« Les autoentrepreneurs ne peuvent pas effectuer de simulation de leur future pension de retraite »
Le droit à une retraite digne après une vie travaillée est l’un des piliers du contrat social entre les Français, les partenaires sociaux et l’Etat. Il suffit d’ailleurs qu’un gouvernement évoque une réforme du système de retraite pour assister à une levée de boucliers massive et constater à quel point le sujet est d’une importance capitale pour notre cohésion sociale.
Chaque salarié peut aujourd’hui se faire une idée assez précise de ses droits à la retraite et à combien il pourra prétendre le jour venu, au travers d’un calcul simple. Mais ce n’est pas le cas pour les travailleurs indépendants. En effet, ces derniers n’ont aucune visibilité sur la validation de leurs trimestres et ne peuvent pas effectuer une simulation de leur future pension.
La faute en est à une complexité administrative kafkaïenne : à force d’assiettes de cotisations qui changent, de pourcentages affectés dans ces mêmes cotisations, d’additions de retraites de base et d’éventuelles retraites complémentaires, l’avenir pour les indépendants est incalculable. Et pour peu que leur carrière soit hachée ou alternée, le sujet prend une tournure surréaliste. De plus, personne ne sait quelle part des cotisations payées par les autoentrepreneurs est affectée à leur retraite.
Ni l’Urssaf, ni les caisses régionales d’assurance-retraite et de la santé au travail (Carsat), ni la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), en bref toutes les institutions dont le rôle est la collecte et la redistribution des pensions, ne disposent d’informations claires à fournir aux autoentrepreneurs sur leurs droits à la retraite. Ces acteurs de terrain sont, malgré eux, maintenus dans un flou technique qui les empêche de mener à bien leur mission de renseignement.
Effet pervers mais logique
En définitive, nous sommes incapables de répondre aux milliers d’autoentrepreneurs qui se posent des questions : « Après toutes ces années à travailler et déclarer, je vais toucher combien ? combien de trimestres je valide à chacun de mes versements de cotisations ? A combien s’élèveront mes droits et comment je peux surveiller leur évolution ? A quel âge pourrais-je m’arrêter ? »… Autant de questions sans réponses, alors même qu’un grand nombre d’autoentrepreneurs, anciennement ou à certains moments salariés, ont une visibilité sur les droits générés par leurs revenus d’origine salariale. Il est d’autant plus incompréhensible pour eux de ne pas bénéficier de la même transparence sur l’ensemble de leur parcours professionnel.
Pire, un effet pervers mais logique découle de cette incertitude : l’absence de réponse convaincante pousse certains au travail non déclaré, et détruit leur confiance en l’Etat-providence. Un fossé de plus entre les Français et leurs institutions.
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