Le régime de garantie des salaires se dote d’un nouveau directeur après une crise interne

Le régime de garantie des salaires se dote d’un nouveau directeur après une crise interne

Ebranlé par l’affaire des faillites d’entreprises, le régime de garantie des salaires semble peu à peu s’extraire de la zone de turbulences. Alors qu’un directeur intérimaire est aux commandes depuis février, ce système de protection sociale vient de recruter son nouveau responsable : Antonin Blanckaert, actuellement en poste à la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Il devrait entrer en fonction au tout début du mois de janvier 2024. Restée confidentielle jusqu’à présent, sa désignation résulte d’une décision du patronat, qui a donné lieu à des débats au sein du Medef mais aussi entre mouvements d’employeurs.

Connue sous l’acronyme AGS, l’Agence de garantie des salaires est l’organisme qui permet aux salariés d’entreprises insolvables de continuer à être payés, avec le concours de mandataires judiciaires (chargés de verser les sommes dues). Il est gouverné par une association exclusivement patronale, tout en étant rattaché, sur le plan opérationnel, à l’Unédic, la structure paritaire qui gère l’assurance-chômage.

Depuis presque cinq ans, le régime AGS est au cœur d’un pugilat rythmé par de multiples rebondissements. Peu après l’arrivée à sa tête de Houria Aouimeur, en tant que directrice nationale, plusieurs plaintes ont été déposées en 2019 à la suite de soupçons de malversations mettant en cause l’ancienne équipe de responsables et des mandataires judiciaires. L’enquête pénale, toujours en cours, a été confiée au juge d’instruction Vincent Lemonier. L’une des principales questions à laquelle doit répondre le magistrat est de savoir si des détournements de fonds ont été commis aux dépens du régime AGS : c’est l’affaire des faillites d’entreprises.

Vote unanime

A la fin 2022, Mme Aouimeur a, à son tour, été pointée du doigt, pour d’autres faits. Son employeur – en l’occurrence l’Unédic – lui a notamment reproché des frais de bouche et de déplacement exorbitants et d’avoir méconnu les règles de passation des marchés publics. A la fin février 2023, elle a été licenciée pour faute lourde – décision qu’elle conteste devant les prud’hommes, s’estimant victime de représailles pour avoir mis au grand jour le scandale des sociétés insolvables.

Depuis son éviction, Mme Aouimeur a été remplacée, de façon provisoire, par Rémy Mazzocchi, un cadre de l’Unédic. En parallèle, un cabinet de chasseurs de tête a été missionné afin de trouver un « vrai » directeur pour le régime AGS. Parmi les noms inscrits sur la liste des prétendants, deux ont émergé : M. Blanckaert et M. Mazzocchi, chacun d’eux ayant des partisans au sein du Medef. Le premier était soutenu par Christian Nibourel, le président de l’association patronale gouvernant l’AGS. Le second bénéficiait de l’appui de Jean-Eudes Tesson, le vice-président de l’Unédic. Finalement, c’est donc M. Blanckaert qui l’a emporté, le 1er décembre, à l’issue d’un vote unanime du bureau de l’association patronale, moins une abstention (celle de Michel Picon, membre de l’Union des entreprises de proximité).

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LJD

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