« Le low cost n’est pas toujours une solution pour les plus fragiles »
Tribune. Le low cost a de facto une qualité évidente : par une offre ajustée, il permet d’élargir le choix des consommateurs, notamment les plus pauvres pour qui n’existaient pas toujours de solutions abordables spécifiques. En outre, l’irruption du low cost bouleverse une situation concurrentielle établie et force les acteurs du secteur à revoir des marges parfois très (trop ?) confortables. Lidl, Tchip, Ikea, Ryanair, Free ont permis à des milliers ou des millions de personnes de diminuer leur taux d’effort pour respectivement se nourrir, se coiffer, se meubler, voyager ou communiquer. Cet aspect est fondamental – mais on ne saurait s’arrêter là.
La critique la plus évidente du modèle low cost porte sur son coût total : il élargit certes le nombre des consommateurs, mais au prix de méthodes parfois brutales. Bas salaires, mauvaises conditions de travail, obstruction aux syndicats, délocalisations… : les dessous de « la méthode Wal-Mart », copiée dans le monde entier, ont été mis en évidence depuis longtemps (Travailler plus pour gagner moins : la menace Wal-Mart, Gilles Biassette et Lysiane J. Baudu, Buchet Chastel, 2008), y compris certaines conséquences plus étonnantes comme l’augmentation du taux d’obésité (« Supersizing supercenters ? The impact of Walmart supercenters on body mass index and obesity », Charles Courtemanche et Art Carden, Journal of Urban Economics, n°69, 2011).
Risque de payer plus cher
Mais le low cost peut avoir des conséquences plus pernicieuses encore, en créant des écarts importants entre consommateurs pauvres. Au départ, l’arbitrage semble clair : le modèle propose une nouvelle équation « prix-performance », un service ou produit ajusté, certes parfois de moindre qualité (« good enough », disent les Anglo-Saxons), mais à un prix très inférieur. Quand vous allez chez Ikea, vous savez qu’il va falloir aller chercher vos meubles, les monter vous-même… et ne pas les déménager trop souvent.
Pourtant,…