Le débat sur l’« assistanat » fait son retour à la faveur de la crise économique
C’est une musique ancienne qui résonne fortement depuis cet été. Une partition que joue par cœur le patronat, à la faveur d’un contexte de fortes pénuries de main-d’œuvre, et sur laquelle s’appuie le gouvernement pour lancer dès cet automne un vaste programme de réformes du travail : puisque de nombreux emplois sont non pourvus mais que le chômage stagne autour de 7,5 % de la population active, cela signifierait que les demandeurs d’emploi se satisfont d’une situation jugée confortable.
Dès juillet, le président de la République, Emmanuel Macron, s’était montré offensif à propos des travailleurs qui refuseraient de prendre certains postes qu’ils ne jugent pas assez attractifs. « S’ils peuvent trouver et aller vers un autre métier, je l’entends très bien. Si, derrière, la réponse, c’est “je vais bénéficier de la solidarité nationale pour réfléchir à ma vie”, j’ai du mal à l’entendre. Parce que cette solidarité nationale, c’est ceux qui bossent qui la payent, et une nation, c’est un tout organique », avait lancé le chef de l’Etat lors de son entretien du 14-Juillet.
Depuis, ministres et députés de la majorité le répètent à l’unisson : il faut inciter plus vivement les chômeurs à prendre les emplois non pourvus. « Il est insupportable de voir que notre taux de chômage ne baisse pas alors que tous les chefs d’entreprise font face à des problèmes de recrutement », assurait, début septembre, le ministre du travail, Olivier Dussopt, pour justifier la réforme de l’assurance-chômage.
Mesures moins impopulaires
Mais outre l’antienne attendue des chefs d’entreprise, les députés macronistes font inlassablement état de l’incompréhension d’une partie grandissante de la population vis-à-vis de cette situation. « Pas une journée ne passe sans qu’on me parle de ça en circonscription, confie ainsi la députée Renaissance du Nord Charlotte Parmentier-Lecocq. On entend régulièrement les Français se plaindre qu’il y a “trop d’assistés”. Cela peut même devenir un sujet de tension sociale entre ceux qui bossent et ceux qui sont au chômage, c’est un vrai risque. » « C’est le vieux conflit entre smicard et rmiste qui revient. Notre boulot c’est de créer un différentiel de revenu en faveur de celui qui travaille », ajoute son homologue de la Vienne Sacha Houlié.
Durcissement des règles d’indemnisation de l’assurance-chômage, conditionnement du revenu de solidarité active (RSA) à une quinzaine d’heures d’activité par semaine… L’exécutif entend profiter de ce cadre qu’il estime favorable pour pousser des mesures qui auraient pu s’avérer impopulaires en d’autres temps, afin d’atteindre l’objectif du plein-emploi – autour de 5 % de chômage – fixé par le président de la République, Emmanuel Macron, pour son second quinquennat. « On nous dit qu’il va falloir réduire les droits des chômeurs pour parvenir au plein-emploi ? Ce n’est pas vrai », tempérait le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger dans Le Monde, fin août, rappelant que le problème vient aussi d’un manque d’attractivité des métiers en tension.
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