L’acompte sur salaire, un outil social précieux en période d’inflation
Le paiement mensualisé des salaires, qui reste la norme en France, oblige souvent à reporter des dépenses à la fin du mois ou, lorsqu’il faut faire face à une dépense imprévue, à utiliser son découvert bancaire.
Ces pratiques font entrer de nombreuses personnes, à commencer par les moins bien rémunérées, dans le cercle vicieux des découverts et des agios, dont le taux est compris entre 7 % et 20 %, selon que le découvert est autorisé ou non, voire dépassé. Un Français sur quatre serait ainsi à découvert tous les mois.
L’acompte sur salaire, prévu et encadré par le code du travail, permet aux salariés d’obtenir de façon anticipée jusqu’à la moitié de leur rémunération mensuelle. « Mais le salarié devait demander par mail au service paie, qui validait la demande auprès du manageur avant de verser la somme. Par ailleurs, certains salariés étaient gênés et n’osaient pas demander », explique Maxime Gourlet, DRH de la société Acorus, spécialisée dans l’écorénovation, et aujourd’hui utilisatrice de l’application de demande d’acompte en ligne Rosaly.
Sans compter que certaines entreprises limitent la période pendant laquelle les employés peuvent demander un acompte, afin de ne pas alourdir la charge de travail du service paie. « Car le traitement des acomptes est assez chronophage, mais surtout, il ne répond pas au besoin imprévu comme, par exemple, lorsqu’il s’agit de faire un plein de carburant un samedi après-midi. Et parfois, le salarié ne veut pas déranger pour quelques dizaines d’euros », constate Louis Ajacques, directeur général de Spayr, qui propose une application de « salaire à la demande ». Créée en 2021 comme « entreprise à mission », Spayr compte aujourd’hui une cinquantaine d’entreprises clientes et environ 80 000 utilisateurs.
Les secteurs à bas salaires
Face à ces constats, plusieurs entreprises ont ainsi vu le jour au cours des dernières années et développé des applications en ligne de demande d’acompte. Outre Rosaly et Spayr, citons Stairwage, NessPay, Wagestream… Ces applications, accessibles sur téléphone mobile 24 heures sur 24, affichent le montant que le salarié peut demander en acompte. Celui-ci choisit la somme, qui lui est instantanément versée sur son compte en banque.
Le coût des solutions est d’environ 3 euros par salarié et par mois. Certaines d’entre elles font l’avance de trésorerie, qu’elles récupèrent en fin de mois. Ces applications intéressent principalement les secteurs à bas salaires, notamment la distribution, le bâtiment, l’hôtellerie-restauration, l’aide à la personne, où les salaires sont compris entre le smic et 2 500 euros net mensuels.
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