Le tabagisme passif en recul à domicile mais stable sur le lieu de travail
L’exposition à la fumée de tabac des autres diminue au domicile, mais reste stable sur le lieu de travail. C’est le résultat en demi-teinte de l’enquête sur le tabagisme passif publiée vendredi 7 février par Santé publique France (SPF), sur la base d’une étude menée en 2017 et 2018 auprès d’échantillons représentatifs de la population française de plus de 25 000 et 9 000 personnes.
En quatre ans, le tabagisme à domicile a enregistré une baisse « significative » de près de dix points. Là où plus d’un quart (27,5 %) des 18-75 ans déclarait en 2014 que quelqu’un fumait à l’intérieur de leur domicile, seuls 17,6 % de cette tranche d’âge se trouvaient dans cette situation en 2018. Un résultat jugé « très encourageant » par l’agence sanitaire.
Dans la mesure où « la connaissance des risques du tabagisme passif a toujours été très élevée », cette baisse s’expliquerait d’abord par une « diminution parmi les fumeurs quotidiens », et témoignerait de la « dénormalisation du tabagisme en cours », estime Anne Pasquereau, coauteure de l’étude. En mai 2019, SPF avait annoncé une baisse d’une « ampleur inédite » de l’ordre de 12 % de la prévalence du tabagisme parmi les adultes entre 2016 et 2018.
« Niveau palier »
Parmi les fumeurs vivant dans un foyer avec un enfant de moins de quatre ans, la tendance est particulièrement nette : la fréquence du tabagisme y a été divisée par deux entre 2014 et 2018, passant de 31,6 % à 14,4 %. Chez ceux vivant avec un enfant de 4 à 18 ans, la proportion est passée de 48,5 % à 23,8 %.
Ces bons chiffres au domicile sont cependant tempérés par les mauvais résultats sur le lieu de travail. Alors même que la réglementation interdit de fumer dans tous les espaces collectifs fermés, et que le résultat devrait – en théorie – être proche des 0 %, ce sont 15,7 % des personnes âgées de 18-64 ans exerçant une activité professionnelle qui déclarent en 2017 avoir été exposées à la fumée de tabac des autres au cours des trente derniers jours, à l’intérieur des locaux sur leur lieu de travail. Une proportion « stable » par rapport à 2014, relève l’étude. « Un niveau palier a été atteint », constate Anne Pasquereau, pour qui cette stagnation suggère « un ralentissement dans l’application de la loi ».
Face au tabagisme passif, les inégalités sociales sont fortes : les ouvriers sont quatre fois plus nombreux (27,4 %) à y être exposés que les cadres et professions intellectuelles supérieures (6,4 %). Les personnes travaillant dans la construction sont par exemple davantage confrontées à cette fumée de tabac (38,1 %) que ceux exerçant dans l’enseignement (6 %).
Les indicateurs publiés vendredi 7 février comportent toutefois un certain nombre de limites. « Les conditions de l’exposition ne sont pas connues : la durée, le lieu exact au domicile, l’ouverture éventuelle d’une fenêtre, l’existence éventuelle d’un espace fumeur du domicile », reconnaissent les chercheurs de SPF, tout en rappelant que, « même s’il n’est pas possible d’en mesure l’ampleur », l’air intérieur est pollué « dès la moindre consommation de tabac ».