Léger coup d’arrêt à la baisse du chômage, selon l’Insee
Selon les données diffusées jeudi, le taux de chômage s’est accru de 0,1 point au troisième trimestre pour passer à 8,6 % de la population active. Néanmoins, selon l’institut de la statistique, la tendance globale à la baisse enclenchée en 2015 se maintient.
Il s’agit d’une légère dissonance dans le concert de bonnes nouvelles qui, jusqu’à présent, tombaient sur le front de l’emploi. Selon les données diffusées jeudi 14 novembre par l’Insee, le taux de chômage s’est accru de 0,1 point au troisième trimestre pour passer de 8,5 % à 8,6 % de la population active sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, mais sans Mayotte). Il faut remonter aux trois premiers mois de 2018 pour retrouver la trace d’une hausse de cet indicateur.
« C’est une petite surprise, car nous avions anticipé, dans notre dernière note de conjoncture, une poursuite de la diminution pour la période allant de début juillet à fin septembre, commente Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l’Insee. Mais nous l’interprétons comme une quasi-stabilité, car le nombre de chômeurs a progressé de seulement 10 000. Ce n’est pas un retournement. »
Une situation « relativement bonne »
A ses yeux, la tendance à la baisse, enclenchée depuis la mi-2015 de façon presque ininterrompue, se maintient, sur un rythme d’environ 0,5 point par an. Les chiffres rendus publics jeudi doivent d’autant plus être relativisés, selon M. Larrieu, qu’ils comportent un petit aléa statistique, lié au fait que le taux de chômage est calculé à partir d’une enquête auprès d’un échantillon représentatif d’environ 100 000 personnes.
Une analyse partagée par Bruno Ducoudré, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. « Les dernières données de l’Insee vont un peu à contre-courant de la situation de l’emploi, qui s’avère relativement bonne », affirme-t-il. Au troisième trimestre, les effectifs dans le secteur privé ont progressé d’un peu plus de 54 000, soit une augmentation de 0,3 % (contre +0,2 %, de début avril à fin juin). Sur un an, l’évolution est encore plus nette : +1,4 %, grâce à quelque 263 200 créations net de postes, ce qui, dans l’absolu, « est suffisant pour faire reculer le nombre de personnes à la recherche d’une activité », ajoute M. Ducoudré. « Chaque année, depuis 2015, le taux de chômage a rebondi sur un trimestre, sans que cela ne stoppe le reflux. Pour le moment, nous ne sommes pas confrontés à une inversion de ce mouvement. »
L’objectif d’Emmanuel Macron de parvenir à un taux de chômage de 7 % à la fin de son mandat s’annonce difficile à tenir.
Il n’en demeure pas moins que le coup d’arrêt constaté par l’Insee, entre début juillet et fin septembre, ternit la communication du gouvernement sur les performances de sa politique économique. L’objectif d’Emmanuel Macron de parvenir à un taux de chômage de 7 % à la fin de son mandat s’annonce, plus que jamais, difficile à tenir.
A l’heure actuelle, il y a près de 2,53 millions de chômeurs, au sens du Bureau international du travail qui fait foi pour l’Insee. Un chiffre nettement moins élevé que celui issu des fichiers de Pôle emploi : au troisième trimestre, quelque 3,62 millions d’individus sans aucune activité s’étaient signalés auprès de l’opérateur public. L’écart entre ces deux mesures, qui existe depuis plusieurs années, tient au fait que les méthodes et définitions retenues ne sont pas les mêmes. Des approches différentes qui peuvent aussi expliquer que les données de Pôle emploi soient orientées à la baisse entre juillet et septembre, contrairement à celles de l’Insee.