Le groupe Avril seul candidat à la reprise de l’usine du biochimiste Metabolic Explorer d’Amiens
Un peu plus de deux mois après sa demande de placement en redressement judiciaire, l’usine amiénoise du biochimiste Metabolic Explorer (MetEx) peut se reprendre à espérer. Le groupe agroalimentaire Avril a déposé une offre de reprise, lundi 3 juin, juste avant l’expiration du délai fixé par le tribunal de commerce de Paris. Elle permettra de maintenir 304 emplois, précise Avril.
Outre le site d’Amiens, qui compte 280 salariés, l’offre de reprise inclut « des activités R&D (recherche et développement) indispensables à son exploitation (dont certaines situées à Saint-Beauzire, Puy-de-Dôme), ainsi que les activités commerciales » à Paris, ajoute Avril dans un communiqué. « Cette offre associe, aux côtés d’Avril, le fonds d’investissement Sociétés de projets industriels (SPI), géré par Bpifrance pour le compte de l’Etat » et a été construite « grâce au soutien de la région Hauts-de-France et d’Amiens Métropole », précise le groupe.
« C’est l’équipe de France de l’industrie qui gagne » avec « un grand groupe français de l’industrie agroalimentaire qui reprend une très belle usine », s’est félicité Roland Lescure, le ministre délégué à l’industrie. Présent lundi devant l’usine, ce dernier a dit travailler à présent à la levée d’une vingtaine de conditions suspensives, que ni lui ni Avril n’ont souhaité détailler. L’audience définitive du tribunal de commerce de Paris est prévue le 1er juillet, a-t-il précisé.
Si elle est alors validée, la reprise de l’usine par Avril doit intervenir au plus tard fin juillet, a déclaré à l’Agence France-Presse Rudolph Hidalgo, directeur général adjoint de MetEx, qui se réjouit d’avancées « très positives », après avoir cru un temps qu’aucune solution ne serait trouvée.
Avril, connu pour ses marques d’huile Lesieur et Puget mais aussi présent dans les agrocarburants et l’alimentation des animaux d’élevage, affirme porter un projet industriel qui « répond pleinement à l’enjeu de décarbonation et de souveraineté française et européenne des filières de production animales ». L’usine produit habituellement 100 000 tonnes d’acides aminés par an, primordiaux pour la croissance musculaire des animaux d’élevage, essentiellement de la lysine. « L’incorporation de lysine dans l’alimentation du bétail permet de réduire le recours au soja importé au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol…) », souligne le groupe.
Enjeu de la campagne des européennes
Pour François Ruffin (LFI), député de la Somme, c’est « une victoire pour les salariés et pour la Picardie, mais aussi pour la France et pour la planète », la lysine produite par MetEx émettant selon les syndicats cinq fois moins de carbone que la lysine chinoise. L’importance de ce produit avait poussé plusieurs têtes de liste de gauche aux européennes – Manon Aubry pour les « insoumis », Marie Toussaint pour Europe Ecologie-Les Verts et Léon Deffontaines pour le Parti communiste – à se réunir devant l’usine fin mars.
Tous les trois avaient alors appelé à des mesures nationales contre la hausse du prix du sucre, qui représente 50 % du coût de production de la lysine, et à une action européenne contre le « dumping » pratiqué selon le groupe par ses concurrents chinois, ce qui a mené à l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne. « Maintenant, ce qu’il faut, c’est du protectionnisme », estime François Ruffin. « Sans protectionnisme, l’usine n’aura pas de viabilité. »
Manon Aubry a dit sur X espérer que cette victoire présage « d’autres à venir pour relocaliser [la] production contre le libre-échange ».
Lundi après-midi, le tribunal de commerce de Paris a étudié une offre de reprise prévoyant de maintenir 10 emplois sur 46 au sein de l’autre usine de MetEx, à Carling (Moselle). Sa décision est attendue pour le 25 juin. Ce qui laisse, à l’échelle du groupe, « une petite centaine de salariés sans solution », reconnaît Rudolph Hidalgo.
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Le groupe Avril, qui a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros, est présent dans dix-neuf pays avec près de 7 500 collaborateurs. Le cultivateur Arnaud Rousseau, qui a pris en 2023 la tête du syndicat agricole majoritaire FNSEA, préside son conseil d’administration.