Le Vatican en proie à un conflit social inédit

Le Vatican en proie à un conflit social inédit

Un gardien des musées du Vatican, à Rome, le 13 février 2024.

Au Vatican, il s’agit d’une première. Le plus petit Etat du monde se trouve aux prises avec un conflit social inédit, une cinquantaine de ses salariés menaçent de traduire en justice les autorités ecclésiastiques faute d’un changement drastique de leurs conditions de travail. Tous sont employés par les musées du Vatican, un des lieux au monde qui concentrent le plus de chefs-d’œuvre, des trésors inestimables qui vont des fresques de la chapelle Sixtine aux toiles de la Renaissance exposées dans sa pinacothèque, en passant par sa collection de statues antiques. Dans une notification adressée fin avril au cardinal Fernando Vérgez Alzaga, qui préside le gouvernorat du Vatican, l’autorité de tutelle des musées, les employés dénoncent des méthodes de gestion du personnel qui menaceraient leur santé et leur « dignité ».

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Le contenu du document dont l’existence a été révélée par le Corriere della Sera, le 12 mai, témoigne d’un malaise profond, les employés s’y plaignant d’être traités « comme des marchandises ». Ils font, en effet, état d’heures supplémentaires sous-rémunérées, du caractère tout à fait discrétionnaire qui préside à l’avancement des salariés ou encore d’un système d’assignation à résidence de fait en cas de maladie, les inspecteurs du Vatican pouvant effectuer à tout moment de la journée leurs visites de contrôle.

D’après le texte porté par 47 gardiens, un restaurateur et un employé de la librairie, des salariés ayant à charge des parents souffrant d’infirmités graves ont aussi été victimes de discrimination.

Conditions de sécurité dégradées

De plus, le Vatican réclame à ses employés le remboursement des salaires qu’ils ont perçus lors de la pandémie de Covid-19. Comme tous les autres lieux de culture, les musées étaient alors fermés et leurs dirigeants estiment désormais que les heures payées et non travaillées à l’époque sont dues à l’employeur.

La notification adressée aux autorités vaticanes met par ailleurs l’accent sur des conditions de sécurité dégradées qui feraient courir des risques aux employés et aux visiteurs. Avec une jauge journalière oscillant entre 25 000 et 30 000, bien trop élevée pour la structure, les musées ne disposeraient pas d’un nombre suffisant de sorties de secours ni d’une climatisation adéquate, tandis que les protocoles ne seraient pas suivis à la lettre par les équipes chargées des détecteurs de métaux situés à l’entrée.

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Dans leur lutte, les employés du Vatican sont assistés par une personnalité singulière de la scène italienne, l’avocate Laura Sgro. Faisant partie des rares professionnels accrédités au Saint-Siège, elle est habituée à la confrontation avec la hiérarchie ecclésiastique, même si les affaires qu’elle suit par ailleurs relèvent de mystères bien plus épais que ceux du droit du travail pontifical. Mme Sgro est, en effet, le conseil de la famille d’Emanuela Orlandi, une jeune citoyenne du Vatican âgée de 15 ans au moment de sa disparition dans des circonstances troubles en 1983 et jamais retrouvée depuis.

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LJD

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