Le référent handicap encore peu visible en entreprise
L’emploi des personnes en situation de handicap devrait être une question prioritaire en entreprise. C’est ce que pensent 39 % des salariés interrogés en février par l’IFOP, dans une enquête réalisée pour l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) et publiée lundi 29 mars. Depuis la loi « avenir professionnel » de 2018, toutes les entreprises de plus de 250 salariés sont tenues d’avoir nommé un référent handicap pour orchestrer cette priorité.
Sa mission n’est pas préétablie, à chaque employeur de la définir. « Le référent est un lien que le gouvernement a souhaité pour impulser la politique handicap en entreprise. On professionnalise le réseau [des référents] sur quatre axes : le recrutement et le maintien en emploi, la sensibilisation, le management inclusif et le recours au secteur protégé », décrit la présidente de l’Agefiph, Malika Bouchehioua.
Ils sont au minimum 1 300 en France. C’est le nombre des entreprises membres de l’Agefiph qui ont un référent handicap. Certains n’avaient pas attendu l’obligation légale, comme Thales qui a nommé des référents dès la loi de 2005 sur l’accessibilité. Le groupe spécialisé dans l’électronique de défense en compte aujourd’hui cinquante-deux, un par établissement. Mais « beaucoup d’entreprises n’en ont toujours pas », reconnaît Claire Sala Angeli, directrice adjointe des Papillons de jour, l’agence de sensibilisation au handicap qui organise depuis 2018 des formations au rôle de référent. Dans l’enquête IFOP, un tiers des salariés affirment que leur entreprise en est dotée.
Pas d’effet visible sur l’emploi
Quelle efficacité peut-on en attendre pour améliorer l’emploi des personnes en situation de handicap en entreprise ? « La BPE [la banque privée de La Banque postale], par exemple, qui recrute à bac + 5 sur les profils de cadres et de managers, a embauché une référente handicap qui avait un réseau important. En huit mois le taux d’emploi de personnes en situation de handicap est passé de 2 % à 8 % », illustre la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel.
Chez le pionnier Thales aussi les résultats sont tangibles depuis la nomination des référents handicap : « Le taux d’emploi des personnes en situation de handicap est passé de 3,5 % en 2005 à 6,92 % en 2019 », témoigne Gérard Lefranc, directeur de la mission insertion du groupe. C’est près du double du taux moyen de 3,8 % de personnes en situation de handicap dans l’effectif des entreprises privées.
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