dont plusieurs du CAC 40. Les grandes entreprises seront amenées à abonder ce budget, et les syndicats vont le demander. Mais, il va y avoir un grand décalage entre les grandes et les petites entreprises qui n’ont pas forcément les moyens nécessaires. »