Le monde « impitoyable » du travail vu par les étudiants

Le monde « impitoyable » du travail vu par les étudiants

Des étudiants sur le campus de l’université Paris-Saclay, dans l’Essonne, le 17 septembre 2021.

Ils n’ont pas encore mis un pied dans le monde professionnel mais envisagent le pire. C’est ce qui ressort de l’étude sur « Le monde du travail vu par les étudiants du supérieur » de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), parue le 3 septembre. Selon celle-ci, réalisée au début de 2024 auprès d’un échantillon représentatif de quelque 600 jeunes de l’enseignement supérieur, plus de 8 étudiants sur 10 sont convaincus que le monde du travail est « exigeant », « compétitif » et « stressant ». Il serait même « autoritaire » pour 70 % d’entre eux, voire « injuste » (67 %) et même « impitoyable » (57 %). Université, école de management, école d’ingénieurs… : cette vision globale négative du travail serait partagée, expliquent les auteurs de l’étude, « par tous les étudiants, quels que soient le type d’établissement ou la filière dans laquelle ils évoluent ».

La défiance de ces jeunes vis-à-vis du monde professionnel s’illustre particulièrement dans leurs craintes pour s’insérer convenablement une fois leurs études terminées. Ainsi 63 % d’entre eux pensent qu’il leur sera difficile de trouver un emploi qui corresponde à leurs critères de choix (salaire, localisation, télétravail, etc.), 55 % qu’il sera difficile de trouver un emploi stable et 48 % de trouver un premier emploi tout court.

Des craintes en contradiction avec une « réalité de l’insertion professionnelle qui est plutôt favorable à ces jeunes » tempère, chiffres à l’appui, Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec. Le baromètre 2023 de l’organisme montrait en effet que 12 mois après l’obtention de leur diplôme, 88 % des bac + 5 étaient en emploi (dont 68 % en CDI). Avec pour le coup des différences selon les filières puisque cette insertion rapide sur le marché du travail concernait 92 % des diplômés en Sciences et en Droit, mais seulement 74 % pour ceux de sciences humaines. De quoi expliquer que ces derniers expriment plus de craintes sur leur insertion dans la dernière étude.

« Attentes fondamentales »

Au-delà de la question de leur insertion professionnelle, les étudiants expriment des craintes sur la qualité de leur futur travail : 37 % ont peur d’être « mal payés », autant d’avoir « trop de pression, de stress », 29 % craignent d’avoir un « mauvais équilibre vie personnelle-vie professionnelle » et presque autant de « ne pas trouver de sens » dans ce qu’ils font. Ces inquiétudes concernent « des attentes fondamentales qui sont aujourd’hui formulées par les actifs de tous les âges, pas seulement les jeunes », rappelle Pierre Lamblin. Une enquête de l’Apec avec le think-tank Terra Nova publiée en février 2024 battait ainsi en brèche les idées reçues autour d’un hypothétique nouveau rapport au travail qu’auraient les jeunes.

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LJD

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