« Le grand cafouillage » des tests Covid en entreprise
Le gouvernement a fait volte-face, en autorisant finalement les entreprises à mettre en place des tests de dépistage rapide du Covid-19. « Si on peut permettre aux entreprises de faire ces tests, c’est parce qu’on a les nouveaux tests, les fameux tests antigéniques, qui ne nécessitent pas de passer par un laboratoire de biologie », a précisé la ministre du travail, Elisabeth Borne, à l’occasion de la parution du nouveau protocole national pour les entreprises.
Mis en ligne le 29 octobre, ce protocole sanitaire prévoit que les employeurs puissent proposer à leurs salariés de passer des tests de dépistage rapide, qui permettent d’obtenir des résultats en 10 à 30 minutes. Pas question, toutefois, de les y contraindre : les salariés doivent obligatoirement se montrer volontaires. Ces tests doivent, par ailleurs, être intégralement pris en charge financièrement par l’entreprise, « dans des conditions garantissant la (…) stricte préservation du secret médical », précise le texte. Aucun résultat ne peut donc être communiqué à l’employeur.
Simple sur le papier, moins dans la pratique. Plusieurs zones d’ombre subsistent : qui est habilité à réaliser ces tests ? Dans quelles conditions ? Face à cette nouvelle possibilité offerte aux entreprises, les professionnels de santé au travail s’avouent perplexes. « On a des employeurs plutôt demandeurs, très inquiets d’avoir un cluster, constate Pascal Le Deist, directeur général de l’OPSAT Franche-Comté, une association qui fédère des services de santé interentreprises. Mais pour le moment, on est encore bloqués. Il nous faut un texte qui vienne encadrer et autoriser nos infirmiers et nos médecins à réaliser des tests de dépistage. »
Dans l’attente de ce texte, les professionnels de santé au travail ont les mains liées. « C’est le grand cafouillage, s’emporte Nadine Rauch, présidente du Groupement des infirmiers de santé au travail (GIT). Nous ne savons pas comment encadrer nos infirmiers pour qu’ils puissent faire passer ces tests ». Si leur mise en œuvre doit obligatoirement être le fait d’un professionnel de santé – pharmacien, infirmier, médecin –, « tous ne sont pas encore formés », avertit le directeur de l’OPSAT. Sachant que les tests nasopharyngés nécessitent le passage d’un écouvillon dans la narine, une opération demandant un certain doigté.
Pas de blanc-seing
« On n’a pas encore le protocole décisionnel, afin de savoir dans quel cas on accède ou pas à la demande de l’entreprise », ajoute Pascal Le Deist. Car le protocole du 29 octobre n’est pas un blanc-seing donné à l’employeur. « Face à une demande de tests de dépistage, il n’y a pas de validation automatique », avertit le professionnel. Bien que le protocole évoque uniquement la mise en place des tests rapides (antigéniques), « c’est le médecin du travail qui détermine quels types de tests doivent être passés et dans quelles conditions, en fonction des préconisations de la Haute Autorité de santé ». Le directeur de l’OPSAT rappelle que la sensibilité du test de dépistage antigénique ne permet pas toujours de détecter les cas asymptomatiques.
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