L’aéronautique trouve des difficultés à recruter
15 000 emplois sont prévus en 2019. Mais tout le monde recherche les mêmes dynamismes en même temps.
La 53e édition du Bourget est une nouvelle occasion de célébrer la bonne santé de l’emploi dans le secteur. Le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) a embauché pas moins de 15 000 personnes en 2018, 25 % de plus qu’en 2017, et produit 4 000 emplois net, « autant d’ouvriers que d’ingénieurs, déclare Philippe Dujaric, directeur des affaires sociales et de la formation au Gifas. La seule nuance est le spatial, avec les diminutions d’effectif d’ArianeGroup [2 300 postes sur cinq ans] ». Mais en 2019, le Gifas prévoit de nouveau 15 000 postes.
Le volume d’embauche est porté par les carnets de commandes bien rempli des entreprises, bien que la baisse de 2018. L’éloignement de compagnies low cost et l’arrêt de fabrication de l’Airbus 380 n’ont pas troqué la donne. Ces dégâts ont été compensés par une légère reprise des ventes militaires de Rafale et d’hélicoptères.
L’aéronautique est l’un des exceptionnels secteurs à avoir une clarté sur ses exigences en production à cinq ans. Mais en contrepartie, l’embauche se complique. « Les difficultés à trouver un candidat sont de deux ordres : la question du volume d’emplois lié à la bonne santé du secteur d’une part et, d’autre part, la rareté des profils spécialisés. Les entreprises peuvent anticiper les besoins, voire ajuster le plan de charges du client, mais face à la rareté, c’est plus compliqué », déclare Dominique Bry, coordinateur grands comptes aéronautiques du cabinet de recrutement Synergie.
« Les industriels nous requièrent des déclarants de douane. A cause du Brexit, ils préviennent un éventuel retour des droits de douane » Dominique Bry, coordinateur grands comptes aéronautiques à Synergie
La requête la plus forte de la fabrication. « Les besoins concernent d’abord les métiers de production – chaudronnier, soudeur, peintre –, puis les opérations de maintenance, de contrôle de la qualité des produits et de plus en plus de sécurité informatique. Et c’est nouveau, en finance, les industriels nous demandent des déclarants de douane. A cause du Brexit, ils anticipent un éventuel retour des droits de douane », déclare M. Bry.
Plus d’alternance
Pour faire face à la carence de candidats, lié au déficit de formation et à la pyramide des âges, les entreprises du secteur misent sur « la coopération avec le système éducatif ». La filière veut accroitre le nombre d’alternants, du CAP à bac + 5, de 8 % par an pendant cinq ans. 7 300 contrats existaient en cours en janvier 2019 (7 % de plus qu’en 2018), mais ça ne suffit pas. « Les situations les plus préoccupantes du recrutement sont pour les bac à bac + 2 », ajoute M. Dujaric.