L’absentéisme baisse, mais les troubles psychosociaux augmentent
Alors que la France connaît depuis plusieurs mois une situation sanitaire préoccupante due au coronavirus, le baromètre de l’absentéisme annuel de Malakoff Humanis publié lundi 16 novembre, dresse un constat surprenant : loin d’avoir explosé, le nombre de salariés qui se sont vu prescrire un arrêt de travail au cours des douze derniers mois a diminué (36 %, contre 44 % en 2019). Compilant différentes enquêtes menées par l’Ifop pour le compte de Malakoff Humanis, ce baromètre exclut les arrêts de travail dérogatoires pour garde d’enfant et pour les personnes à risque.
Contre toute attente, le nombre de salariés absents en raison du Covid-19, qu’ils aient été eux-mêmes malades ou se sont retrouvés « cas contact » se révèle finalement peu élevé. Si ces personnes représentaient un quart (26 %) des arrêts de travail en avril, au plus fort de la crise, ce taux chute à 6 % sur l’ensemble de l’année.
Selon l’étude, la baisse globale du nombre de salariés arrêtés s’explique d’abord par le recours massif au télétravail et au chômage partiel. Les personnes restant chez elles, les risques d’attraper une infection ou d’avoir un accident s’amenuisent.
En pleine pandémie, les patients potentiels ont également hésité à solliciter leur médecin. Dans un contexte de crise, la peur de l’avenir peut aussi inciter les salariés à continuer à travailler, même malades. « Il y a une anxiété liée au contexte sanitaire et économique, constate Anne-Sophie Gaudon, directrice de l’innovation chez Malakoff Humanis. Les salariés ont peur de perdre leur emploi ».
Hausse des motifs psychologiques
Ce climat anxiogène n’est pas sans conséquences sur la santé mentale. Le nombre de salariés arrêtés en raison de troubles psychologiques ne cesse de croître depuis le début de la crise, alerte le baromètre. Les arrêts maladie pour dépression, anxiété ou burn-out sont passés de 9 % début 2020 à 14 % pendant le confinement, puis à 18 % depuis le déconfinement. La dernière enquête sur laquelle s’appuie le baromètre a été menée du 24 août au 24 septembre par l’Ifop sur un échantillon de 2 008 salariés et 405 dirigeants ou DRH d’entreprises du secteur privé.
« Les salariés en télétravail peuvent souffrir d’isolement et avoir du mal à concilier leur vie personnelle et professionnelle, ajoute Anne-Sophie Gaudon comme autre explication à ce phénomène. Certains, notamment ceux qui sont restés sur site, ont vu leur charge de travail augmenter. S’ajoute la peur du risque infectieux ».
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