Le capitalisme français secoué par les fonds activistes

Le capitalisme français secoué par les fonds activistes

Une mission parlementaire menée par l’ex-ministre Eric Woerth émet 13 recommandations pour mieux encadrer l’action des fonds activistes qui entendent influer sur la stratégie et la gouvernance des groupes français.

Par Publié hier à 11h49, mis à jour à 09h51

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SEVERIN MILLET

Pernod Ricard, Suez, Lagardère, Scor : de mois en mois, la liste des grandes entreprises françaises mises sous pression par des fonds activistes va s’allongeant. Le 25 août, l’agence Reuters a révélé que l’américain Third Point, l’un de ces acteurs vedettes, venait d’entrer au capital du leader de l’optique EssilorLuxottica.

On appelle ces actionnaires « activistes » car ils militent auprès des dirigeants et des conseils pour que soient appliquées leurs préconisations, nouvelle gouvernance, rachats d’actions, voire cession de l’entreprise. Nombre de financiers préférant, dans un premier temps, engager ces discussions derrière les portes closes du conseil d’administration, leur présence n’est pas toujours connue du public.

Selon plusieurs sources, le britannique TCI – autre trublion notoire – détient ainsi en toute discrétion quelque 2 % du capital de Vinci. A ce stade, le fonds créé par Chris Hohn se comporte comme un investisseur passif. Mais Xavier Huillard, le PDG du spécialiste des infrastructures, est prévenu : le financier était actionnaire de Safran depuis des années lorsque le projet du motoriste de racheter Zodiac Aerospace, annoncé en janvier 2017, a déclenché sa fureur et s’est ensuivie une bataille homérique au terme de laquelle Safran a finalement repris l’équipementier aéronautique mais à des conditions plus favorables.

« Il y a des progrès à faire en France »

Les patrons, on s’en doute, détestent ces empoignades avec des investisseurs rugueux, parfois agressifs, dont la première revendication consiste bien souvent à… changer le capitaine. Y a-t-il pour autant un risque de déstabilisation des fleurons tricolores ? Faut-il entraver ces acteurs interventionnistes ? Ce sont les questions auxquelles Eric Woerth, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, a voulu répondre à travers une mission parlementaire « flash » sur l’activisme actionnarial dont les conclusions devaient être présentées mercredi 2 octobre.

« Sur le plan de la gouvernance, il y a des progrès à faire en France », reconnaît M. Woerth, « la culture d’actionnaires dormants et de conseils d’administration dont les membres se connaissent depuis longtemps a produit une certaine langueur. » Et d’ajouter : « Il est naturel que des investisseurs se posent des questions sur l’utilisation de leur argent. Que certains sortent de la tranchée est plutôt bien mais il y a un supplément de régulation à mettre en œuvre » pour limiter certains excès.

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LJD

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