Le « bore-out » ou l’inemploi dans l’emploi

Le « bore-out » ou l’inemploi dans l’emploi

De l’anglais « bore », « ennuyer », l’expression, inspirée de « burn-out », est apparue en 2007. Elle désigne l’épuisement au travail par l’ennui ou par l’absence de sens des taches effectuées, qui peut conduire à la dépression.

Par Publié le 03 juillet 2019 à 00h31

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Histoire d’une notion. « Je m’ennuiiiiie mais d’une force, rien qu’aujourd’hui je vais avoir deux heures de travail mais faut quand même que je reste jusqu’à ce que le patron revienne. » « Je fais comme tout le monde : je participe à l’ennui général en parlant de moi, ce dont tout le monde se fout. » Ces témoignages tirés de tchats d’employés ont été cités, en 2011, dans une étude sur le « bore-out » publiée par la Revue internationale de psychosociologie. Ce syndrome désigne l’épuisement au travail par l’ennui du fait des temps morts répétés, des routines fastidieuses ou de l’inutilité de certaines tâches professionnelles.

L’ennui dans le monde du travail a été repéré en 1958 par le sociologue James G. March et le prix Nobel d’économie (1978) Herbert Simon. Dans Les Organisations (Dunod, 1999), ils constatent que les entreprises et les institutions, en dépit de leur volonté de rationaliser leur organisation, génèrent beaucoup d’inactivité. De nombreux employés travaillent finalement assez peu : ils expédient leurs tâches avant de « tuer le temps » pendant les interminables journées qu’ils passent dans leur bureau.

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La notion de bore-out proprement dite a ensuite été forgée, en 2007, par deux consultants suisses en management, Peter Werder et Philippe Rothlin, dans leur ouvrage Unterfordert : Diagnose Boreout (Red Line, 2014, en allemand, non traduit). Le bore-out – un mot qui s’inspire du burn-out, le nom que le psychiatre américain Harold B. Bradley a donné, en 1969, à la surcharge de travail chronique – désigne l’inemploi dans l’emploi : les heures vides et creuses nourrissent un sentiment d’ennui et de déprime.

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Selon une enquête en ligne américaine menée en 2005 auprès de 10 000 employés par le fournisseur d’accès AOL et le site Salary.com, 33 % des personnes interrogées perdent au minimum deux heures par jour à ne rien faire. En 2006, une étude de l’entreprise suisse d’offres d’emplois Kelly Services montrait que 10 % des salariés suisses s’ennuyaient au travail en raison de leur inactivité. En 2009, un sondage réalisé par l’agence de recrutement StepStone dans sept pays d’Europe auprès de 11 238 salariés révélait que 32 % d’entre eux se retrouvaient sans travail pendant au moins deux heures par jour, ou beaucoup plus.

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LJD

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