L’argot de bureau : le « job crafting » ou l’anti-fiche de poste

L’argot de bureau : le « job crafting » ou l’anti-fiche de poste

« Le terme s’est popularisé en réaction au mal du siècle qu’est la perte de sens au travail. »

C’est l’histoire d’une femme de ménage qui se fait décoratrice : dans un hôpital américain, une employée œuvrant dans un service pour patients dans le coma décide du jour au lendemain d’intervertir les tableaux dans les chambres. Une petite attention, certes, mais qui veut dire beaucoup : à sa façon, elle aide les gens, et donne symboliquement plus de sens à son travail par un « job crafting ». Cette anecdote provient du travail de trois chercheurs de la Ross School of Business, dans le Michigan, datant de 2007.

Le job crafting est une pratique managériale qui consiste à adapter le périmètre et les tâches d’un poste aux compétences et aux motivations du salarié. Littéralement, c’est « l’art de fabriquer son poste de travail de ses propres mains », de se bricoler un boulot. Tel le sculpteur grec Pygmalion, façonnant la statue de ses rêves, le travailleur réinvente ses missions au gré de ses envies. Il n’y a plus de fiche de poste rigide, mais une fiche de salarié sur mesure.

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Le terme s’est popularisé en réaction au mal du siècle qu’est la perte de sens au travail. Face à la routine, il convient alors de réinventer une relation qui n’est plus comme au premier jour. Et nul besoin d’être artisan : au bureau, chacun fait du job crafting sans le savoir, pour se sentir mieux et éviter de lâcher des soupirs. Choisir de mettre un casque de chantier pour se préserver des ragots de l’open space, c’est un début. Des petits changements concrets suffisent pour enclencher les grands : « Il faut cultiver notre jardin », comme disait le Candide de Voltaire.

Trois axes d’évolution

Mais le job crafting va plus loin et théorise ces bouleversements. Selon les chercheurs américains, tout commence par une analyse précise de son travail, et trois axes d’évolution s’offrent au salarié. Ce dernier peut d’abord influer sur la nature de ses tâches, ce qu’il fait et comment. C’est par exemple Kévin, comptable, qui crée une nouvelle méthode pour remplir les comptes, et ainsi rendre son travail moins répétitif.

La qualité des relations de travail est le deuxième facteur, et consiste à personnaliser ses interactions, selon que l’on a affaire à d’autres métiers, à ses clients… Pour se faire des amis, Amel, technicienne informatique qui vient d’arriver pourra choisir d’aider ses collègues de coworking peu à l’aise avec l’Internet. Un coiffeur, pour rendre son métier plus complet, ne fait pas que couper des cheveux, et se mue la plupart du temps en psychologue de renom.

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LJD

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