Le télétravail toujours plébiscité par les salariés, malgré les risques sur leur santé

Le télétravail toujours plébiscité par les salariés, malgré les risques sur leur santé

Quels sont les effets du travail hybride sur les conditions de travail des salariés ? Ces derniers répondent de manière paradoxale : 92 % d’entre eux vivent bien ou très bien leur situation en télétravail, mais 35 % considèrent que le temps de travail est plus élevé à distance qu’en présentiel, selon la première étude de l’Observatoire du télétravail, animé par l’Union générale des ingénieurs cadres et techniciens (Ugict) de la CGT.

Cet observatoire, créé en décembre 2022, réunit scientifiques (sociologues, psychologues, économistes…) et syndicalistes, afin de mieux comprendre l’évolution du phénomène en valorisant des travaux de référence sur le télétravail et en organisant ses propres études.

Son tout premier questionnaire a été diffusé sur les réseaux sociaux entre juin et octobre 2023, et a recueilli 7 800 réponses, dont 5 400 exploitables. « L’échantillon a été redressé pour correspondre aux caractéristiques de la population française et corriger des biais de sélection », précise Emmanuelle Lavignac, membre du bureau de l’Ugict et chargée d’enquête pour la société de sondage Ipsos.

Economies sur les temps de trajet

L’analyse des réponses aux 117 questions permet d’établir un portrait-robot des Français concernés par le télétravail : il s’agit plus probablement d’une femme cadre ou ingénieure, entre 30 ans et 39 ans, qui travaille dans le secteur privé, dans l’informatique, les télécommunications ou l’industrie. En effet, 77 % des répondants à l’enquête sont des cadres ou ingénieurs (tous genres confondus), contre seulement 15 % de professions intermédiaires.

Si le travail à distance séduit, c’est majoritairement car il « permet un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle » (82 %), en permettant notamment de faire des économies sur les temps de trajet – pour neuf répondants sur dix, c’est la principale motivation à la demande de télétravail – ou de pause. « Il y a aujourd’hui, en particulier chez les cadres, une grande porosité entre temps travaillé et temps non travaillé. Le télétravail est une option qui les aide pour reprendre la main sur leur temps de travail », commente Caroline Blanchot, secrétaire générale de l’Ugict.

Les salariés reconnaissent aussi des gains de productivité, et la moitié d’entre eux disent avoir gagné en autonomie. « Seuls 3 % des répondants se sentent surveillés, déclare Caroline Diard, professeure associée en management des RH à TBS Education et membre de l’observatoire, qui a réalisé un focus sur la perception du management à distance. Les rares salariés concernés sont ceux qui télétravaillent le plus fréquemment et dont la charge de travail est élevée. »

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Pour autant, ils font état d’une augmentation de la charge de travail à distance. C’est principalement le cas pour les cadres au forfait jour et les manageurs. Un tiers des salariés avouent même qu’ils allouent le temps gagné grâce au télétravail… au travail. « Les salariés n’arrivent à optimiser que le temps de travail non rémunéré. Plus de la moitié d’entre eux disent que leur entreprise ne fait pas d’évaluation du temps de travail ni de la charge de travail, alors que c’est une obligation légale, précise Emmanuelle Lavignac. 36 % bénéficient d’un droit à la déconnexion dans leur entreprise. »

Open space et « flex office »

Ces constats s’accompagnent de craintes sur la santé : 31 % des pratiquants reconnaissent avoir déjà télétravaillé en étant malade, sans se mettre en arrêt. « Déjà qu’ils prennent moins de pauses et déjeunent moins longtemps, on peut imaginer un impact à long terme sur leur santé », juge Mme Lavignac.

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Dans un contexte où les entreprises tentent de pérenniser leur politique de télétravail – en le revoyant à la baisse pour certaines –, les syndicalistes constatent, en outre, une « réorganisation à marche forcée des espaces de travail ». La mise en place du travail hybride s’est accompagnée d’une réorganisation de leur espace de travail en open space pour 26 % des répondants, ou en « flex office » pour 32 %, ce qui signifie que l’entreprise propose moins de postes de travail qu’il n’y a de salariés.

Les conclusions de cet observatoire permettent au syndicat d’alimenter ses revendications, comme un décompte clair des heures en télétravail ou la meilleure prise en charge des frais à distance par les employeurs. Dans les mois à venir, des enquêtes qualitatives se concentreront sur des points précis, notamment l’impact du télétravail sur les femmes ou le sentiment d’isolement perçu par certains télétravailleurs.

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LJD

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