Le taux de chômage atteint 9 % au troisième trimestre, selon l’Insee
La hausse était prévisible, mais elle n’en est pas moins intrigante, à première vue. Au troisième trimestre, le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT), a très fortement augmenté : + 628 000 sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), selon les statistiques diffusées, mardi 10 novembre, par l’Insee. Le taux de chômage s’établit désormais à 9 % de la population active, soit un pourcentage supérieur (de 0,9 point) à celui des trois derniers mois de 2019, avant que la crise économique liée à l’épidémie de Covid-19 ne survienne.
Ces données sont de nature à semer la perplexité, dans la mesure où durant l’été, l’économie tricolore a connu une nette embellie, après la brutale entrée en récession de la mi-mars. Une embellie qui s’est d’ailleurs traduite par un reflux du nombre de demandeurs d’emploi entre début juillet et fin septembre (– 11 % pour la catégorie A de Pôle emploi).
Ces tendances, malaisées à suivre et à démêler, tiennent au fait que les enquêtes de l’Insee ont été bousculées par un contexte hors norme. Premier élément à mentionner : les normes du BIT, qui sont différentes de celles de Pôle emploi, stipulent qu’un individu n’est considéré comme chômeur qu’à plusieurs conditions (notamment être disponible immédiatement pour travailler et rechercher activement un poste). Or les personnes correspondant à ce profil avaient vu leur nombre reculer au printemps, à cause du confinement : certaines avaient cessé de prospecter les entreprises dans les secteurs mis à l’arrêt tandis que d’autres n’étaient pas libres de leurs mouvements car elles devaient garder leurs enfants à la maison. En outre, la collecte des informations par l’Insee s’était effectuée dans des conditions très dégradées, en particulier de la mi-mars à la mi-mai.
« Une baisse en trompe-l’œil »
Résultat : le taux de chômage, au sens du BIT, avait enregistré, durant le premier semestre, « une baisse en trompe-l’œil », pour descendre à 7,1 %. « Le troisième trimestre marque un retour à la normale, concernant les comportements de recherche [d’emploi] », souligne l’Insee, ce qui a pour effet d’accroître le nombre de chômeurs. Il s’agit donc d’un rebond, « en partie mécanique », mais qui « témoigne bien (…) d’une nette dégradation du marché du travail ».
Cette envolée du chômage a été « atténuée par le recours au chômage partiel et par le basculement dans l’inactivité de nombreuses personnes, qui ont cessé leurs démarches pour décrocher un contrat de travail », décrypte Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques.
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