L’avenir des salariés d’IBM France s’assombrit
Les plans de départ chez IBM France, on en est coutumier. De mémoire de syndicalistes, pas une année n’a passé depuis au moins une décennie sans que ces épisodes douloureux se répètent. Mais cette fois-ci c’est le coup de bambou. Même si le chiffre définitif des coupes dans l’effectif n’a pas encore été arrêté, c’est entre 20 et 25 % des effectifs qui devraient prendre la porte en 2021, soit entre 1 200 et 1 400 emplois. Les arbitrages finaux de la direction doivent être communiqués d’ici la mi-décembre. Ces mesures s’inscrivent dans un plan qui doit condamner 10 000 emplois en Europe.
Loin des grandes heures qui l’ont vu se hisser comme un géant mondial de l’informatique, l’entreprise américaine cherche aujourd’hui à se réinventer. Elle a, ces dernières années, vendu ses activités de fabrication de PC et de serveurs au chinois Lenovo, faisant désormais le pari du cloud (informatique dématérialisée) pour trouver une nouvelle jeunesse, elle qui est née en 1911.
Amertume
Cette restructuration intervient après le départ en janvier de Virginia Rometty à la tête de la société, remplacée par Arvind Krishna, et par la décision, neuf mois plus tard, de scinder la compagnie en deux entités : l’une consacrée à ses activités traditionnelles (gestion, conseil et maintenance d’infrastructures), l’autre au cloud et à l’intelligence artificielle. Une partition pas forcément favorable à l’antenne française d’IBM, qui était encore très présente sur les « anciens » métiers d’IBM.
L’amertume est d’autant plus forte au sein des équipes hexagonales qu’en mai 2018 Virginia Rometty avait promis de créer 1 800 emplois en France, à l’occasion de l’événement Tech for Good. Ce jour-là, à l’Elysée, dans sa robe jaune, au milieu d’hommes en costumes sombres, la patronne américaine prenait la lumière à la droite du président Macron, plus proche encore de lui que le puissant Mark Zuckerberg, de Facebook.
« Avec les plans qui se sont succédé et les annonces de ceux à venir, nous aurons largement dépassé les moins de 1 800 salariés chez IBM France d’ici à fin 2021 ! », déplore désormais la CFDT, qui relève dans un communiqué que, dans l’intervalle, l’entreprise a bénéficié de 130 millions d’euros de crédit d’impôts quand elle n’en a payé que 39 millions.
« Avant, on était précurseurs, aujourd’hui on est suiveurs », s’inquiète-t-on en interne
Cette coupe massive dans les effectifs a été « une grosse surprise », confie un représentant du syndicat, qui attribue cette décision à « une recherche de toujours plus de profit ». Le même observe que les prévisions de l’entité française prévoient toujours un résultat « loin d’être négligeable » de 80 millions d’euros pour 2020.
Il vous reste 27.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.