La santé mentale des actifs au travail est alarmante
« Au travail, les maladies mentales sont extrêmement fréquentes, mais toujours tabou. Plus on en parle, plus on banalise et facilite l’accès aux soins », souligne Raphaël Gaillard, le psychiatre président de la Fondation Pierre Deniker.
Une femme qui passe plus d’une heure et demie dans les transports, traite énormément d’informations pour son travail, dans un espace organisé en flex-office (bureau non attribué), et qui aide un parent âgé, aurait bien besoin que son manageur veille sur elle, car elle est psychologiquement en difficulté.
Plus d’une personne en emploi sur cinq présente « une détresse orientant vers un trouble mental »
C’est ce que nous montre une étude épidémiologique de la Fondation Pierre Deniker pour la recherche et la prévention en santé mentale, publiée aujourd’hui, qui établit que plus d’une personne en emploi sur cinq (26 % des femmes et 19 % des hommes) présente « une détresse orientant vers un trouble mental ». Cette expression quelque peu absconse signifiant que seul le psychiatre est habilité à valider le trouble mental.
Un cinquième de la population active serait donc potentiellement malade ? « En 2018, les études épidémiologiques montrent qu’un Français sur cinq souffre de troubles mentaux. La dépression (de 7 à 10 % de la population), les troubles bipolaires (de 1,2 à 5,5 %, la schizophrénie (1 %) et les troubles du spectre de l’autisme (1 %) constituent les principales pathologies. La majorité d’entre elles font leur apparition entre 15 et 25 ans mais sont insuffisamment dépistées et traitées », confirment les professeurs Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca dans Psychiatrie : l’état d’urgence, paru en septembre chez Fayard. « Au travail, les maladies mentales sont extrêmement fréquentes, mais toujours taboues. Plus on en parle, plus on banalise et facilite l’accès aux soins », souligne Raphaël Gaillard, le psychiatre président de la Fondation Pierre Deniker.
Etat des lieux du risque de trouble mental
De nombreuses études sont publiées régulièrement sur l’épuisement professionnel et les risques psychosociaux (RPS). Le 22 novembre encore le cabinet Eleas prenait ainsi le pouls des salariés pour mesurer les effets des outils numériques qui perturbent l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Mais c’est la première fois qu’une étude a pour objectif de lier les deux grands champs que sont les risques psychosociaux et le trouble mental.
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